Publication du 2e rapport annuel du Haut Conseil pour le Climat (Réactive)
Paris le 8 juillet 2020 – Le Haut Conseil pour le Climat (HCC), chargé par l’état français d’évaluer la progression nationale vers ses objectifs climat, sort aujourd’hui son 2e rapport annuel. Celui-ci montre que la France est bien loin de la trajectoire de réduction d’émissions de gaz à effet de serre qu’elle s’est elle-même fixée. Côté agriculture, les émissions stagnent, mais le recours à des « solutions sans regret » est encore possible pour atteindre les objectifs du secteur. Attention, pourtant, à ne pas promouvoir des objectifs nocifs tant pour les agriculteurs que pour les terres : le Conseil fait fausse route en louant la neutralité carbone à l’échelle des fermes.
Cadeau de bienvenue du HCC au nouveau gouvernement
une feuille de route presque parfaite pour la transition agricole
Chaque jour, le fossé entre les discours et les actes du gouvernement français en matière d’action climatique se creuse. La France a réduit ses émissions de moins de 1% en 2019, un chiffre supposé tripler d’ici à 2025 mais qui restera un vœu pieux si aucune action concrète n’est engagée pour nous mettre sur cette trajectoire, constate Manon Castagné, chargée de plaidoyer Souveraineté Alimentaire et Climat au CCFD-Terre Solidaire.
Les solutions pour la transition agricole sont connues
Pour le secteur agricole, ce nouveau rapport prend le contrepied de la stratégie nationale bas carbone (SNBC) en montrant que l’agriculture peut atteindre les objectifs sectoriels en ayant recours à des « solutions sans regret » . L’amélioration du stockage du carbone dans les sols en mettant fin à l’artificialisation des sols et en convertissant les grandes cultures aux pratiques agroécologiques, où la lutte contre la déforestation importée font partie des propositions phares qu’il convient de souligner. Ces mesures trouvent un écho particulier dans le contexte de la crise du covid-19 puisqu’elles sont bénéfiques pour la biodiversité, l’emploi et une plus grande autonomie alimentaire de la France.
Mais ce plaidoyer pour les « solutions sans regret » se voit terni par le soutien au concept de fermes neutres en carbone. La neutralité carbone est avant tout l’objectif de l’Accord de Paris, soit un objectif mondial qui a bien peu de sens à d’autres échelles. Pire, se donner cet objectif à l’échelle d’une ferme risque de pousser au développement de fausses solutions (compensation carbone, bioénergie, etc.) et de faire peser une responsabilité trop importante sur les épaules des agriculteurs. L’agriculture est un secteur vital, et même réduites au maximum, ses émissions ne seront jamais nulles. Par ailleurs, il est nécessaire de privilégier une approche prenant en compte l’ensemble de nos systèmes agricoles et alimentaires et ainsi considérer en cohérence l’amont et l’aval de la production (déforestation, transformation, transport, commercialisation…). Les agriculteurs ne doivent pas payer seuls pour les secteurs et les acteurs qui doivent le plus drastiquement réduire leurs émissions, au premier rang desquels on trouve les multinationales de l’agrobusiness et l’industrie des énergies fossiles.
Enfin, ce rapport du Haut Conseil pour le Climat montre qu’écologie et agriculture ne peuvent être traitée de manière séparée. C’est une demande forte pour plus d’ambition et de cohérence qui doit être entendue par le nouveau ministre de l’agriculture et de l’alimentation Julien Denormandie ainsi que la nouvelle ministre de la transition écologique Barbara Pompili. » précise Manon Castagné.
Le plan de reconstruction post-covid attendu pour la fin de l’été est le moment où jamais pour le nouveau gouvernement de montrer son ambition en la matière.
Contact presse
Sophie Rebours – s.rebours@ccfd-terresolidaire.org – 07 61 37 38 65
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