Cop 21, un accord historique mais qui ne répond pas à tous les défis

Publié le 18.12.2015| Mis à jour le 08.12.2021

Samedi 12 décembre, l’Accord de Paris, qui doit permettre de lutter contre les changements climatiques, a été adopté par consensus par 196 Etats. Il sera ouvert pour ratification le 22 avril 2016, Journée de la Terre-Mère, pour une durée d’un an.

L’accord entrera en vigueur après que 55 pays comptant pour au moins 55% des émissions mondiales l’auront ratifié.

Cet accord marque le début d’un long chemin. En l’état actuel, il n’est en effet pas à la hauteur des enjeux. Les mois et années qui viennent vont être déterminants pour mesurer la réelle volonté politique et l’ambition des Etats sur la question, alors même qu’une course contre la montre est engagée pour espérer limiter réellement les dérèglements climatiques.


Samedi 12 décembre 2015, 196 Etats se sont mis d’accord sur un texte d’accord pour lutter contre les changements climatiques, qui vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre et à tenter de limiter le réchauffement climatique à moins de 2 °C. Cet Accord de Paris marque une prise de conscience globale des dérèglements climatiques et de ses impacts, que plus aucun Etat ne nie aujourd’hui.

Les négociations ont tenté de concilier des intérêts aussi antagonistes que ceux des puissants pays riches principaux responsables des émission de gaz à effets de serre, des pays émergents qui ne cessent d’accroitre leurs émissions, des pays dont toute la richesse est basée sur la production d’énergies fossiles et de pays pauvres qui aspirent à se développer et ont besoin d’énergie. Si l’on peut se réjouir d’un succès diplomatique, le contenu de l’Accord laisse à désirer quant à l’ambition affichée.

L’un des enjeux de cet accord concernait l’objectif de long terme, c’est-à-dire, la limitation de la hausse moyenne de la température mondiale à l’horizon 2100. Nombre de scientifiques et d’organisations de la société civile, dont le CCFD-Terre Solidaire, ont souligné qu’une hausse moyenne de 2 °C à l’horizon 2100 était déjà trop élevée et aurait des conséquences irréversibles, notamment sur les populations les plus vulnérables. Les organisations de la société civile appelaient donc à un objectif plus ambitieux de 1,5 °C. La formulation actée dans l’accord conclu est finalement « bien en dessous de 2°C ». Manque d’ambition quant à l’objectif à atteindre mais aussi véritable flou sur comment y arriver.

En effet, la somme des « contributions nationales » des États totalise une trajectoire collective de hausse des températures de + 2,7 à 3°C. On voit donc mal comment l’objectif de moins de 2°C pourrait être atteint sans une mobilisation de chaque Etat pour revoir ses objectifs. En outre les engagements nationaux de réduction d’émissions de gaz à effet de serre n’ont pas de valeur juridiquement contraignante. Au niveau international, seul le processus de révision tous les 5 ans de ces contributions et l’obligation de transparence vis à vis des autres pays signataires constituera une pression.

C’est là l’une des principales faiblesses de l’Accord : la révision des contributions des Etats en matière de réduction des émissions de GES n’est prévue qu’à partir de 2025. Bien trop tard ! Il va donc falloir pousser les Etats à les revoir, et les renforcer, bien avant cette échéance…

Si cet Accord, qui doit désormais être ratifié par les différents Etats, a le mérite d’exister, il comporte cependant de nombreuses autres faiblesses qu’il va falloir traiter : le CCFD-Terre Solidaire s’est notamment impliqué sur la défense des droits humains et de la sécurité alimentaire, mais aussi sur l’encadrement des initiatives du secteur privé visant à lutter contre le changement climatique en particulier dans le secteur agricole. Or :

– la référence aux droits humains a été reléguée dans le Préambule de l’Accord, et n’est donc pas intégrée à sa partie contraignante,

– le concept de sécurité alimentaire a été troqué contre celui de la « production alimentaire ». Cela signifie que l’accès, la qualité et la durabilité de l’alimentation ne sont pas pris en compte « alors que l’on sait que l’on n’a pas besoin de produire plus pour nourrir la planète, mais de produire mieux ! » explique Anne-Laure Sablé, chargée de plaidoyer souveraineté alimentaire au CCFD-Terre Solidaire ,

– enfin des initiatives portées au nom de la lutte contre les dérèglements climatiques pourraient conduire à de nouvelles violations des droits humains ou de l’environnement. Le CCFD-Terre Solidaire a alerté sur des initiatives liées aux terres qui pourraient entraîner des accaparements et mettre en péril les paysans du Sud, au nom de la réduction des émissions de GES par la séquestration du carbone dans les sols. Dans l’Accord de Paris, certaines initiatives de ce type ont été valorisées, sans critères stricts et garde-fous suffisants quant à leurs conséquences sur les droits des populations.

Comme l’ont indiqué les partenaires du CCFD-Terre Solidaire présents pour la COP 21, leurs actions sont de plus en plus souvent affectées par les dérèglements climatiques, qui aggravent la faim, la pauvreté, les inégalités, alors même que les émissions de gaz à effet de serre des pays du Sud sont minoritaires.

« Nous devrons faire preuve de vigilance et assurer un suivi des actions mises en œuvre et de leurs impacts sur les populations locales pour rendre les gouvernements responsables et redevables », déclare Anne-Laure Sablé, chargée de plaidoyer au CCFD-Terre Solidaire.

Bernard Pinaud, délégué général du CCFD-Terre Solidaire annonçait dès le 11 décembre, au terme de la COP 21, que la pression mise sur les gouvernements devrait se poursuivre, mais aussi et surtout la mobilisation citoyenne en faveur de la justice climatique : « Ce soir, nous ne sommes pas là pour conclure notre engagement, mais bien pour l’amplifier et lancer les mobilisations à venir ! »

Transformer les promesses de l’Accord de Paris en actes et faire pression pour répondre à ses faiblesses dans les mois et les années qui viennent est indispensable. En novembre 2016, la COP 22 qui se tiendra au Maroc, traitera de l’agriculture, une question qui a jusque-là été soigneusement écartée de toutes les négociations : cette nouvelle échéance constituera un enjeu majeur pour poursuivre la mobilisation.

A lire sur ce sujet:

– « COP 21, vous oubliez les droits de l’Homme! » sur le blog de Guy Aurenche, Président du CCFD-Terre Solidaire

L’édito de Guy Aurenche dans le dernier numéro de Faim et Développement

– Le communiqué de presse « [COP 21 : Un accord pour l’Humanité] ?« 

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