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Salah Baali, Algérie

Publié le 02.11.2004| Mis à jour le 25.09.2024

L’équilibre des oasis, où vit un Algérien sur six, est menacé.

L’équilibre des oasis, où vit un Algérien sur six, est menacé
Novembre 2004

Après 10 ans de situation dramatique en Algérie, comment se porte la société civile algérienne ?
C’est parce que la société civile n’a pas fléchi pendant ces dix ans que nous avons pu sortir de cette situation. Elle est toujours restée suffisamment forte pour résister. D’ailleurs beaucoup des projets menés par les associations actuellement sont nés au cours de cette période. On ne pouvait pas se contenter de subir. Aujourd’hui, il est vrai qu’elle est un peu fatiguée. A l’image d’un boxeur sonné après le combat, il lui faudra sans doute un peu de temps pour retrouver son souffle. Mais j’ai de bonnes raisons d’espérer.
Avec le retour de la sécurité et de la stabilité, les gens commencent à s’écouter. C’est essentiel pour reconstruire le pays. Car en dépit de la bonne volonté de chacun, la capacité des associations est limitée par deux contraintes. Celle des moyens financiers et celles des ressources humaines. Les acteurs de la société civile ne sont pas encore assez formés. Dans ce contexte, rien de plus riche que de travailler à plusieurs associations autour d’un même projet. Cela permet le transfert d’expertise et d’acquérir de l’expérience sur le terrain.

Vous parlez de reconstruction. Qu’en est-il dans le domaine qui intéresse directement votre association : l’environnement ?
La situation environnementale est critique. Nous manquons d’unités de traitement des eaux usées, celles qui existent ne fonctionnent pas. Les centres industriels rejettent leurs déchets sans filtres, les engrais chimiques sont déversés dans la mer. Les techniques de forages profonds acquises pour l’exploitation du pétrole ont permis de puiser sans aucune précaution dans la nappe albienne – une vaste poche d’eau enfermée dans du calcaire qui va jusqu’en Lybie – alors qu‘elle est épuisable. Par ailleurs, les systèmes qui permettent de réalimenter la nappe phréatique ne sont pas maintenus en état…
Toutes ces dérives menacent particulièrement l’équilibre fragile des oasis où vit près d’un Algérien sur six. Heureusement les mentalités évoluent. Certes, nous n’avons toujours pas de régulation, mais ce qui est nouveau, c’est la volonté politique d’afficher la dimension environnementale comme une priorité.

Quelle est la contribution d’APEB pour faire changer les choses ?
Nous intervenons dans la palmeraie de Beni-Isguen, dans la vallée du M’Zab. Nous travaillons selon deux axes. Un premier de sensibilisation au développement durable – en direction des écoles notamment – et de formation en agro-écologie. Et un second, d’actions de terrain. Ainsi grâce à un partenariat avec l’Union européenne nous allons procéder au désensablement du barrage de Beni-Isguen, un ouvrage très important dans le système de partage des eaux.
Notre approche ? Multiplier les échanges et la synergie entre le plus grand nombre d’acteurs possible : membres d’ associations, universitaires, autorités locales, institutions traditionnelles ou d’état… Notre association est membre de RADDO, le Réseau des Associations pour le Développement Durable des Oasis et nous sommes entrain d’établir un partenariat aux niveaux maghrébin, méditerranéen et africain.

Propos recueillis par Bénédicte Fiquet

Salah Baali est président de l’Association pour la Protection de l’Environnement de Beni-Isguen – APEB

À lire dans le Pèlerin du 30 mars Les paysans du Sahara veulent sauver leur oasis.
Un reportage sur l’action de l’APEB.

Un article à découvrir dans le Pèlerin.

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