16ème conférence sur le changement climatique
Le 11 décembre 2010
El Salto. La mobilisation des habitants pour la défense du Rio Santiago, gravement affecté par les rejets industriels, a conduit Via Campesina et l’ANAA (Assemblée nationale – mexicaine – des victimes climatiques) à choisir cette petite ville, située dans l’état de Jalisco à quelques centaines de kilomètres au nord de Mexico, comme point de départ de l’une des « caravanes internationales pour la justice sociale et climatique ». Organisées en marge de la COP 16 qui, du 29 novembre au 10 décembre 2010, se réunit à Cancun, les caravanes se veulent la voix des populations paysannes et indigènes. Venus des quatre coins du monde, tous les participants, ou presque, insistent sur leur attachement aux accords de Cochabamba, leur détermination à défendre la « Terre Mère », leur refus de voir la nature mercantilisée, notamment par le biais des « bons carbone » et autres droits à polluer.
Mexico. Syndicalistes et militants politiques ont rejoint les « caravaniers » pour une manifestation dans laquelle les banderoles clamant le refus du chaos climatique côtoient celles exigeant la libération des prisonniers politiques mexicains ou s’opposant à la construction d’une rocade qui conduira au déplacement forcé des habitants de La Malinche, à Magdalena Contreras (banlieue de Mexico). « Changeons le système, pas le climat ! » scandent les manifestants car, sans justice sociale il n’y aura pas de solution à la crise climatique.
Cancun. Tortillas, riz et haricots noirs sont au menu quotidien des militants qui campent dans un complexe sportif devenu, par la même occasion, siège de l’un des forums alternatifs[1] qui contestent la légitimité du sommet officiel. Conférences et débats y sont organisés et, chaque jour, des intervenants venus d’horizons divers se succèdent à la tribune. « Nous sommes entrés dans une ère de chaos climatique dont les populations défavorisées sont les premières victimes », estime Josie Riffaud. Et la déléguée européenne de Via Campesina, insiste sur l’urgence à s’affranchir d’un modèle basé sur l’extraction des ressources naturelles qui va de pair avec la privatisation de la nature au profit des multinationales – qu’il s’agisse de pétrole, d’exploitation minière, d’agrocarburants, d’OGM, ou de monocultures d’exportation. « Les paysans et les indigènes, continue-t-elle, mettent quotidiennement en œuvre des alternatives viables – échanges de semences, agriculture de proximité et sans intrants chimique… -, ils contribuent au refroidissement de la planète et sont les garants de la souveraineté alimentaire. »
Ovationné lors de sa visite au campement de Via Campesina, Evo Morales lui fait écho, dénonce les méfaits d’un capitalisme prédateur et appelle à ne pas enterrer le protocole de Kyoto ce qui, selon le président bolivien, conduirait à un « écocide et un génocide ».
A bonne distance de là, les représentants de 193 nations négocient dans l’enceinte aseptisée du Moon Palace, sourds aux cris de milliers de manifestants qui défilent dans les rues de Cancun.
Faisant le point sur un accord qui remets à plus tard les décisions concernant le protocole de Kyoto et ne comporte aucune mesure contraignante, Josie Riffaud juge « très inquiétantes les orientations qui se profilent et vont dans le sens de la soumission des gouvernements aux intérêts des multinationales – par exemple à travers les mécanismes REDD (Réduction des émissions résultant du déboisement et de la dégradation forestière) qui sont d’ores et déjà mis en œuvre dans plusieurs pays. Nous allons devoir mettre les bouchées doubles pour faire converger et renforcer les luttes des millions de victimes climatiques à travers le monde », conclut-elle.
[1] A côté de Via Campesina et l’ANAA, deux autres rassemblements alternatifs, représentants des sensibilités distinctes, étaient présents à Cancun : le Dialogue climatique et l’Espace international anticapitaliste.
Philippe Revelli, journaliste
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