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COP 26 : l’impact des systèmes agricoles sur le climat et l’humanité

Publié le 29.11.2019| Mis à jour le 08.12.2021

La COP 26 ne peut plus ignorer que l’agriculture et notre système alimentaire industrialisé font partie des secteurs, comme les transports et l’énergie, qui doivent être remis en question pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Mais gare aux fausses solutions…


Au sein des négociations internationales pour le climat, l’agriculture a longtemps été mise de côté : les émissions de l’agriculture étaient considérées comme irréductibles ou trop difficiles à atténuer.

Il a fallu attendre la COP 23 pour que le sujet bénéficie d’un programme de travail dans les négociations.

A la veille de la COP 26, voici quelques idées à avoir en tête pour faire évoluer nos politiques agricoles et alimentaires.

1. Nos systèmes agricoles et alimentaires sont responsables de plus d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre mondiaux

Pour en savoir plus retrouvez notre infographie Climat : pourquoi faut-il changer notre système agricole et alimentaire

2. Ce n’est pas l’agriculture, mais l’agro-industrie qui pose problème

Les différents systèmes agricoles et alimentaires n’ont pas tous le même impact sur le climat et la biodiversité.

Les émissions de gaz à effet de serre sont essentiellement dues à l’agriculture industrielle et intensive qui repose sur des systèmes alimentaires et des marchés mondialisés.

Un exemple d’agriculture fortement émettrice de carbone? Exporter en Chine du porc élevé en France et nourri au soja brésilien, soja responsable de la déforestation amazonienne et de l’expropriation de ses habitants…

L’agroécologie et l’agriculture familiale ont un impact carbone beaucoup moins important.

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3. Relocaliser nos systèmes agricoles et alimentaires pour réduire les émissions

Produire et manger local, c’est évidemment éviter les émissions de CO2 liés aux transports internationaux. Mais la relocalisation de nos systèmes agricoles est aussi et surtout une manière de lutter contre les monocultures dévastatrices pour l’environnement, la biodiversité, et avec un fort impact carbone.

Alors, pourquoi ne pas passer un bon moment en découvrant le producteur de pommes ou la productrice de fromage proches de chez vous ? Ou faire pousser quelques légumes dans votre jardin ? Ou s’inscrire à une Amap ?

Lire aussi : De juillet à octobre, participez à un rallye autour de l’agroécologie en Bretagne et découvrez les initiatives agroécologiques locales

timor6365.jpgLire aussi : Des potagers en permaculture dans toutes les écoles ? Le choix pionnier du Timor Leste

4. L’agroécologie est une solution pour réduire l’impact climatique de l’agriculture et l’insécurité alimentaire

Non ce n’est pas un fantasme de bobo.

Nombreux sont les organismes internationaux, comme le GIEC et l’IPBES, qui préconisent le développement de l’agroécologie pour réduire drastiquement les impacts environnementaux et climatiques de l’agriculture. Une agriculture respectueuse de l’environnement qui contribue aussi à mieux être paysan et à la lutte contre l’insécurité alimentaire.

Les bénéfices de cette approche sont nombreux, pour l’environnement et la biodiversité : amélioration de la productivité, diversification des cultures, restauration des écosystèmes, gestion durable et concertée des ressources naturelles…).

Et au Burundi, ce n’est pas Gloriosa qui dira le contraire : Au Burundi, l’agroécologie, nouvel horizon pour le monde paysan

5. Mettre fin au gaspillage agricole et alimentaire

Selon le GIEC, le gaspillage agricole et alimentaire représente aujourd’hui 1/3 de la production agricole et 10% de nos émissions de gaz à effets de serre.

On entend souvent qu’il faut produire plus pour nourrir une population grandissante : c’est faux !

Les chiffres du gaspillage montre que le problème de la faim et de l’insécurité alimentaire est avant tout un problème de répartition et d’organisation de nos systèmes alimentaires, et non de production.

6. Faire évoluer nos régimes alimentaires

L’évolution de nos régimes alimentaires vers une baisse de la consommation de produits animaux, et l’augmentation de l’alimentation végétale présente 3 avantages majeurs :

  • une meilleure santé pour les êtres humains
  • une baisse des gaz à effets de serre (et pas seulement le dioxyde de carbone)
  • la libération de plusieurs millions de km2 de terre (selon le rapport du GIEC).

Alors zou, pourquoi manger une viande de mauvaise qualité qui a un impact majeur sur notre environnement ? On réduit sa consommation, et on s’assure que celle que l’on mange est produite localement et sans soja importé.

elida-gimenez_0_1400_1050_carre.jpgEt si on ne voit pas le rapport avec le soja, on lit ce portrait paru dans La Croix de Elida Gimenez, expulsée deux fois de sa terre au Paraguay

7. Les projets de compensation carbone ne seront jamais aussi efficaces qu’une réduction effective des gaz à effet de serre.

Face à l’urgence climatique, la tentation est grande de privilégier les mécanismes de compensation de nos émissions de gaz à effets de serre.
Une idée est particulièrement en vogue : la séquestration du carbone dans les sols.

Pourtant, ces pratiques peuvent représenter un leurre.

Lire aussi : La séquestration du carbone dans les terres agricoles, miracle ou alibi ?

Or le rapport du GIEC le souligne : les capacités d’absorption additionnelle du carbone dans les sols sont faibles et rendues incertaines par la crise climatique.

8. Les projets de compensation carbone risquent de générer une compétition pour les terres

Cette compétition aurait pour conséquence de :

– se faire au détriment de l’agriculture familiale

– contribuer au déclin des surfaces agricoles

– de mettre en danger la sécurité alimentaire des populations paysannes.

Pour en savoir plus voir notre rapport « Nos terres valent plus que du carbone »
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9. Alerte : le secteur des terres doit rester en dehors des mécanismes de compensation carbone

Les règles d’application de l’Accord de Paris ont été adoptées lors de la COP24, à l’exception de l’article 6 qui traite des marchés et des mécanismes de compensation carbone.

Lors des nouvelles négociations de la COP26, le risque est fort que le secteur des terres soit intégré, ce qui aggraverait les risques de ruée massive vers les terres, et donc d’accaparement de terres.

Au CCFD-Terre Solidaire, nous souhaitons que le secteur des terres puisse être soutenu financièrement mais uniquement à travers des approches non-marchandes (art. 6.8), et nous luttons pour qu’il reste hors des marchés et mécanismes de compensation carbone de l’Accord de Paris.

10. Remettre les communautés locales au cœur des décisions politiques

Les populations locales détiennent des connaissances fines des milieux qu’elles cultivent et dont elles dépendent sur le long terme.
Cela les rend bien plus compétentes et sensibles à l’enjeu de la gestion durable des territoires que des fonds financiers qui visent avant tout le profit à court terme et qui prennent des décisions depuis de lointains centres de pouvoir sans considération des populations locales.

Le mécanisme de compensation carbone REDD+ par exemple, censé empêcher la déforestation, tend à priver dans les faits l’accès et l’utilisation de la forêt pour les activités de subsistances traditionnelles des populations locales, affectant ainsi la souveraineté alimentaire des populations. Des cas de menaces allant jusqu’à la torture ont été reportés par nos partenaires.

COP 26 : notre action de plaidoyer pour faire avancer les politiques agricoles

Après des années de lutte, notamment des organisations issues de la société civile, nous avons obtenu la création d’un programme de travail sur le sujet lors de la COP23 (programme de travail de Koronivia).

Le CCFD-Terre Solidaire a continué de s’impliquer au sein de ce programme lors de la COP 25 qui a eu lieu du 2 au 13 décembre à Madrid, en Espagne, notamment autour :
de la question des engrais de synthèse,
des enjeux de la séquestration du carbone dans les sols
– de l’adaptation au changement climatique.
Manon Castagné, chargée de plaidoyer au CCFD-Terre Solidaire revient sur les enjeux de la dernière COP, la COP 25

En ligne de fond, c’est la question de la pérennité et du rôle de cet espace de travail qui se joue, dont l’avenir doit être discuté lors de la COP 26.

Nous nous battons pour qu’il ne stagne pas comme espace de discussion mais devienne un véritable guide pour les politiques agricoles dans le contexte de la crise climatique.

Partout dans le monde, les organisations paysannes que nous soutenons montrent qu’il est possible de faire une agriculture respectueuse de l’humain et de l’environnement.


Accorder l’humain et la planète, les initiatives qui marchent (carte interactive)

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