Pérou, Amazonie : la crise du Covid-19 creuse les inégalités
Comment se protéger du Covid-19 dans un pays où près de 70 % de la population travaillent dans l’économie dite informelle ? Explications de notre partenaire péruvien Manthoc, qui tente par ailleurs de poursuivre son accompagnement auprès d’enfants travailleurs et des communautés autochtones.
Début avril 2020.
Afin d’endiguer la propagation du virus, le gouvernement péruvien a décrété, le 15 mars, l’état d’urgence au niveau national.
Dans l’ensemble, les citoyens respectent ce confinement. Et si certains le transgressent de manière irresponsable, d’autres y sont obligés pour subvenir à leurs besoins.
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Plus d’accès à l’eau potable
À Lima, capitale de 10 millions d’habitants, plusieurs zones n’ont plus accès à l’eau potable, ou subissent de sévères restrictions d’approvisionnement.
L’État a prévu une aide de 380.00 soles, soit 100 euros, à verser à 3,5 millions de familles, soit environ 9 millions de personnes.
C’est une mesure importante, sans aucun doute, mais insuffisante. Car de nombreuses familles en sont privées, notamment celles qui ont dû quitter leur lieu de résidence pour se réfugier dans leur village d’origine comme à Cajamarca, Ayaviri et Ayacucho.
Par ailleurs, outre les désastres naturels très fréquents durant cette saison des pluies, une épidémie de dengue sévit actuellement. Cette maladie touche surtout les pauvres. Rien qu’à Iquitos – au cœur de la forêt amazonienne, ndlr – la dengue a frappé cette année plus de 2 550 personnes, dont plus d’une vingtaine sont décédées.
Les accès aux territoires autochtones fermés
Nous avons décidé d’arrêter nos activités – auprès des jeunes enfants travailleurs, ndlr – pendant le confinement.
Nous avons toutefois dû rouvrir les portes de notre centre dédié aux enfants du quartier défavorisé de Yerbateros pour distribuer les aliments que nous livre la municipalité de El Agustino.
Nous poursuivrons cette action afin de ne pas mettre plus en difficultés ces nombreuses familles. Elles ne peuvent plus travailler – beaucoup d’entre elles faisaient de la vente dans la rue – et ne reçoivent aucune aide financière du gouvernement.
Par ailleurs, à San Martin en Amazonie, où se trouve une des 19 antennes du Manthoc (voir encadré ci-dessous), les communautés autochtones ont décidé de fermer les accès à leurs territoires pour se protéger du Covid-19.
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Inquiétudes et espoir
C’est un temps d’incertitudes. Nous ne savons pas ce qu’il va se passer dans les prochains jours.
Ce que nous savons, c’est que cette situation est particulièrement difficile pour les familles pauvres. Nous nous engageons, en tant qu’association, à tout faire pour les aider maintenant, mais aussi pour affronter l’après confinement.
Nous souffrons de tant de pertes de vies humaines et de la solitude dans laquelle meurent toutes ces personnes en étant loin de leurs êtres chers.
Nous saluons le courage du personnel médical qui, au péril de leurs vies et de celle des membres de leurs familles, sont au chevet des personnes atteintes par le virus.
Nous souffrons aussi de ce que vous traversez en France. Nous vous réaffirmons notre solidarité et nous espérons sortir tous ensemble de cette période difficile. Allons de l’avant sans perdre l’espoir.
Par Cecilia Ramirez, présidente de l’association Manthoc, Daniel Pachamango, délégué général, et Patricia Rivera, conseillère nationale
Le Manthoc, 19 antennes dans 10 régions du Pérou
Fondé en octobre 1976 par la JOC Pérou pour accompagner des enfants défavorisés des quartiers populaires de Lima et défendre les droits des jeunes enfants au travail digne et à l’éducation, le Manthoc compte aujourd’hui 19 antennes dans 10 régions du pays.
Cette association d’éducation populaire forme les jeunes afin qu’ils connaissent leurs droits et leurs devoirs. Elle promeut aussi des activités de sensibilisation sur les enfants travailleurs, et réalise des actions de plaidoyer auprès des pouvoirs publics.
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