L’histoire de Pian, leader indigène assassiné en Amazonie
Pian Kanamari était un leader indigène que nous avons rencontré au cœur de la forêt amazonienne. Il a été assassiné quelques mois plus tard. Nous avons imaginé ce récit à partir de sa vie et de celle son peuple. Et si nous vous racontions son histoire, non comme dans un journal, mais d’âme à âme, tout simplement?
Pian est un leader important du peuple Kanamari.
Ce peuple autochtone du Brésil vit dans l’état d’Amazonas.
Malgré la présence croissante et violente de non indigènes sur leur territoire, les Kanamari sont parvenus à maintenir leur langue et la richesse de leur culture grâce au combat mené par Pian.
Pian est un des fers de lance de la lutte qui oppose les natifs de la forêt amazonienne et un système sans âme, mais puissant et armé, qui veut se l’approprier à des fins mercantiles.
Ce système sans âme n’est pas un monde abstrait sans visage
D’un côté les éleveurs de bétail. Pour assurer les demandes croissantes de viande des pays industrialisés, ils s’accaparent des surfaces de forêt de plus en plus grandes.
Face à eux les indigènes ne disposent d’aucun acte de propriété.
La loi n’est pas de leur côté.
Pour les grands propriétaires, c’est une aubaine.
Ils installent des milices armées.
Puis mettent le feu pour débroussailler et gagner du terrain.
Sous l’effet du vent, les brûlis se transforment en incendies incontrôlables et régulièrement toute une partie de la forêt flambe.
Ils peuvent ainsi toucher l’argent des polices d’assurance, puis installer des milliers de têtes de bétail à la place de la faune et de la flore qui nourrissaient les peuples autochtones.
Et puis il y a les multinationales.
Selon la COP 21, tout pollueur doit être payeur. Sauf s’il se rachète une conscience verte.
Pour éviter la taxe carbone, ces entreprises sanctuarisent des pans entiers de la forêt d’Amazonie.
Les indigènes, qui occupent ces territoires depuis toujours, ont alors interdiction de chasser, pêcher ou cultiver leurs propres terres.
Ils sont obligés d’abandonner leur village pour s’enfoncer plus loin dans la forêt ou rejoindre la ville.
L’injustice est criante mais le monde reste sourd.
Qu’importe le sort d’une poignée d’âmes perdues dans la forêt.
Le reste du monde exige toujours plus de steaks pour ses burgers. Les restaurants MacDonald’s vendent à eux seuls 75 hamburgers par seconde !
Les gros pollueurs, eux, ont besoin d’afficher une démarche respectueuse de l’environnement. Tant pis si elle coûte la vie à des peuples qui vivent sur ces terres retranchées. La croissance doit primer.
Alors vient l’heure où protester ne suffit plus, il faut agir.
Pian, conscient que son peuple risque de disparaître, entre dans l’arène pour se battre contre ce système.
Il se rapproche du Conseil Indigéniste Missionnaire (CIMI) afin de faire valoir les droits « ancestraux » de son peuple qui sont inscrits dans la Constitution fédérale de 1988.
Ensemble ils engagent un bras de fer contre les autorités pour contraindre les pouvoirs public à appliquer les programmes de santé et d’éducation qui leurs sont destinés, mais aussi pour chasser les grands propriétaires qui accaparent impunément leurs terres.
Et ils parviennent à endiguer cette course effrénée au profit.
Les propriétaires et les multinationales reculent.
Mais en septembre 2019 c’est le choc. La nouvelle tombe. Brutale.
Pian vient d’être retrouvé mort.
Assassiné.
Il arrivait d’une expédition, tenue avec CIMI et la Fondation nationale de l’indien, et il se préparait pour un voyage au Vatican à l’occasion du Synode de l’Amazonie.
Le crime est crapuleux. Toute la communauté indienne est terrassée et indignée.
Mais personne dans le monde ne s’en émeut. Aucune enquête n’est diligentée. Que pèsent les intérêts d’un village face à des enjeux financiers colossaux ?
Et comme si le combat de Pian n’avait jamais existé, les bulldozers repartent à l’assaut des terres indigènes.
Le Conseil Indigéniste Missionnaire décide de poursuivre la lutte.
Il continue d’aider les peuples isolés à reprendre leur avenir en main.
Il rend visible leur combat en sensibilisant l’opinion publique.
Il informe et forme les indigènes sur leurs droits.
Il les soutient pour transmettre leur culture aux jeunes générations.
Il les aide à défendre cette forêt qui abrite l’âme de leur communauté et qui est un bien commun de l’humanité.
Un bien que nous devrions tous défendre.
Car sans cette forêt, la terre n’aura bientôt plus de rempart à opposer à la pollution et tous les climats tempérés seront menacés.
19% de la surface totale de la forêt Amazonienne a déjà été détruite.
Au-delà de 20 % elle ne pourra plus jouer son rôle de régulateur de climat pour la planète.
Or cette forêt est située précisément sur la zone du globe où le rayonnement solaire est le plus fort. Ses arbres portent l’humidité et forment un bouclier contre le rayonnement.
Sans arbres, cette zone deviendra vite une savane, puis un désert et tout l’équilibre climatique de la planète sera bouleversé.
C’est pourquoi le combat de Pian est aussi le nôtre.
Avoir une âme c’est défendre la vie contre le profit.
C’est mener chaque être humain vers le progrès social, vers une solidarité plus profonde et plus efficace.
C’est protéger ce qui nous entoure et nous nourrit et résister encore et encore à cette économie malsaine et boursouflée qui finira par tous nous détruire.
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