La France, complice de la déforestation
En un an, l’Amazonie a perdu l’équivalent de 1.2 millions de terrains de football. Les engagements des Etats, la médiatisation et l’indignation ne changent rien. La principale cause de déforestation, à savoir l’agriculture industrielle reste, elle, trop peu connue. Or c’est à ce niveau que le gouvernement français a en main de puissants leviers pour avoir un impact.
Manon Castagné est chargée de plaidoyer Souveraineté alimentaire et climat au CCFD-Terre Solidaire.
Spécialisée dans l’écologie politique, son travail se concentre sur les questions de séquestration et de compensation carbone par le secteur agricole.
100 incendies par jour en Amazonie.
C’est ce nombre qui s’est murmuré dans les médias au début du mois d’août, dans une indifférence générale surprenante. L’été dernier, le nombre de départs de feu, pourtant moindre, avait indigné la communauté internationale.
Les forêts naturelles sont irremplaçables – pourtant, nous continuons de les perdre.
Depuis 1990, la planète perd chaque année l’équivalent des régions Haut-de-France et Centre réunies.
Les forêts sont les écosystèmes qui abritent la plus grande biodiversité terrestre. Elles sont les lieux de vie de nombreuses communautés, dont les savoirs sont cruciaux pour la préservation des forêts.
Les forêts sont aussi un réservoir de carbone essentiel à la vie de la planète et aux équilibres climatiques.
Or on ne sait pas remplacer ce qui se perd. Malgré les prouesses scientifiques et technologiques dont l’humain est capable, il n’a pas encore trouvé comment recréer des écosystèmes aussi complexes. Notre ignorance demeure grande. Les arbres plantés, par exemple pour des projets de compensation carbone, ne viendront jamais remplacer les forêts rasées, brulées ou dégradées.
L’agriculture industrielle se sert – la France est complice
La principale cause de déforestation ne change pas : c’est l’agriculture industrielle à visée exportatrice qui est responsable à elle seule de 40% de la déforestation ces dix dernières années.
A côté de ces chiffres, la déclaration de New York sur les forêts, par lesquels les pays signataires se sont engagés à mettre un terme à la déforestation en 2020, fait pâle figure.
Cargill, géant de l’agribusiness largement présent en Amazonie, avait par exemple signé la déclaration de New York sur les forêts…
C’est principalement pour l’élevage, les cultures de soja et d’huile de palme que ces forêts sont détruites.
La France fait donc partie des complices actifs sur ce dossier en figurant dans le top 5 des pays européens importateurs de soja, avec 3.5 millions de tonnes de soja importés en 2017, pour nourrir nos bêtes.
Elle est également un poids lourd de l’importation d’huile de palme, et a donné à Total l’autorisation d’en importer 550 000 tonnes par an – pour nourrir nos voitures cette fois.
Peu de personnes savent que certains produits du quotidien ont également une empreinte de déforestation.
Agroécologie, Mercosur… la France a les cartes en main
Aujourd’hui, le gouvernement français doit prendre 3 mesures significatives contre la déforestation :
– Renoncer définitivement à l’accord de libre échange UE-Mercosur, dont l’impact social et environnemental, notamment sur la déforestation, s’annonce catastrophique (à retrouver dès demain mercredi 15 septembre notre rapport à ce sujet).
– Mettre en œuvre la Stratégie Nationale Déforestation Importée (SNDI) en cessant d’importer les produits contribuant à la déforestation. Adoptée il y a deux ans, elle est restée lettre morte.
– Déployer l’agroécologie en France, comme alternative au modèle agricole industriel qui génère la déforestation. Pour l’instant, le plan de relance ne prévoit que 0.4% des fonds pour la transition agroécologique, sous des formes incapables de représenter un réel levier pour les agriculteurs (appels à projets, subventions, etc.)
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