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Un peu de justice

Publié le 25.06.2009| Mis à jour le 09.09.2021

arton1940.jpgEn mars 2007, le CCFD-Terre solidaire mettait en ligne un document de travail intitulé « Biens mal acquis… profitent trop souvent. La fortune des dictateurs et les complaisances occidentales ». (…) Deux ans plus tard, nous l’avons entièrement réécrit et actualisé.

En mars 2007, le CCFD-Terre solidaire mettait en ligne un document de travail intitulé « Biens mal acquis… profitent trop souvent. La fortune des dictateurs et les complaisances occidentales ». Car si tous les pays du monde affirment s’accorder pour contribuer ensemble à « libérer l’homme de la terreur et de la misère »[[Déclaration universelle des droits de l’Homme. ]], alors il est inacceptable que des institutions du monde développé reçoivent et profitent de l’argent d’un petit nombre de personnes peu soucieuses du bien de leur population, et ce au détriment des peuples du Sud auquel cet argent appartient de droit et doit revenir. Téléchargée plus de 100 000 fois et support des plaintes déposées en France contre Omar Bongo, Denis Sassou Nguesso et Teodoro Obiang Nguema, et en Espagne contre ce dernier, notre étude allait faire date. Au-delà même de ce que nous escomptions. Deux ans plus tard, nous l’avons entièrement réécrite et actualisée. Il fallait, d’abord, prendre un peu de recul pour jauger de la sincérité des engagements internationaux. Quand nous entreprenions ce travail, la Convention des Nations unies contre la corruption venait à peine d’entrer en vigueur, en décembre 2005. Voilà plus de trois ans, à présent, que cette convention a fait de la restitution des biens mal acquis aux pays volés un principe clé du droit international. Le constat, à froid, reste affligeant : près de 99 % des fonds détournés continuent de prospérer en toute quiétude. Les avancées observées, à l’instar des quelques millions de dollars récupérés depuis par : Haïti, l’Irak, la Zambie, le Mexique et le Pérou, et la multiplication des initiatives internationales pour faciliter la restitution, n’éclaircissent guère le tableau. Alors les proclamations vertueuses ne suffisent plus. Que les actes suivent de la part des États, des organismes financiers, des responsables politiques ou économiques et de nous-mêmes ! Il fallait raconter, bien sûr, les procédures judiciaires nées de notre rapport, les atermoiements de la politique africaine de la France et l’avancée historique que constituerait le droit, pour une association, de s’en prendre aux biens mal acquis de dirigeants en exercice.Il nous fallait dire le rôle irremplaçable des associations, des journalistes, des syndicats, de celles et ceux qui, avec courage et inventivité, sont au travail pour contribuer au développement de leur peuple. Ils écrivent l’Histoire ; parfois au prix de leur liberté ou de leur vie. Encouragés par les manifestations de soutien reçues de nombreux citoyens à travers le monde, il nous fallait aussi répondre à ceux dont nous soutenons l’action et qui s’offusquaient de ne pas figurer au palmarès, comme au Cameroun ! Il fallait, surtout, mettre en évidence les véritables causes de ce scandale et dire à qui profite le crime. Il ne suffit pas de pointer les agissements de quelques responsables du Sud. Pourquoi la restitution des avoirs réclamés est-elle si lente et compliquée alors qu’elle dépend largement d’une volonté politique ? Le respect des engagements juridiques pris est une condition indispensable pour construire une mondialisation respectueuse de la dignité de tout l’homme et de tous les hommes. La responsabilité de la France et des pays occidentaux est clairement engagée. Aujourd’hui, alors que les crises financière, alimentaire, économique et sociale aggravent durement les souffrances endurées par des millions d’enfants, de femmes et d’hommes, il est inacceptable de fermer les yeux sur de réelles spoliations. Que les institutions internationales remettent en cause les systèmes qui ont conduit à de telles catastrophes, en particulier la dette odieuse et les paradis fiscaux et judiciaires ! Il fallait, enfin, dépasser la seule dénonciation et proposer des mesures concrètes pour poser les fondations d’un monde plus juste. Plus que jamais, l’Europe se doit de donner l’exemple si elle veut peser d’un vrai poids moral dans lesrelations mondiales. Qu’elle mette ses pratiques en accord avec l’idéal de justice sociale et de partage qui inspira ses fondateurs. La responsabilité citoyenne de chacun est interrogée par la démarche qu’entreprend aujourd’hui le CCFD-Terre Solidaire, en livrant à tous les informations existantes mais souvent peu connues et dispersées. En soulignant, avec beaucoup d’autres, les enjeux de la revendication des populations spoliées, nous appelons chaque acteur à prendre ses responsabilités, là où il le peut. Plus que jamais, l’humanité réclame un peu de justice. Guy AURENCHE Président du CCFD-Terre Solidaire Préface du rapport Bien Mal Acquis – juin 2009 Synthèse du rapport « Biens mal acquis, à qui profite le crime ? »

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