« Compensation carbone : tout sauf neutre ! » – Le rapport qui analyse et dénonce l’inaction climatique de 3 multinationales françaises

Publié le 06.10.2021| Mis à jour le 14.12.2021

A quelques semaines de la COP 26, le CCFD-Terre Solidaire publie « Compensation carbone : tout sauf neutre ! » un rapport qui analyse et dénonce l’inaction climatique de TotalEnergies, Nespresso et Air France. Alors que les scientifiques s’accordent à dire qu’il est urgent de réduire les émissions de gaz à effets de serre, la compensation carbone est devenue le levier en particulier des multinationales pour atteindre la neutralité carbone.

Il est urgent de démontrer que cette fausse solution en plus d’être inefficace peut se révéler dangereuse du point de vue du climat, de l’environnement et des droits humains.
C’est pourquoi, ce rapport révèle le vrai visage de ces politiques climatiques d’affichages, à travers l’analyse de trois cas de multinationales issues des secteurs de l’énergie, de l’agriculture et du transport, (2/3 des émissions de gaz à effet de serre mondiales) : TotalEnergies, Nespresso et Air France.

« La compensation carbone n’est pas une réponse à la crise climatique, et en plus risque de générer des impacts majeurs sur les droits humains et la biodiversité. A la veille de la COP26, il faut que les Etats et les citoyens ne soient pas dupes face à ce que cachent réellement les stratégies de neutralité carbone des entreprises. L’heure n’est plus aux fausses solutions ! Seule la réduction réelle des émissions et le respect des droits peut garantir la justice climatique » interpelle Myrto Tilianaki, chargée de plaidoyer au CCFD-Terre Solidaire.

TotalEnergies et le revers de la neutralité carbone

TotalEnergies revendique une neutralité carbone à l’horizon 2050. Tout en poursuivant des activités fortement émettrices, l’entreprise s’engage à développer de manière accélérée des projets de compensation grâce à des approches technologiques dont l’efficacité est largement questionnée (Projet Northern Lights). Elle envisage également des projets de plantation d’arbres, comme c’est le cas sur plus de 40 000 hectares sur les plateaux Batéké en République du Congo, territoire à la biodiversité riche et essentiel pour les populations riveraines et autochtones.

Nespresso a une politique climat qui boit la tasse

Pour séduire des consommateurs de plus en plus sensibles à l’impact de leur consommation, l’entreprise communique de façon pro-active sur la neutralité carbone de chacune de ses tasses de café. En réalité une large partie de sa politique de neutralité se fonde sur la compensation carbone et non sur la réduction réelle de ses émissions.

Air France ne vole pas au secours du climat

Le poids du secteur aérien dans les émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial est connu et documenté. Pourtant, Air France ne met en place aucune initiative d’ampleur pour réduire ses émissions. Changement de vaisselle de bord, numérisation des manuels destinés aux pilotes, Air France ne recule devant rien ! Même pas de mettre à contribution le passager et sa bonne conscience. Chacun est ainsi invité à soutenir, sous forme de don à une association cocréée par Air France, des projets de compensation carbone que l’entreprise pourra inscrire à son bilan Climat, avec en prime l’aide des contribuables français.

Compenser n’est pas réduire
La solution de la compensation (naturelle ou technologique) du carbone sert à ne pas modifier d’une ligne, ou de manière tout à fait anecdotique, les émissions de gaz à effets de serre. Face à des émissions aux effets certains, la compensation offre une politique de neutralisation aux effets eux tout à fait incertains ! La neutralité poursuivie ne sert que de paravent pratique pour assurer le statut quo et non une réelle action climatique.

Carbone versus droits humains et souveraineté alimentaire
Ce sont des dizaines de millions d’hectares qui seraient nécessaires pour assouvir l’appétit féroce de la compensation pour séquestrer le carbone. Cette ruée vers les terres risque irrémédiablement d’amener à une financiarisation accrue de la Nature. Avec pour conséquence : une mise sous cloche de larges pans de territoire au détriment des populations locales, de leurs modes de vie et de leur souveraineté alimentaire.

Il est essentiel de mettre en place des mesures importantes et intégrées pour assurer que soient considérées de pair justice climatique et justice sociale. Ni la mise sous coupe réglée de la nature au service d’une croissance destructrice et porteuse de danger pour l’humanité, ni la financiarisation de la nature pour pouvoir dessiner de nouvelles perspectives de profits pour quelques-uns au détriment des populations ne sont la solution. Seule une approche systémique, menant de concert la réduction réelle des émissions et la défense des droits humains et de la biodiversité, permettra de garantir la justice climatique.

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