Palestine-Israël : Témoignage
Paris, le 20 janvier 2009
Aujourd’hui, à l’instant de cette trêve fragile, ré-ouvrir les portes d’un avenir de paix. Dire les souffrances subies ne doit pas nous anéantir, mais intensifier notre engagement à construire la paix sur la justice. C’est pourquoi nous témoignons : ne pas désespérer l’avenir.
Depuis plus de 20 ans, le CCFD-Terre solidaire soutient des associations israéliennes et palestiniennes.
Nous avons soutenu les liens entre les deux sociétés, des projets semant une compréhension mutuelle et un respect de l’autre ; nous avons soutenu les projets de développement agricoles, éducatifs, médicaux ; nous avons soutenu après 1993 la construction d’institutions palestiniennes démocratiques et la libre expression de la société civile ; nous avons soutenu les voies courageuses en Israël qui se battent pour le respect des droits, la création d’un Etat palestinien et l’égalité de tous les citoyens, juifs comme arabes, dans la société israélienne. Ces voix maintiennent la brèche dans le Mur entre les sociétés palestiniennes et israéliennes.
Nous avons assisté avec nos partenaires au grignotage des Territoires palestiniens, à leur fragmentation, à la séparation de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza, par l’isolement puis l’enfermement des 1,5 millions d’habitants de ce petit lopin de terre de 360 km².
Nous avons écouté des agriculteurs nous parler de la confiscation de leur terre, de la destruction de leurs oliviers centenaires ; ces femmes nous parler de la destruction de leur maison ; nous avons vu les colonies se multiplier dans les paysages palestiniens, assisté à l’encerclement de Jérusalem par un bandeau de colonies, et Bethléem encerclé par un Mur en béton, les terminaux de contrôle gagner la Cisjordanie après avoir été « testé » sur la Bande de Gaza ; nous avons assisté à l’utilisation de technologies toujours plus élaborées, de systèmes de sécurité qui pourront ensuite être diffusés dans nos pays ; nous avons assisté à des attaques contre des pacifistes Israéliens par des colons fanatisés ; nous avons assisté année après année au renforcement de ce système d’occupation.
Nous avons assisté à l’arrivée du Hamas au pouvoir, à son exclusion du jeu politique par la communauté internationale après des élections saluées comme démocratiques, à la montée de deux pouvoirs autoritaires à Gaza et en Cisjordanie, à la dégradation des relations entre Juifs et Arabes en Israël. Nous avons assisté à la montée des radicalismes dans les deux sociétés, largement exacerbée par cette fuite en avant d’une violence d’Etat.
Nous avons entendu ces femmes et ces hommes nous dire leur rêve d’une Palestine sur les Territoires de 1967 dans laquelle ils pourraient vivre dignement : ces femmes d’une coopérative agricole à Rafah, dans le Sud de la Bande de Gaza, et leur désir d’une vie normale, leur rêves pour que leurs enfants puissent aller à l’université ; ces agriculteurs de Beit Lahia, dans le Nord, et leur volonté de vivre de leur travail et non de la charité.
Nous avons vu les sourires des enfants et leur soif de jouer et de rêver. Nous avons vu la poésie des pièces de théâtre d’adolescents de Gaza « je ferai un pacte avec un oiseau pour qu’il puisse passer la frontière et nous vendrons ensemble dans notre petit magasin la nourriture qu’il aura pu ramener »
Nous avons entendu cet homme nous parler de la mort de sa fille dans un attentat en Israël, de ses mois de douleur et de haine, de son lent travail de pardon et sa rencontre avec des parents palestiniens dont les enfants ont été victimes de l’occupation puis de leur action de témoignage ensemble pour que cette violence s’arrête ; nous avons entendu ces soldats parler de ce qu’ils ont commis à Hébron, de leur travail d’information pour faire comprendre les risques de l’occupation pour la société israélienne. Nous avons écouté la passion de lycéens israéliens, juifs et arabes, dans leurs discussions sur leur identité, leurs projets pour voir une société égalitaire.
Nous avons été indignés par l’opération israélienne et sa violence. Nous pensons aux morts, aux blessés, aux cicatrices qui auront toujours plus de mal à refermer, aux traumatismes des enfants qui laisseront des marques pour longtemps.
Si nous entendons la peur de la société israélienne, si les tirs de roquettes sont contraires au droit et simplement condamnables au nom de valeurs humaines, nous condamnons les bombardements d’une rare violence qui ne pouvaient en aucun cas constituer une réponse aux tirs du Hamas.
L’occupation israélienne n’est pas différente d’une autre occupation.
Elle génère des violations des droits de l’homme, du droit humanitaire international.
Elle est source de souffrance, d’oppression et d’humiliations pour la société occupée.
Ses effets sur la société israélienne sont destructeurs.
Elle désespère l’avenir, et ceux et celles qui, ensemble, doivent le construire.
Guy Aurenche
Président du CCFD-Terre Solidaire
Emmanuelle Bennani-Caillouët
Chargée de mission Maghreb/ Machrek
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