Deux militants écologistes ont été assassinés
Brésil, le 1er juillet 2011
L’image a été diffusée en boucle sur toutes les chaînes brésiliennes. Au pied d’un châtaignier, près d’une moto renversée, deux corps inertes gisent face contre terre. Le 24 mai dernier, à 7h30 du matin, à 45 km de la commune de Nova Ipixuna, dans l’état du Para, au cœur de l’Amazonie brésilienne, José Claudio Ribeiro da Silva, 52 ans, et son épouse Maria do Espirito Santo da Silva, 51 ans, ont été assassinés. Leur tort ? Les deux militants écologistes dénonçaient sans relâche la déforestation sauvage dans la région. Pour la Commission Pastorale de la Terre (CPT), partenaire du CCFD-Terre Solidaire, ce double meurtre n’est malheureusement pas une surprise. Le couple Ribeiro avait en effet reçu de nombreuses menaces de mort et se savait en danger. Les soupçons se portent d’ailleurs sur les grands propriétaires et les exploitants forestiers locaux. D’autant que le crime semble avoir été commandité. Les assassins ont en effet sectionné l’oreille droite de José Claudio Ribeiro da Silva. Comme s’il s’agissait d’un « trophée ».
Ce double assassinat souligne une fois de plus la situation critique des défenseurs de l’environnement. « En occupant la terre ou en dénonçant la coupe illégale de bois, ces militants contrarient les intérêts de puissants propriétaires, explique José Batista, avocat au sein de la CPT. Ils sont alors désignés pour mourir et beaucoup sont assassinés. » D’après l’avocat, la région amazonienne a d’ailleurs enregistré « 800 homicides en 40 ans. » Et la menace perdure. « En 2010, poursuit l’avocat, nous avons transmis au gouvernement une liste de 125 paysans menacés de mort suite à des conflits agraires. » Un gouvernement accusé de ne pas avoir tiré les enseignements du meurtre, en février 2005, de Sœur Dorothy, une religieuse américaine. « L’assassinat de José et Maria rappelle celui d’Irma Dorothy, confirme le Père Amaro, curé de la paroisse d’Anapu, dans l’état du Para et membre de la CPT. A l’époque, personne, pas même elle, ne croyait que les forestiers allaient mettre leurs menaces à exécution, explique celui qui poursuit aujourd’hui le travail de la religieuse américaine. Mais hélas le pire est arrivé une nouvelle fois. »
Effrayée par la perspective de voir ce double meurtre prendre des proportions comparables à celui de Sœur Dorothy, Dilma Roussef, la présidente du Brésil, a donc envoyé en urgence une brigade de policiers sur place. Objectif ? Assurer la protection des autres militants écologistes de la commune menacés de mort. « Le gouvernement agit comme un pompier, dans l’urgence, déplore José Batista. Sans chercher à régler les causes des problèmes. » En particulier l’impunité dont bénéficient les grands propriétaires terriens, favorisée par la politique menée depuis une dizaine d’années dans la région. Premier visé, le Plan d’Accélération de la Croissance (PAC), favorisant les grands travaux (voies de communication, ports fluviaux, etc..) et destiné à développer l’agrobusiness. Sans oublier le nouveau Code Forestier, favorisant le déboisement au profit du lobby agricole et prévoyant la légalisation de zones forestières déboisées illégalement. Un texte voté par la Chambre des Députés le jour même de l’assassinat de José et Maria.
Jean-Claude Gerez
Père Amaro se recueillant devant la croix dressée à l’endroit où Sœur Dorothy a été assassinée (Anapu, état du Para)
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