La sécurité alimentaire des populations éthiopiennes

Publié le 08.11.2011

Que révèle la dernière crise alimentaire qui a de nouveau touché la Corne de l’Afrique cet été ? Le point de vue d’ACORD[[Association de coopération et de recherches pour le développement – consortium d’ONG africaines présent dans 18 pays du continent]], partenaire du CCFD-Terre Solidaire. Le responsable de l’antenne éthiopienne d’ACORD, Yabowerk Haile rappelle ce principe de bon sens qui exige de se questionner sur les causes qui provoquent et/ou, font perdurer les crises alimentaires afin de trouver des solutions adéquates et pérennes. La crise révèle d’après lui « la combinaison de trois facteurs fondamentaux : l’héritage colonial, le niveau de développement et les facteurs politiques, économiques et sociaux propres à la région. »

L’enclavement, la racine du mal éthiopien

C’est avec un sourire malicieux que Yabowerk Hailé rappelle le but principal des puissances coloniales anglaises, françaises et italiennes qui depuis l’ouverture du Canal de Suez poursuivaient deux objectifs vis-à-vis de l’Ethiopie: « soit, de nous coloniser ou pour le moins, car l’Ethiopie a résisté, nous affaiblir ».

Conséquences de cette logique : l’Ethiopie perd tous ses accès maritimes, les éleveurs nomades se retrouvent confinés, les populations jumelles d’Erythrée et d’Ethiopie sont séparées… Et aujourd’hui encore, estime-t-il « l’imposition de ces frontières artificielles reste un problème sans fin qui épuise notre énergie au mauvais endroit car nous devons réparer leurs conséquences ». L’enclavement est aussi dans les esprits, dans la tradition. « Nous sommes féodaux» souligne-t-il.

L’héritage des structures socio-économiques « féodales » – économie essentiellement agricole, hiérarchie sociale stricte, tribut payé en nature… – n’a pas permis selon Yabowerk Hailé « une évolution vers le capitalisme comme ailleurs ». Le retard pris en matière de restructuration des forces de production ou encore le sous-développement du réseau routier demeurent encore actuellement les principaux freins à la souveraineté alimentaire du pays.

A cet enclavement géographique et culturel vient s’ajouter la nature « autocratique des pouvoirs dans la région qui refusent la diversité. Aucune des ces sociétés n’est démocratique. Toutes tentent de s’imposer aux autres». Et de conclure sur ce point que « nous avons encore besoin d’un changement politique, nous avons besoin de démocratie ».

La sécurité alimentaire passe par l’autonomisation des populations

A l’opposé des opérations d’aide humanitaire d’urgence qui par définition ne s’attaquent pas aux racines des problèmes, la stratégie et les actions d’ACORD encouragent les communautés à trouver leurs propres réponses pour vivre dignement et de manière autonome. Parce que la justice sociale et le développement social passent avant tout par la sécurité alimentaire des populations, « nous sommes là pour aider les communautés à assurer leur ressources, leur bien être ».

Propos recueillis par Guylaine Saffrais

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