Manifeste – Crise alimentaire mondiale

Publié le 20.06.2011| Mis à jour le 08.12.2021
Olivier de Schutter, Rapporteur spécial des Nations-Unies sur le Droit à l’Alimentation, prévenait dès le mois de janvier «  nous vivons aujourd’hui le début d’une crise alimentaire similaire à celle de 2008  ». Et il est vrai que les récents épisodes climatiques ainsi que le pic de l’indice des prix de la FAO laissent prévoir une tension accrue sur les marchés agricoles, poussant de plus en plus de personnes dans la pauvreté et la faim. En 2010, ce sont 925 millions de personnes qui souffraient de la faim dans le monde dont 89% vivaient en Asie ou en Afrique. On estime que la faim touche plus d’un tiers de la population dans 15 pays africains. La majeure partie des 75 millions de personnes nouvellement touchées par la sous-alimentation proviennent de la région Asie-Pacifique (+41 millions), suivie de l’Afrique sub-saharienne (+24 millions) et de l’Amérique Latine (+6 millions). Le Proche-Orient et l’Afrique du Nord ferment la marche avec une augmentation de 4 millions. La FAO souligne régulièrement, concernant la capacité de la planète à nourrir la population mondiale aujourd’hui et demain qu’au-delà des défis agronomiques, la faim est avant tout une question politique. Parce que les affamés souffrent d’un manque d’investissement dans l’agriculture de plus en plus marqué ; de politiques publiques de soutien au développement agricole et rural déficientes, voire simplement supprimées après les ajustements structurels ; de règles commerciales instaurant une concurrence « libre et non-faussée » entre pays riches et pauvres, entre agri-managers et petits paysans ; d’une mainmise  de plus en plus forte par les grandes firmes multinationales et les acteurs financiers sur les marchés agricoles non seulement mondiaux, mais aussi locaux ; d’une concentration croissante des ressources naturelles ou monétaires entre les mains de quelques-uns plutôt que pour l’intérêt général… Les racines du problème 1. Dysfonctionnements du marché agricole mondial et abandon des productions vivrières Le démantèlement des politiques publiques depuis les années 1970 ; l’orientation des productions vers les cultures tropicales d’exportation-spécialisation des territoires ( Thé, café, coton, banane, ananas) ; hausse de la dépendance alimentaire : en Afrique, importations de céréales multipliées par 5 et productions de céréales divisées par 2 ; spéculation croissante depuis 2007 sur les marchés agricoles 2. Agrocarburants Concurrence avec productions agroalimentaires soit car hausse des produits non alimentaires (soja, huiles, etc.) ou par détournement (maïs). Le développement de ce marché a un impact direct sur le prix des denrées alimentaires. John Lipsky [[8 mai 2008, Council of Foreign Relation New-York.]] rappelle que « les estimations du FMI indiquent que l’augmentation de la demande pour les biocarburants compte pour 70 dans hausse des prix du mais et pour 40 % dans le cas du soja » 3. La mondialisation des habitudes alimentaires La consommation de viande de volaille est passée de 2 kl /an/hab en 1960 à 10 kl/an/hab en 2010 soit une multiplication par 5  sur la période. Pareil pour le porc en Asie et l’agneau et le mouton au Moyen-Orient (corrélation émergence de ces pays et mutations alimentaires, exportation des modes de vie dans cadre de la mondialisation). Cela entraîne une forte augmentation de l’utilisation de protéines végétales – 5 kilos de protéines végétales pour faire 1 kilo de protéines animales. 2011 : une situation propice pour une nouvelle flambée des prix. La flambée des prix alimentaires est en train d’atteindre la cote d’alerte, ce qui constitue un risque pour la stabilité politique de nombreux pays, a averti samedi 19 février à Paris le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, en marge d’une réunion des ministres des Finances du G20. Il a ainsi appelé les dirigeants du G20 à « considérer l’alimentation comme une priorité numéro un en 2011 ». « Les prix de l’alimentation continuent à augmenter dans le monde. L’indice des prix alimentaires de la Banque mondiale a augmenté de 15% entre octobre 2010 et janvier 2011, et n’est que 3% en dessous de son pic de 2008« , a indiqué l’institution dans un communiqué. Selon l’indice des prix de la FAO (Global food price monitor) pour le mois de Juin 2011, les cours internationaux du blé restent haut après le pic connu en février. Les prix du riz et du maïs même orientés à la baisse relative restent également élevés. Cette tension sur les prix se fait déjà sentir et les situations locales sont inquiétantes :
  • En Amérique centrale les prix du maïs atteignent des records et les prix des haricots sont à un niveau inégalé.
  • En Asie, les prix du riz et du blé déclinent après des pics record mais restent hauts.
  • En Amérique du sud, les cours de la farine de blé se renforcent et ceux du maïs jaune restent hauts.
  • En Afrique de l’est, les prix des céréales atteignent des records sur plusieurs marchés alors que les prix sont bas en Afrique de l’Ouest (malgré les hausses saisonnières).
  • La situation est difficile dans les pays importateurs en situation de dépendance alimentaire : exemple de la Mauritanie où le prix du maïs a augmenté de 40% entre Avril et juin sur les marchés de Nouakchott. Au Cameroun, les prix du riz (importation) ont légèrement augmenté en raison de la hausse des cours du pétrole et des coûts de transport.
Compte rendu des ONG françaises de Coordination Sud, présentes au Sommet de Rome Le site du Sommet de Rome

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