Délit d’émigration clandestine
Pour donner plus de force et de crédibilité au fantasme d’une horde de migrants prête à envahir l’Europe, rien de tel qu’une « traduction juridique » du phénomène, gage de sérieux : le « délit d’émigration illégale ». Repris en choeur par les décideurs politiques et les médias, ce concept conforte l’ensemble des citoyens européens dans l’idée qu’en plus d’être illégitime, l’émigration n’est pas légale.
. Pas de fondement juridique
Or, cette notion nouvelle ne repose sur aucun fondement juridique. Car si l’immigration peut, elle, être illégale, la Déclaration universelle des droits de l’homme précise bien « toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et d’y revenir ». Rappelons que la criminalisation des « fuyards » est d’ordinaire l’apanage des dictatures, comme c’était le cas dans les pays du bloc soviétique plongés dans la Guerre Froide. Mais l’idée fait néanmoins son chemin dans le contexte actuel de contrôle total du migrant, à la source comme à l’arrivée.
. Cautionner la chasse aux « émigrants »
Le Maroc s’est ainsi transformé en nasse mortelle pour les migrants qui échouent devant les grilles protégeant les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla. Fort d’une nouvelle législation à l’encontre des émigrants clandestins, « poussé en cela par l’Ue, le Maroc a pris l’habitude de faire la chasse aux sortants – ce qui, on le sait, s’est soldé par une quinzaine de morts par balle lors des événements de Ceuta et Melilla de l’automne 2005. » dénonce le réseau Migreurop*.
* « Emigration illégale, une notion à bannir », Libération, 13 juin 2006.
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