Le CCFD-Terre Solidaire s’associe à la forte préoccupation de la société civile paraguayenne
Le 15 juin, 18 personnes ont été tuées lors d’une opération policière d’expulsion de paysans sans terre à Curuguaty. Une enquête est en cours sur cette tragédie qui sert aujourd’hui de prétexte à un processus de destitution lancé contre l’actuel Président Fernando Lugo par l’ensemble des partis politiques, y compris ses alliés…
La politique de Fernando Lugo est critiquable, mais ce processus constitutionnel de « juicio politico » ressemble fortement à un « coup d’Etat parlementaire », mettant en péril la jeune démocratie paraguayenne. Le CCFD-Terre Solidaire s’associe à la forte préoccupation de la société civile paraguayenne et exprime son inquiétude face à ce risque de retour en arrière. Nous reproduisons ici le communiqué de l’association des ONG du Paraguay, POJOAJU.
POJOAJU – ASSOCIATION DES ONG DU PARAGUAY ET SES RESEAUX MEMBRES
Nous, les hommes et les femmes de POJOAJU – Association des ONG du Paraguay – et ses réseaux membres, nous nous insurgeons devant les citoyens du Paraguay et de la région, en ce sombre 21 juin 2012, pour exiger de la part des trois pouvoirs de l’Etat des garanties protégeant le processus démocratique national :
Le « Procès Politique » utilisé aujourd’hui contre le Pouvoir éxécutif par l’ANR (Association Nationale Républicaine, parti « Colorado »), le PLRA (Parti Libéral Radical Authentique), l’UNACE (Union Nationale des Citoyens Ethiques), le PPQ (le Parti Patrie Bienaimée) et le PDP (Parti Démocratique Progressiste) montre la non-reconnaissance de l’équilibre des pouvoirs et sert de prétexte à l’impunité des autres pouvoirs de l’Etat : le Pouvoir législatif et le Pouvoir judiciaire.
Les douloureux événements de Curuguaty – Yvypytâ, dont le bilan est de 18 morts, doivent être clarifiés au plus vite et les responsables punis selon la loi; ces faits ont mis en évidence une violence sociale et d’Etat que le Paraguay n’avait pas connu depuis des décennies.
De la même manière, les morts survenues sur les terres de Campos Morumbí nous montrent la responsabilité des trois pouvoirs de l’Etat, du fait qu’ils n’ont pas récupéré les terres « acquises illégalement» ni initié de réforme agraire. De vagues réponses furent seulement données aux nombreuses demandes paysannes et indigènes.
Nous avons la conviction que l’utilisation discrétionnaire, proclamée depuis les débuts de ce Gouvernement, de l’instrument constitutionnel « Procès Politique » qui a aujourd’hui été mis en place, ne réussit pas à occulter, et n’occultera pas, la lourde responsabilité de tous les pouvoirs de l’Etat concernant la situation de pauvreté et d’inégalité dans laquelle vivent les habitants de notre République.
Nous dénonçons avec fermeté la position des parlementaires, hommes ou femmes, à quelques exceptions près, visant à mettre fin au processus de démocratisation initié en 2008. Leur décision, quoique légale, n’est pas légitime parce qu’elle met en danger l’institutionnalisation et l’état de droit.
Nous rendons directement responsables le Congrès national des nouvelles conséquences négatives que cette décision parlementaire entraîne ou pourrait entraîner et nous exigeons des trois pouvoirs de l’Etat les garanties et le respect de l’exercice du droit à la libre expression et aux manifestations citoyennes.
Nous, POJOAJU et ses réseaux membres, appelons au rassemblement et à la vigilance permanente pour maîtriser l’évolution des événements.
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