Destination universelle des biens
« Dieu a destiné la terre et tout ce qu’elle contient à l’usage de tous les hommes et de tous les peuples, en sorte que les biens de la création doivent équitablement affluer entre les mains de tous, selon la règle de la justice, inséparable de la charité. » (Concile Vatican II, Gaudium et Spes, 69)
Il peut paraître difficile de porter un jugement sur les effets de la mondialisation.
On ne peut certes que se réjouir de voir des pays quitter la liste des pays en développement pour devenir émergents. Mais si, comme le rappelait Benoît XVI dans sa dernière encyclique, Caritas in Veritate, la richesse mondiale croît en termes absolus, les inégalités, elles, augmentent. C’est vrai entre les nations, certaines décollant quand d’autres s’appauvrissent. C’est vrai aussi à l’intérieur même des pays riches où de nouvelles pauvretés apparaissent. C’est vrai encore dans les pays en croissance forte où certains groupes atteignent des niveaux de vie rivalisant avec les plus grosses fortunes mondiales quand d’autres s’enfoncent dans une misère déshumanisante. Sans parler des trois plus grandes fortunes mondiales, dont le montant cumulé équivaut à la richesse des 48 pays les moins riches. On est loin ici de l’option préférentielle pour les pauvres, principe clé de la pensée sociale de l’Église, qui requiert de juger toute pratique économique en fonction de son impact sur les plus fragiles.
Les paradis fiscaux dans la mondialisation
Le principe de la destination universelle des biens invite à retrouver une vision de l’économie où la formation de la richesse puisse contribuer à plus de solidarité et de justice. L’impôt peut jouer un rôle central pour une meilleure répartition des richesses. À l’inverse, les paradis fiscaux contribuent à priver les États de leurs instruments de redistribution. Les populations des pays en développement bénéficient très peu des efforts consentis par leurs gouvernements pour attirer des investisseurs étrangers : par le jeu de simples écritures comptables, les revenus et les bénéfices des multinationales sont déclarés ailleurs. Ainsi les pays qui accueillent les activités créatrices de richesses se voient privés des recettes fiscales qui en découlent. Ces pratiques spolient de nombreux pays en développement des revenus qu’ils pourraient tirer de l’exploitation de leurs ressources naturelles et ouvrent la voie à toutes formes de corruption. Ils ont également des conséquences directes sur les salariés des pays développés : en délocalisant les bénéfices dans les paradis fiscaux, certaines entreprises restreignent leurs marges de manœuvre en matière salariale et la participation des salariés aux bénéfices de l’entreprise se trouve réduite en proportion.
Questions pour un partage
Quelles sont mes réactions face à la disparité des revenus, à l’écart de plus en plus important entre les plus fortunés et les plus pauvres ?
Puis-je dans le même temps faire don de mes richesses aux plus démunis et échapper par tous les moyens à l’impôt dû à la collectivité ?
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