Paula Almeida, Brésil
L’agriculture paysanne fournit 70 % de l’agriculture brésilienne, mais toutes la majeure partie va à l’agri-industrie
il faut rééquilibrer les politiques agricoles en faveur de l’agriculture paysanne
Paris, 17 mars 2006
Les politiques agricoles, au Brésil, favorisent depuis toujours l’agro-industrie exportatrice, qui capte à son profit la majeure partie des ressources. Pourtant, depuis quelques années, on assiste en contrepoint à une certaine reconnaissance de l’agriculture familiale — pratiquée sur de petites parcelles, employant de nombreuses mains, et d’abord dans la famille, et qui fournit 70 % des aliments des tables brésiliennes.
C’est un combat constant, qui nécessite de faire pression sur les gouvernements afin qu’ils procèdent à un rééquilibrage des moyens et des aides, mais qui exige aussi de notre part des efforts d’organisation et l’élaboration de propositions.
L’un des mouvements les plus significatifs des dernières années est le rapprochement de l’agriculture familiale et de l’agriculture biologique, respectueuse de l’environnement et gestionnaire avisée de la biodiversité.
Promouvoir l’agro-écologie
Ainsi, début juin, nous allons tenir la 2ème rencontre nationale d’agro-écologie, après celle que nous avions organisé en 2002. Nous avons l’ambition d’y voir représenter toutes les expériences significatives du pays.
L’une des difficultés initiales, que nous avons pratiquement surmontée, consistait à identifier la multitude de groupes qui peuvent se réclamer des critères recouverts par cette pratique. Nous regroupons ainsi des syndicats d’agriculteurs familiaux — notion propre au Sud-Est du pays —, des communautés amazoniennes — Indiens, groupes extrativistes non indigènes vivant d’une exploitation durable des ressources forestières (seringueiros récoltant la sève d’hévéa, cueilleurs de noix, etc.), pêcheurs-cultivateurs des berges des innombrables cours d’eau —, des petits éleveurs et cultivateurs de la caatinga (écosystème aride du sertão nordestin), gerazeiros cultivateurs d’arbres fruitiers et de plantesd médicinales du cerrado semi-aride du l’État du Minas Gerais…
Autant de communautés qui s’ignoraient, et dont nous avons à cœur de révéler, en respectant leurs identités très marquées, qu’elles partagent des approches communes de leurs exploitations. Cette 2ème rencontre se l’occasion d’annoncer la naissance d’une coordination nationale de l’agro-écologie. Nous ne partons pas de rien : il existe déjà des articulations régionales très actives. Avec ce passage au niveau supérieur, nous voulons fortifier et institutionnaliser ces réseaux afin de donner plus de poids à nos propositions, qui figureront dans un plan national. L’un des axes de travail consiste à partir des pratiques locales — semences, eau, plantes médicinales — pour élaborer des politiques.
L’arrivée de Lula au pouvoir a permis d’accélérer un mouvement déjà enclenché avant 2002, et qui se traduit globalement par une meilleure reconnaissance des acteurs de la société civile, qui accèdent au statut de co-gestionnaires. Ainsi, ces réseaux régionaux font aujourd’hui partie de conseils nationaux mixtes — gouvernement, société civile, acteurs économiques —, gèrent une partie des ressources attribuées aux petits agriculteurs, sont pilotes de programmes comme « Un million de citernes » dans le Nordeste, ou d’assistance alimentaire.
Paula Almeida, agronome, travaille avec l’association de développement rural AS-PTA dans l’État nordestin de la Paraíba.
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