Une OMC pour les plus pauvres

Publié le 11.09.2003| Mis à jour le 08.12.2021

 » OMC  » n’a jamais rimé avec « lutte contre la pauvreté « . Cette institution internationale est la seule à ne pas s’être engagée à contribuer à atteindre l’objectif fixé en septembre 2000 par tous les membres des Nations unies: réduire la pauvreté de moitié d’ici à 2015.


Pourtant, les 146 membres de l’OMC sont tous membres des Nations unies… mais ceux qui dominent l’organisation souffrent sans doute de schizophrénie. Pire encore: l’OMC refuse de soumettre ses décisions à des normes internationales comme les conventions de l’Organisation internationale du travail. A Doha, en 2001, ses membres se sont limités à « prendre acte des travaux de l’OIT sur la dimension sociale de la mondialisation »… Le respect des droits de l’homme au travail serait-il gênant pour les thuriféraires du libre échange? Seule la rhétorique a un peu changé depuis 2001: le cycle de négociations actuelles, dont Cancún doit être un point d’orgue, s’intitule « cycle du développement ».

Pour que l’OMC devienne une vraie instance de régulation du commerce mondial au service du développement, elle doit impérativement être réformée. A peine créée, en 1995, elle est devenue un instrument au service des plus puissants du commerce mondial. Pourtant, sur le papier, l’OMC est un modèle calqué sur les Nations unies: chaque pays membre y dispose d’une voix. Les Maldives y ont théoriquement le même poids que les États-Unis. Mais les règles, de fonctionnement permettent tous les abus. Idem pour le mode de décision. La règle du consensus sans vote prévaut.
En fait, les modalités de négociations restent opaques et le système du  » consensus  » permet à une minorité puissante d’imposer ses choix…

L’OMC est aussi le reflet des inégalités mondiales : les délégations pléthoriques des pays riches y côtoient les quelques représentants du Mali, du Honduras ou de l’Albanie incapables de suivre l’ensemble des négociations en cours. Une trentaine de pays membres de l’OMC ne dispose même pas de mission permanente à Genève, siège de l’organisation. La proposition de l’ensemble des ONG est simple, mais elle devrait être un préalable aux futures négociations : l’OMC doit devenir transparente. Les réunions à huis clos entre poids lourds du commerce mondial- qui avaient conduit les  » petits  » pays à faire capoter la réunion de Seattle -doivent être proscrites. Les négociations doivent être accessibles à tous les pays, quitte à aider les moins riches pour qu’ils puissent y participer de manière plus significative… Quelques pays -l’ Allemagne, la France, etc. -participent à un fonds pour aider techniquement les moins dotés de capacité d’expertise, mais cela reste très insuffisant. Autre réforme urgente: la démocratisation de l’OMC. Parlementaires, représentants des Conseils économiques et sociaux, ONG devraient avoir le droit d’assister à la plupart des réunions. Les Parlements nationaux et le Parlement européen devraient être consultés sur les termes des négociations. C’est sans doute sous cette pression que l’OMC devra un jour se plier à inscrire son action dans le cadre des nonnes onusiennes.

Aucune évaluation publique n’a été faite ni du fonctionnement de l’OMC, ni de l’impact économique, social ou environnemental de ses décisions qui nous touchent au quotidien. Dans les pays en développement, des millions de malades en quête de médicaments ou des paysans ne parvenant plus à se nourrir de leur travail souffrent des conséquences de négociations commerciales impitoyables. Pour les syndicats, les mouvements paysans, les ONG qui vont suivre Cancun, il est urgent de faire primer les droits humains, la souveraineté alimentaire, la santé publique sur l’idéologie du libre échange, surtout lorsque celui-ci est biaisé au profit des plus puissants.

Jean-Marie Fardeau.

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