Vatican II, un appel !
Au même moment, le pape Jean XXIII convoquait un concile et, répondant à l’appel de la FAO[[Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture]], invitait les Églises locales à se joindre à la campagne mondiale contre la faim : « Des millions d’êtres humains dans le monde souffrent de la faim… Il faut appeler les consciences au sens des responsabilités qui pèsent sur tous et sur chacun, spécialement les plus favorisés. »[[Jean XXIII, le 10 novembre 1959]]. Ainsi naquit le CCCF[[Comité catholique contre la faim]], en 1961.
Aujourd’hui, le concile Vatican II n’est pas un souvenir, mais un souffle qui oriente la manière dont les catholiques se situent dans le monde. L’Assemblée affirmait offrir « au genre humain la collaboration sincère de l’Église pour l’instauration d’une fraternité universelle »[[Constitution conciliaire sur l’Église dans le monde de ce temps Gaudium et spes]].
Le contexte mondial a profondément changé. Nous devons prendre la mesure de la radicalité de ces changements. Cependant, l’esprit de Vatican II, en rappelant des principes fondateurs du christianisme, peut inspirer nos projets, alors même qu’en août 2012, le Forum du CCFD-Terre Solidaire lançait la construction de son rapport d’Orientation 2014/2020.
« Le concile a parlé en termes d’amitié, de partenariat, de fraternité, de récipro-
cité, de collégialité, de conscience et d’appel à l’intériorité – un appel à la sainteté ! »[[P. John O’Malley. L’événement Vatican II. Éditions Lessius 2011]]. Grande est la similitude entre les termes utilisés par les experts du concile et les activités que nous proposons ! Partenariat, à renforcer puisqu’il est, dans notre monde toujours plus interdépendant, l’une des voies pacifiques du vivre ensemble mondial. Fraternité à vivre par le témoignage de la générosité et le partage des responsabilités en France, comme à l’étranger. Réciprocité, pas toujours facile à concrétiser en accueillant comme indispensable l’autre, différent par sa spiritualité ou sa culture. Collégialité, à enrichir, non seulement comme un modèle d’ecclésialité (l’Église entendue comme communauté, ndlr), mais aussi pour faire alliance avec des acteurs parfois dérangeants. Intériorité, comme le rappel de ce que toute démarche de développement implique l’approfondissement et le partage de l’annonce de la Bonne Nouvelle de la vie qui l’emporte sur la mort.
Chacune de ces orientations, qui constituent l’esprit et la lettre de Vatican II, invite le CCFD-Terre Solidaire à avoir le courage d’innover « politiquement » pour rendre plus efficace sa participation à la construction d’un monde juste et humain. À assumer librement le risque de partenariats sincères, avec des femmes et des hommes courageux et inventifs qui bousculent nos certitudes. À renforcer ecclésialement notre participation à la construction d’une Église devant « utiliser la médecine de la bienveillance, plutôt que celle de la sévérité »[[Discours d’ouverture par Jean XXIII, le 11 octobre 1962]]. À vivre intérieurement l’appel à la conversion et la capacité à changer nos modes de vie.
Oui ! l’esprit de Vatican II, vécu non comme une histoire ancienne mais comme un élan novateur pour demain, nous aide à mettre en œuvre la mission qui nous est confiée : « Nous avons besoin d’organisations comme le CCFD pour que chacune de nos modestes actions s’inscrive dans une dimension ecclésiale et universelle. Nous avons besoin d’unir nos efforts pour que les déclarations généreuses des États développés se concrétisent réellement dans une véritable coopération. »[[Cardinal André Vingt-Trois. Notre-Dame de Paris, le 6 mars 2011]].
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