Le pari ambitieux de quelques asiatiques « éclairés »

Publié le 13.08.2013

Wallapa van Willenswaard dirige l’École pour le bien-être (School of well being) à Bangkok qui a pour ambition de propager le concept iconoclaste de Bonheur national brut. Le projet Organic Asia (Vers une Asie biologique) y est né, d l’idée d’étendre au niveau international l’expérience du Réseau Marché Vert de Thaïlande, mettant en lien petits paysans et consommateurs « éclairés »


« Organic Asia s’adresse à des groupes de petits paysans qui s’organisent en une chaîne de production à taille humaine pour fournir une alimentation saine, dans un environnement naturel, familial et communautaire sain. Le groupe pionnier du projet a d’abord établi des partenariats dans la région du fleuve Mékong. Ce réseau a aujourd’hui des partenaires au Bhoutan, au Myanmar, en Thaïlande, au Laos, au Cambodge et au Vietnam.
Nous intervenons dans quatre domaines d’activités. Le premier d’entre eux est le développement des capacités humaines. Sur ce point, la visite d’une délégation de la région du Mékong à l’école d’agriculture de Speri au Vietnam, a débouché sur l’initiative de lancer un mouvement de jeunes paysans biologiques dans la région. La première rencontre s’est tenue dans une ferme biologique du Laos totalement gérée par les jeunes. Les activités du soutien technique, notre deuxième activité, concernent en priorité la souveraineté sur les semences. Elles visent à rappeler les techniques traditionnelles menacées face à la pression de quelques grandes compagnies. Les semences biologiques présentent une large variété de caractéristiques locales adaptées à l’environnement naturel.


Évaluation critique

À propos de la recherche sur l’agroécologie, notre troisième priorité, la majorité des paysans et des consommateurs ont besoin de preuves scientifiques face aux « miracles » de l’alimentation de masse. Nos universitaires ont accompagné les fermiers traditionnels pour leur permettre une prise de conscience critique basée sur des faits. Cette évaluation concerne la qualité des produits mais aussi la santé des producteurs et le bien-être du monde paysan.
Dernier point, l’agriculture familiale offre de nouvelles solutions pour l’extension des marchés. Elle permet aux paysans de garder leur indépendance en établissant des réseaux dans la société rurale. Si, de leur côté, les consommateurs « éclairés » en font de même, ces réseaux peuvent se mettre en relation les uns avec les autres et le commerce peut alors s’organiser directement entre les producteurs et les consommateurs au sein de réseaux de confiance.

L’expérience du Réseau Marché Vert est de faire collaborer des hôpitaux avec des réseaux de petits producteurs de produits biologiques. Elle pourrait être étendue à l’ensemble de la région du Mékong, voire au-delà. Une argumentation portant sur la notion de médecine préventive pourrait être utilisée pour motiver des gouvernements, peut-être même des compagnies d’assurance à participer à d’autres expériences locales similaires. Un consommateur ne devrait jamais se considérer comme un simple individu qui achète ce dont il a besoin au jour le jour, mais comme un participant potentiel à un mouvement d’investissement collectif dans le cadre de réseaux ville-campagne capables de promouvoir la santé, la justice et le souci du prochain ».

Wallapa van Willenswaard

Repères sur l’agroécologie et l’agriculture biologique
Selon les cas, les termes d’agroécologie et d’agriculture biologique sont utilisés pour dénommer les principales formes d’alternatives à l’agriculture conventionnelle. Petite explication, issue de L’agriculture biologique pour nourrir l’humanité, de Jacques Caplat.

Agroécologie
Le mot est utilisé de façon différente selon les endroits du monde. Dans un contexte tropical – donc dans une majorité de pays du Sud, il sert d’abord à désigner « l’agriculture biologique vivrière, par opposition à une agriculture biologique labellisée pour l’exportation ». Les techniques utilisées sont celles de l’agriculture biologique qui font preuve « de leur formidable efficacité en milieu tropical ».
Le terme d’agroécologie est repris en France par certains courants proches de l’agriculture biologique mais qui s’en distinguent par certains points (dont les dimensions sociales et éthiques). Un homme, Pierre Rabhi, incarne ces courants, ainsi que l’association Terre et humanisme, dont il est le fondateur et dont le but est la promotion de l’agroécologie.

Agriculture biologique
Jacques Caplat désigne par le terme d’agriculture biologique « un mode de production s’enracinant dans une vision agronomique, économique, sociale et éthique partagée à l’échelle de la planète ». Il précise : « L’agriculture biologique n’est pas une agriculture «sans produits chimiques de synthèse» mais une agriculture écologique, basée sur le respect des cycles naturels, des équilibres biologiques, de la vie du sol et de l’autonomie des paysans ». Une vision globale de l’agriculture en somme dont le socle n’est pas limité à la seule obtention d’une certification, qu’elle soit nationale ou européenne. L’auteur opère une distinction utile entre « le » bio et « la » bio.
Il explique : « Je pourrais dire que «le» bio reflète un souci individuel de consommateur soucieux de manger un aliment sans résidus de produits chimiques (…), tandis que «la» bio reflète un souci collectif d’inventer des méthodes agricoles qui préservent l’environnement et les équilibres planétaires et humains ». Sa préférence va à l’emploi du terme : « la » bio.

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