Appel pour une sortie de crise en République Centrafricaine
A l’occasion de la réunion de haut niveau sur la Centrafrique qui se tient en marge de l’Assemblée générale des Nations unies ce mercredi 25 septembre, une délégation de la société civile centrafricaine présente à New York a lancé un appel à l’ensemble des chefs d’Etats et en particulier aux membres du Conseil de sécurité de l’ONU ainsi qu’au secrétaire général des Nations unies.
Au cours de sa mission de plaidoyer à New York (23 -26 septembre 2013), la délégation a pu rencontrer les missions diplomatiques des Etats-Unis, de France, du Rwanda, d’Australie, entre autres, des représentants de l’Union européenne, des agences de l’ONU ainsi que des ONG. La délégation est soutenue par le CCFD-Terre Solidaire, le Secours Catholique-Caritas France et ACORD. La délégation est accompagnée par Zobel Behalal, chargé de plaidoyer paix et conflits au CCFD-Terre Solidaire et Joseph Donnelly, chef de la délégation de Caritas Internationalis auprès des Nations unies.
Appel pour la sortie de crise en République Centrafricaine
La crise que connaît la République centrafricaine (RCA) reçoit fort heureusement une attention grandissante de la part de la communauté internationale. Aux nombreux défis sécuritaires s’ajoutent aujourd’hui des défis humanitaires qui doivent être réglés au plus vite afin de préserver le pays et toute la région de l’implosion. Nous, acteurs de la société civile et représentants des communautés religieuses, appelons les Etats réunis cette semaine à New York à adopter les recommandations ci-dessous :
1. Sur le volet sécuritaire
Le dispositif actuel pour restaurer la sécurité a montré ses limites. Pour diverses raisons, les forces de l’Afrique centrale n’arrivent pas à assurer la protection des populations civiles des exactions commises par les Séléka. Il faut donc :
– Renforcer le mandat de la MISCA en lui permettant de passer sous le chapitre VII de la charte des Nations unies ;
– Apporter un appui logistique et financier pour le déploiement de la MISCA sur tout le territoire ;
– Travailler à l’élargissement de la MISCA à des forces armées des autres pays de l’Afrique ;
– Développer une politique concertée de DDR pour rapatrier les mercenaires étrangers présents sur le territoire de la RCA et réinsérer les nationaux dans le tissu socioéconomique ;
– Mettre en place une stratégie pour une réforme du secteur de la sécurité.
2. Sur les droits de l’homme et la lutte contre l’impunité
Au cours de ces 10 dernières années, la situation des droits de l’homme n’a cessé de se détériorer. Les exactions et abus dont seraient auteurs les différents protagonistes de la crise ne peuvent pas rester impunis si l’on veut ramener la paix. Nous appelons donc :
– A la mise sur pied d’une commission d’enquête internationale pour établir les responsabilités dans les violations des Droits de l’homme de 2003 à 2013 ;
– Au renforcement de la commission mixte d’enquête en lui donnant des moyens logistiques et une assistance technique ;
– Au renforcement de l’Etat de droit.
3. Sur le volet humanitaire
L’amplification de la crise ces derniers mois a aggravé la situation humanitaire. Le nombre de déplacés ne cesse d’augmenter. Craignant pour leur vie, les humanitaires ont déserté le pays. Nous voulons :
– Une sécurisation des couloirs et du personnel humanitaires ;
– Une aide au retour des personnes déplacées et des réfugiés ;
– Une attention particulière à la reconstitution des outils de production des populations notamment dans le domaine agro pastoral.
4. Sur la dimension économique du conflit
Les rebelles de la Seleka contrôlent les sites d’exploitation du diamant et d’autres ressources naturelles. Ils ont utilisé les revenus du commerce de ces ressources pour financer le récent coup d’Etat. Il faut aller plus loin que la simple suspension de la RCA du processus de Kimberley en :
– Favorisant une cartographie détaillée de la présence des groupes rebelles sur les sites d’exploitation des ressources naturelles (diamant, or…) ;
– Donnant le mandat à la MISCA de sécuriser les sites d’exploitation des ressources naturelles ;
– Permettant une coopération sous régionale afin d’empêcher que les ressources naturelles qui financent les violences aient des débouchés internationaux.
5. Sur l’implication de la société civile
Depuis quelques mois, nous constatons des signes inquiétants qui font craindre une confrontation entre communautés chrétiennes et musulmanes. La société civile et les confessions religieuses sont particulièrement actives sur la préservation du vivre ensemble de plus en plus menacé en RCA. Aussi demandons-nous :
– Qu’elles soient reconnues et renforcées dans leurs capacités d’action.
– Qu’elles soient associées au processus de réconciliation et de reconstruction
Pour nous, le retour à une paix durable en RCA ne se fera pas sans la participation de la société civile. A toutes les étapes du processus, il serait dangereux de ne consulter que les forces politiques ou militaires.
Fait à New York, le 24 septembre 2013
Mme Béatrice Emilie EPAYE – présidente de La Voix du Cœur
Mgr Nestor Désiré NONGO AZIAGBIA – évêque de Bossangoa
Rev. Nicolas GUEREKOYAME-GBANGOU – président du Comité exécutif de l’Alliance des Évangéliques en Centrafrique
Me Mathias Barthélemy MOROUBA – président de l’Observatoire centrafricain des droits de l’Homme (OCDH)
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