L’Organisation mondiale du commerce (OMC), réunie le week-end dernier à Genève, vient de suspendre les négociations commerciales du cycle de développement de Doha, lancées en novembre 2001.
Dès le lendemain de la Conférence ministérielle de Hong Kong qui s’est déroulée en décembre dernier, les ONG françaises de solidarité internationale ont exprimé leur profonde déception en réaction à la déclaration finale, regrettant que le cycle de Doha ne mette pas suffisamment le développement et la régulation du commerce à l’ordre du jour des négociations.
Aujourd’hui, elles espèrent que la suspension sine die des négociations décidée ce week-end représente une véritable opportunité pour les membres de l’OMC d’introduire une nouvelle approche au sein du système commercial international, mettant au centre des discussions les intérêts des populations les plus vulnérables.
C’est le moment de prendre en compte les limites du modèle
Coordination SUD s’associe ainsi à l’IATP (Institute for Agriculture and Trade Policy), ONG américaine partenaire, qui déclarait lundi : « C’est le moment de prendre en considération les limites du modèle actuel, et de s’orienter vers l’élaboration de règles commerciales multilatérales dont l’objectif est réellement d’améliorer les conditions de vie de la population mondiale, de lutter contre le chômage et de permettre aux pays pauvres de développer leurs économies. »
De nombreuses études ont été publiées récemment, prouvant que les bénéfices d’un accord iraient principalement aux pays les plus riches. Les membres de l’OMC ne peuvent plus faire semblant de ne pas avoir connaissance de ces éléments. […] Plus personne n’est prêt à accepter une issue qui continue de dévaster les communautés rurales et qui ne favorise pas l’accès à des conditions de travail décentes.”
L’exclusion de 3 milliards de personnes
Pour Henri Rouillé d’Orfeuil, Président de Coordination SUD, « les organisations paysannes et les ONG, qui travaillent à leurs cotés, savent qu’une mise en compétition de toutes les agricultures du monde sur un marché mondial complètement libéralisé est, pour 2,8 des 3 milliards de personnes qui vivent de la production agricole, synonyme de condamnation à mort économique. Nous ne pouvons admettre un système qui organise l’exclusion de près de 3 milliards de personnes! »
Coordination SUD a d’ailleurs montré, dans son rapport « Agriculture : pour une régulation du commerce mondial. Mettre le développement au coeur des négociations de l’Accord sur l’agriculture à l’OMC », publié à la veille de la conférence interministérielle de décembre dernier, que les dix ans de libéralisation du commerce agricole menée par l’OMC ont entraîné de nombreux perdants, souvent parmi les plus pauvres et vulnérables, et que d’autres règles étaient nécessaires pour encadrer le commerce agricole mondial.
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