Une agence d’information alternative en Amérique latine

Publié le 16.05.2014| Mis à jour le 07.12.2021

Sur un continent marqué par la présence de grands groupes de presse omnipotents, comme Globo au Brésil ou Clarin en Argentine, les médias alternatifs  latino américains constituent souvent les seuls moyens pour la société civile de faire entendre sa voix. Faciliter l’intégration et la solidarité, malgré les difficultés financières : c’est la mission que s’est fixée l’Agence d’Information Frei Tito pour l’Amérique Latine (ADITAL).


L’agence ADITAL a été fondée en février 2001 par Ermanno Alegri, un religieux italien naturalisé brésilien, qui vit au Brésil depuis 1974. « Lorsque je suis arrivé dans ce pays, j’ai travaillé au sein de la Commission Pastorale de la Terre (CPT), explique-t-il. J‘ai été marqué par l’absence de moyens de communication, alors même que le monde rural avait, et a encore aujourd’hui, besoin de visibilité  ». Après avoir été Coordinateur national de la CPT, Ermanno Alegri part effectuer, en 1991, son travail pastoral dans la banlieue de Fortaleza, au nord-est du pays. Cinq ans plus tard, il y créée l’Agence d’Informations Esperanza (ANOTE). Objectif ? Divulguer les initiatives des différents mouvements sociaux, ONG, organisations syndicales, pastorales de l’Eglise liées à la problématique sociale, et autres groupes de défense de droits de l’homme de la région aux médias.

Une agence d’informations continentale

En 2000, changement de dimension. « Frei Betto [[Théologien brésilien de la libération, acteur clef des débats du Forum Social Mondial, consultant auprès de nombreux mouvements sociaux d’Amérique Latine et ancien conseiller du président Brésilien, Lula.]] m’a demandé de créer ADITAL sur le même principe qu’ANOTE, se souvient Ermanno Alegri. Sauf que là, il s’agissait de travailler au niveau continental ! » ADITAL débute symboliquement son activité lors du 1er Forum Social Mondial (FSM) de Porto Alegre, dans le sud du Brésil, qui se tient du 25 au 30 janvier 2001. « C’était un moment important et historique, raconte le religieux. Car nous avions devant nous des hommes et des femmes qui étaient les nouveaux protagonistes de la société civile latino américaine ».

Plus de 3 millions de pages lues par mois

Face à l’ampleur de la tâche, l’agence ADITAL a bien sûr été obligée de se structurer. En répondant à deux problématiques : d’abord, établir une liste de mouvements susceptibles d’être des sources d’information. Puis déterminer qui allait recevoir ces informations. Autrement dit, pour qui écrire ? « L’option du site Internet s’est imposée d’elle-même, compte-tenu de la couverture continentale, souligne Ermanno Alegri. Aujourd’hui, nous disposons de plus de 5 000 sources et recevons chaque jour près de 400 mails contenant des informations à diffuser ». Et le lectorat ? « Nous comptons 95 000 lecteurs, avec plus de 3 millions de pages lues chaque mois, assure le directeur d’ADITAL. Et nous avons près de 7 000 fans sur Facebook ».

Un enjeu majeur

Ce succès est loin d’être une surprise. « La communication alternative est devenue un enjeu majeur, rappelle Ermanno Alegri. Dans un monde où les médias ont un pouvoir toujours plus important, et où les médias dominants sont capables d’interférer dans le débat démocratique, les médias alternatifs sont autant de contre pouvoirs indispensables. Il nous incombe donc de former l’opinion publique ». Car au fond, pour le responsable d’ADITAL, le véritable enjeu est de savoir quelle information il faut donner. « Doit-on donner à connaître des faits et des réflexions qui vont permettre aux personnes de devenir des citoyens-consommateurs ou des citoyens solidaires et participatifs ? »

Le CCFD-Terre Solidaire encourage la communication alternative

« Le CCFD-Terre Solidaire appuie depuis très longtemps les partenaires qui travaillent sur le terrain de la communication alternative, précise Yvonne Belaunde, chargée de mission pour l’Amérique latine. C’est d’autant plus important que l’accès à l’information est à la fois un gage de liberté et une étape indispensable dans la structuration de la société civile. Bon nombre de nos partenaires disposent aujourd’hui de sites web. Cela leur permet évidemment d’avoir une visibilité. Mais ce sont surtout de précieux outils de diffusion de l’information ».

Varier les sources de financements

Reste que la santé des médias alternatifs est fragile. Et ADITAL n’échappe pas à la règle. Au point que chaque année, Ermanno Alegri se demande si l’agence pourra poursuivre sa mission. « En 2014, nous allons devoir travailler avec seulement deux journalistes bénévoles, explique t-il. Mais nous allons nous mobiliser pour développer et varier le plus possible nos sources de financements ». Outre les appels permanents à la générosité des lecteurs, les ventes de « produits » (livres, CD, etc…) et les subsides des agences de coopération, le directeur d’ADITAL prévoit de faire des demandes de financements auprès du gouvernement brésilien et même d’accueillir sur le site de la publicité institutionnelle.

Jean-Claude Gerez

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