Brésil/Sao Paulo, ville ouverte aux migrants
Pays émergent, le Brésil est devenu un véritable pôle d’attraction pour des milliers de migrants en quête de travail. Ils viennent des pays voisins, mais aussi d’Haïti, d’Afrique, d’Asie, d’Europe… La mégapole de São Paulo accueille 60 % des migrants du pays. Depuis 2012, la ville a pensé leur intégration comme un enjeu majeur des droits de l’homme.
“Au Brésil les politiques migratoires se décident au niveau de l’État fédé ral (voir encadré ci-contre). Depuis 2004, les mouvements sociaux plaident pour qu’il y ait, au niveau local, des instances qui s’occupent des migrations. Mais à São Paulo, le parti de droite (Parti social démocrate au pouvoir durant dixhuit ans) n’en voulait pas », explique Paulo Illes, coordinateur des politiques migratoires de la ville depuis 2013.
Mais lorsque Fernando Haddad, du Parti des travailleurs (PT) conquiert la mairie, en octobre 2012[[Soutenu par l’ancien président Lula et l’actuelle présidente Dilma Roussef, Fernando Haddad a remporté ces élections le 28 octobre 2012, avec 55 % des voix.]], la vision change. « On est passé d’un angle tout sécuritaire à un angle droit de l’homme et citoyenneté », explique Paulo. Sous l’impulsion du travail de plaidoyer mené depuis des années par la société civile, la mairie crée un département des droits humains dans lequel elle intègre pour la première fois une coordination des politiques migratoires.
Pour Paulo Illes, issu lui-même du mouvement associatif qui dirige cette équipe de quatre personnes depuis 2013 : « C’est un changement de paradigme : nous pensons la ville comme une ville monde, une ville universelle. À São Paulo, les migrants sont des sujets de droit, des citoyens de la ville. Cette évolution est une conquête des mouvements sociaux. »
L’intégration, facteur de cohésion sociale
Cette nouvelle politique repose sur deux piliers essentiels : la citoyenneté et l’intégration. Une des premières décisions de la mairie a été de promouvoir la participation des migrants au conseil municipal. Dans cette ville divisée en trente-deux sous-préfectures, les migrants peuvent participer, à titre consultatif, au conseil municipal dans les vingt sous-préfectures qui comptent plus de 20 % de migrants. Convaincue que l’intégration est un facteur essentiel de cohésion sociale, elle propose également des cours de portugais aux nouveaux arrivants. Et, pour rompre l’isolement de la communauté bolivienne (une des communautés les plus importantes du Brésil) qui travaille essentiellement dans l’industrie textile, dans des conditions très dures, parfois aux limites du travail esclave, la coordination a recruté des agents de santé boliviens qui facilitent leur accès à la santé et aux services publics.
La coordination a ouvert un hébergement municipal d’une capacité de sept cents lits qui complète les hébergements associatifs. Et en novembre 2014, un centre de référence a vu le jour qui fournit aux migrants des conseils juridiques, un soutien psychologique et une aide à la formation professionnelle. La mairie travaille actuellement sur un projet de loi avec le gouvernement fédéral, afin de pérenniser ces acquis, pour qu’ils ne soient pas remis en cause en cas de changement de majorité. Ces premiers pas montrent clairement que les collectives locales – instances de proximité –, ont un rôle déterminant à jouer pour penser l’intégration des migrants.
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