Bernard Pinaud au Timor Leste, « soutenir les paysans et la société civile »
Le Délégué général du CCFD-Terre Solidaire, Bernard Pinaud, était en mission au Timor Leste du 12 au 22 juillet 2016 pour aller à la rencontre des partenaires. Frappé par l’histoire récente et douloureuse de ce jeune état, il est impressionné par la manière dont cette toute jeune société civile s’organise pour former et appuyer les paysans, qui représentent l’essentiel de la population.
Alors que nous montons le flanc d’une montagne en voiture pour visiter un projet de gestion d’une source d’eau par une communauté paysanne, Jenito Santana, le directeur de l’organisation Kdadalak Sulimutuk Institute (KSI), partenaire du CCFD-Terre Solidaire, me dit « Tu vois, Bernard, mon oncle vivait, là, sous terre, pour se cacher pendant la Résistance ».
Une occupation sanglante
Le lendemain, le fondateur de KSI, Antero da Silva, nous explique lui aussi qu’il avait dix ans quand l’armée indonésienne d’occupation a tué son père adoptif. Plus tard, jeune séminariste à Manille, aux Philippines, il fait circuler des informations sur l’horreur de la répression indonésienne lors d’une rencontre internationale. Il finit par quitter le séminaire pour rentrer au pays et rejoindre la Résistance. Ici, la Résistance, c’est-à-dire la lutte armée de libération face à l’envahisseur indonésien, est très présente dans les esprits. Les combattants sont considérés comme des héros.
La période de l’occupation indonésienne, qui a duré 24 ans et fut d’une horrible brutalité, a considérablement marqué la population. Seulement dix jours après la déclaration d’indépendance du Timor Leste, ancienne colonie portugaise, l’armée indonésienne a envahi le pays début décembre 1975.
L’ONG Amnesty International estime qu’un tiers de la population, soit environ 200 000 personnes, a été tuée dans les quatre premières années de l’occupation. Pendant cette période 60 % de la population a été placée dans des camps d’internement, dans l’indifférence totale de la communauté internationale. La moitié du bétail a également été décimé, tandis que la forêt était aussi largement pillée et détruite.
Timor Leste ne redevient indépendant que le 20 mai 2002.
Un pays à construire
C’est donc une toute jeune nation que j’ai rencontrée lors de ma mission au Timor Leste en juillet 2016. La société civile est, elle aussi, jeune et fragile, à l’image de la population, dont 60% a moins de 25 ans. Les enjeux de formation et d’emploi y sont énormes.
En soutenant trois organisations partenaires dans ce petit et nouveau pays de 1,2 million d’habitants, c’est l’émergence d’une société civile structurée que le CCFD-Terre Solidaire souhaite appuyer.
Pour cela, le CCFD-Terre Solidaire a d’abord opté pour l’appui à des organisations œuvrant dans le milieu agricole. En effet, 63 % de la population travaille dans l’agriculture qui, à part le café, reste de subsistance.
Priorité à l’agriculture
– A Baucau, à l’est du pays, le CCFD-Terre Solidaire soutient son partenaire CDC – Centre de développement communautaire – dans la création d’un centre de formation professionnel agricole, le deuxième seulement dans le pays.
Les 21 élèves, dont 6 jeunes femmes, de cette deuxième promotion nous montrent un à une avec fierté, leur plantation de tomates bio. Ils nous expliquent pourquoi ils ont fait le choix de cette formation en internat sur quatre mois : ce sont des fils et des filles de paysans qui veulent développer la production horticole de la ferme de leurs parents.
Les conditions de vie sont spartiates, mais le CDC compte bien, avec l’appui du CCFD-Terre Solidaire, porter les installations aux normes pour recevoir l’accréditation du gouvernement.
– Le CCFD-Terre Solidaire soutient aussi son autre partenaire KSI dans le lancement du jeune mouvement paysan Mokatil, qui rassemble plus de 30 000 familles. Mokatil a rejoint, il y a peu, la Via Campesina, fédération de mouvements et syndicats de petits producteurs agricoles de 74 pays différents. Depuis le début, le CCFD-Terre Solidaire participe à la structuration de ce mouvement mondial, qui représente désormais 200 millions de petits paysans à travers le monde !
Avec Nicolas Heeren – chargé de mission au CCFD-Terre Solidaire – et KSI, nous avons eu la chance d’assister au premier rassemblement régional de Mokatil. Ils étaient 150 à nous attendre sous la tente pour démarrer la journée. Les échanges se sont organisés autour de l’agro-écologie, le droit à la terre, l’accès à l’eau. J’ai été particulièrement frappé par la forte présence de jeunes adultes et leur dynamisme.
– Notre troisième partenaire au Timor Leste, Permatil est, lui, engagé dans la promotion de la permaculture. Depuis ses débuts, l’organisation a formé 6 200 personnes à cette méthode. Et a réussi à faire passer dans le curriculum scolaire la mise en place d’un jardin agro-écologique par école primaire. En 2015, quatre premiers jardins ont d’ailleurs été installés !
Fière, l’équipe de Permatil nous a montré le manuel en bande dessinée qu’elle vient d’éditer. Ce manuel explique aux enfants comment prendre soin du jardin agro-écologique. Il y en a pour le moment trois par classe. Mais l’objectif de Permatil est que chaque enfant ait le sien !
Ces trois organisations partenaires, au-delà de leurs projets concrets de terrain, travaillent à la structuration de la fragile société civile du Timor Leste et participent ainsi à la formation de leur jeune nation.
Le CCFD-Terre Solidaire en les accompagnants est fier d’y participer lui aussi !
Bernard Pinaud,
Délégué général du CCFD-Terre Solidaire
Pour en savoir plus :
Au Timor Leste, Permatil forme les paysans à l’agroécologie
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