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La chronique hebdomadaire de Sylvie Bukhari-de Pontual, présidente du CCFD-Terre Solidaire

Publié le 28.09.2016| Mis à jour le 10.09.2021

Chaque samedi à 8h10 sur radio RCF, Sylvie Bukhari-de Pontual, présidente du CCFD-Terre Solidaire, mais aussi avocate et professeure spécialiste à la fois du droit international et de la pensée sociale de l’Eglise, livre son regard sur l’actualité

Samedi 8 juillet : des raisons d’espérer

Samedi 1er juillet : l’accaparement des terres


Samedi 24 juin : Elan citoyen pour les migrants

Le 17 juin, agriculture en Afrique : investissements privés et insécurité alimentaire

Le 10 juin 2017, élections législatives : l’importance de la mobilisation citoyenne

Le 3 juin 2017 : les sociétés civile comme nécessaire contre-pouvoir et forces de propositions

Le 27 mai 2017 : En Palestine, une situation de plus en plus grave

Le 20 mai 2017, marche mondiale contre Monsato

Le 20 mai s’est tenue la Marche Mondiale contre Monsanto. L’occasion pour Sylvie Bukhari-de Pontual, Présidente du CCFD-Terre Solidaire, de rappeler combien les activités et les pratiques de multinationales telles que Monsanto nuisent à la souveraineté alimentaire, à la santé des populations et ont des conséquences désastreuses sur l’environnement.

Aujourd’hui, à l’initiative de l’organisation « Combat Monsanto » et pour la 5ème année consécutive, se tient la journée mondiale de marches et d’actions contre Monsanto.

Aux quatre coins de la planète, militants, citoyens, paysans font converger leurs luttes. Ils marchent ensemble pour dénoncer une agriculture intensive, usant de pesticides toxiques et volatiles, au bénéfice unique des géants de l’agrochimie, avides de profit, dont Monsanto est le symbole.

L’entreprise numéro 1 des ventes de pesticides et d’OGM dans le monde vend aux paysans un sombre rêve auquel plus personne ne croit.
Au Burkina Faso, par exemple, l’un des premiers pays d’Afrique ayant adopté les OGM pour relancer l’économie de la filière coton : la COPAGEN, partenaire du CCFD-Terre Solidaire, mène depuis trois ans, aux côtés de producteurs cotonniers, une recherche sur l’impact du coton BT, un coton génétiquement modifié mis au point par Monsanto.
L’association a publié en avril dernier un nouveau rapport dont les résultats sont consternants. Perdants, les producteurs se sont rendus compte que le coton BT était de moins bonne qualité. Sur les deux dernières campagnes cotonnières, leurs rendements, et donc leurs profits, ont été inférieurs de 7% à ceux du coton conventionnel.
Autre promesse : alors que le coton BT était vendu comme une plante résistante aux attaques d’insectes et devant permettre de diminuer ainsi les doses de pesticides, les producteurs ont pourtant observé dans le temps une diminution de son efficacité à combattre les insectes. Ils ont dû à nouveau recourir aux pesticides, ce qui est un comble !

Depuis plusieurs années, en France et également dans beaucoup d’autres pays, la société civile est mobilisée et ne compte pas abandonner le combat. La constitution d’une juridiction citoyenne, le « Tribunal Monsanto », en est le meilleur exemple.

Son objectif ? Juger Monsanto pour violations des droits humains, crimes contre l‘humanité et écocide. D’ailleurs, à cette occasion de nombreux partenaires du CCFD-Terre Solidaire étaient venus témoigner. Le 18 avril dernier, ce Tribunal rendait son Avis : par ses activités et ses produits, l’entreprise Monsanto nuit aux droits à l’alimentation, à la santé, et à un environnement sain.

Aujourd’hui, nous devons nous mobiliser et marcher pour montrer notre résistance face à ces multinationales qui tuent nos paysans, nos enfants et notre environnement.
Le CCFD-Terre Solidaire appelle ses bénévoles à être présents dans toute la France pour marcher aux côtés des citoyens.
Rappelons que la France est le premier consommateur européen de pesticides et le troisième au niveau mondial.
Au-delà du cas Monsanto, c’est notre système alimentaire qui doit être transformé : au lendemain de l’élection présidentielle, ces exemples viennent rappeler à notre président nouvellement élu qu’il est urgent de passer d’une agro-industrie dévastatrice à une agriculture familiale et paysanne, porteuse de pratiques agroécologiques.

Car le défi que nous devons relever ensemble, c’est d’être en mesure de répondre aux urgences climatiques, économiques et sociales qui ne peuvent plus attendre et qui nous concernent tous.

Alors, de Caen à Perpignan, de la France au Burkina Faso, de l’Amérique du Sud à l’Europe, rejoignez le cortège ! Marchons contre Monsanto.

Voir les chroniques précédentes ci dessous



Dans le prolongement de la tribune qui a rassemblé 39 mouvements et organisations catholiques entre les deux tours de l’élection présidentielle que j’évoquais la semaine dernière, et à la veille de la prise officielle de fonction du Président de la République nouvellement élu, permettez-moi d’adresser à celui-ci ces quelques mots d’une représentante de la société civile.

Monsieur le Président, vous avez été élu dans les conditions particulières que nous connaissons tous. Cela fait peser sur vos épaules une très lourde responsabilité puisque, dès demain, vous allez être le Président de toutes les françaises et de tous les français.

Je ne sais si, à travers vous ce sont bien l’ouverture à l’autre, à l’Europe, au monde, la solidarité, la dignité, la liberté, l’égalité, la fraternité, le bien commun, qui ont gagné, mais je l’espère, dans l’intérêt de toutes et tous.
Votre mission première : entendre la « clameur » de celles et ceux qui n’ont pas voté pour vous ou qui n’ont pas voté du tout, des plus fragiles, des plus pauvres. Qui expriment ainsi leurs craintes, leurs frustrations, leur désespoir d’être toujours les laissé-e-s pour compte de la société, et qui crient aussi leurs aspirations au changement.

Pour nous, au CCFD-Terre Solidaire qui menons avec d’autres ONG alliées, la campagne « Prenons le parti de la solidarité », comment ne pas déplorer le peu d’attention prêté aux préoccupations que nous portons depuis tant d’années : la solidarité internationale, la lutte contre les causes de la faim, de la pauvreté et des inégalités, la transition écologique, économique et sociale.

En effet, malgré certains engagements sur l’aide publique au développement (APD) ou la transition énergétique, votre programme porte un coup aux exigences de solidarité internationale en liant l’APD aux intérêts économiques français et à la politique migratoire.
Il reste par ailleurs très flou sur la régulation de la finance et des multinationales, ou les investissements dans l’agriculture.
Il privilégie des mesures fiscales qui avantagent les plus riches.

Cela n’est pas acceptable à l’aune des principes de l’Enseignement Social de l’Eglise que je tiens à vous rappeler, à vous qui avez été longtemps élève dans un établissement scolaire jésuite : le bien commun – ce « bien de tous et de chacun » qui doit orienter l’action des chrétiens et de tout homme de bonne volonté, la charité, la destination universelle des biens, la dignité de la personne humaine qui ne dépend pas de sa nationalité, de sa religion, de son statut juridique ni de la couleur de sa peau, la justice, l’option préférentielle pour les pauvres, la solidarité et la subsidiarité.

Nous savons que vivre la solidarité internationale, ce n’est pas chose facile, cela demande du courage, la volonté de se mettre en danger de se laisser bousculer pour regarder, comprendre et accepter l’autre.

Nous voulons également mettre en avant que tous les Françaises et les Français ne sont pas racistes, ni islamophobes. Nous vous suggérons vivement d’aller visiter le site web « sursaut-citoyen.org » : vous y verrez des citoyennes et des citoyens dont personne ne parle et qui sont pourtant une vraie source de réenchantement.

Pour elles et pour eux, accueillir des migrants ne pose aucun problème. Elles, ils, témoignent d’une France solidaire, accueillante, ouverte, qui défend le respect des droits humains, la réciprocité et l’échange.

Alors, Monsieur le Président, vous qui voulez laisser toute leur place aux acteurs de la société civile pour relever les nombreux défis qui sont devant nous et construire l’avenir de notre pays, écoutez leur clameur, et celle de ceux qu’ils appuient pour développer les politiques que vous mettrez en place !

Samedi 6 mai 2017

En cette veille d’élection présidentielle, Sylvie Bukhari-de Pontual, Présidente de CCFD-Terre Solidaire, appelle à la solidarité avec les populations d’Afrique confrontées à une crise alimentaire majeure.

Chers ami(e)s,

Il y a, un peu plus de 2 mois, les Nations Unies tiraient le signal d’alarme et déclaraient l’état de famine au Soudan du Sud.
Depuis la situation n’a cessé d’empirer, plusieurs autres pays tels que la Somalie, le Nord-est du Nigéria, la région du Lac Tchad et le Yémen se trouvent aussi aujourd’hui, confrontés à une situation de famine.

Les chiffres donnés par les Nations Unies sont affolants : plus de 20 millions de personnes sont concernées.

20 millions, c’est presque 1/3 de la population française !
Les raisons d’une telle catastrophe sont multiples et aussi différentes que le sont ces pays menacés. Néanmoins, ces pays sont certes fragilisés et marqués par les aléas climatiques mais ils subissent également guerres, crises politiques et absence des Etats.

Les conflits, les crises politiques et les bouleversements climatiques mettent gravement en péril la sécurité alimentaire des populations : chute de la production agricole, envolée des prix, perte du bétail pour les éleveurs, déplacements de populations pour fuir les exactions des groupes armés… .

Cette crise alimentaire majeure ne touche pas 1 ou 2 pays, mais des régions entières et elle ne cesse de se s’amplifier.
Les informations que le CCFD-Terre Solidaire reçoit de ses partenaires locaux dans certains des pays touchés sont alarmantes. Et pourtant, ils sont mobilisés sur le long terme, malgré les contraintes d’un environnement complexe, aux côtés des communautés menacées afin d’atténuer l’intensité de la crise alimentaire et plus globalement enrayer la spirale des conflits.
Mais ils ont aussi besoin de notre soutien, c’est pour cela que nous avons décidé au CCFD-Terre Solidaire d’appeler à la générosité, d’appeler au don.

Relayer fortement l’appel de nos partenaires africains, est essentiel pour moi. Et plus particulièrement aujourd’hui, à la veille de l’élection présidentielle.
Car nous vivons dans un monde de plus en plus connecté et interdépendant.
Chaque jour, nous entendons les cris d’ici et de là-bas, les cris du monde, de la société, des plus pauvres. Ces cris, nous les entendons, car nous avons conscience d’être d’une même humanité confrontée aux mêmes défis, habitant une même Terre et engagés vers un même avenir.
Nous ne vivons peut-être pas sur le même continent, nous n’avons peut-être pas la même langue, la même couleur de peau, la même origine sociale, les mêmes coutumes ou religions, mais nous devons, comme nous le rappelle le Pape François dans l’Encyclique Laudato Si, construire une « maison commune » où chacun trouveras sa place, un monde plus juste, plus ouvert, plus solidaire et fraternel.

Refusons de construire des murs, de pointer du doigt l’étranger, le pauvre, le différent, l’autre.
Ne cédons pas à la désespérance, recentrons le combat sur les vrais sujets et transformons la clameur du monde en espérance.
Réaffirmons notre foi en l’autre et en notre destin commun

N’oublions jamais que nous sommes citoyen du Monde autant que citoyen français.


Dimanche 16 avril

Le développement passe par le respect des droits humains

Cher.e.s ami.e.s,

Qu’ils soient civils, politiques ou économiques, sociaux et culturels, les droits fondamentaux sont indissociables. L’amélioration d’un droit facilite le progrès des autres. De la même manière, la privation d’un droit a un effet négatif sur les autres. La mise en oeuvre d’un droit de l’Homme sert la réalisation d’autres droits de l’homme.
Un peuple qui a le ventre vide, qui n’a pas d’éducation, ni une bonne santé, ne pourra jamais exercer son droit de vote en connaissance de cause, ni s’exprimer publiquement dans les médias.
La démocratie ne pourra jamais être pleinement appliquée, le développement ne pourra se réaliser si les droits économiques, sociaux et culturels (DESC) continuent à être laissés de côté.

Toutefois, pour que les droits fondamentaux soient pleinement respectés et que chacun ait un accès équitable aux ressources nécessaires pour son épanouissement et son intégration à la société, les États doivent être mis face à leurs responsabilités pour instaurer une véritable justice sociale. Il est, en effet, du devoir de chaque État – sans distinction de système politique, économique et culturel – de promouvoir et de protéger tous les droits de l’Homme et toutes les libertés essentielles, tant par son effort propre que par la coopération internationale.

Voilà pourquoi il est primordial que des acteurs engagés de la société civile fassent pression sur les responsables politiques. Dans le cadre de la campagne « Prenons le parti de la solidarité », le CCFD-Terre Solidaire demande notamment d’instaurer le devoir de vigilance et de promouvoir la transparence fiscale afin de lutter contre l’impunité des multinationales.
Voilà pourquoi il est également si essentiel d’instaurer et de préserver des mécanismes de lutte contre l’impunité, que ce soit par le biais de la justice pénale internationale avec la Cour pénale internationale ou de commissions de type Vérité et Réconciliation comme l’Instance Vérité et Dignité en Tunisie.

Le défi principal des sociétés en sortie de conflit est la construction de la paix. Or le passage de la vérité et de la justice est absolument nécessaire pour retrouver une vraie cohésion sociale. La paix s’enracine dans la justice sociale, le respect des droits humains (en particulier la reconnaissance des droits bafoués), la mise en œuvre du droit international, l’instauration de l’État de droit, l’équilibre entre la lutte contre l’impunité et le besoin de justice dû aux victimes, la protection de l’environnement, le respect de la différence culturelle et religieuse…

Dans un récent discours prononcé le 4 avril dernier pour célébrer le 50ème anniversaire de l’encyclique Populorum Progressio, le Pape François soulignait ainsi que :

« Le devoir de solidarité nous oblige à chercher de justes modalités de partage, afin qu’il n’y ait pas cette dramatique inégalité entre ceux qui ont trop et ceux qui n’ont rien, entre ceux qui jettent et ceux qui sont mis au rebut… Il s’agit d’offrir des modèles viables d’intégration sociale. Tous peuvent apporter une contribution à l’ensemble de la société, tous ont une particularité qui peut servir pour vivre ensemble, personne n’est exclu en vue d’apporter quelque chose pour le bien de tous. C’est à la fois un droit et un devoir. »

Voilà le défique, tous ensemble, nous devons relever.

Samedi 8 avril

La joie de Pâques, Christ est ressuscité !

Cher.e.s ami.e.s,

Comme beaucoup d’entre vous le savent, Pâques signifie passage.
Dieu a libéré son peuple en lui faisant traverser la Mer Rouge conduit par Moïse : il est passé de l’esclavage à la liberté.
Pour nous chrétiens, le Christ est mort et ressuscité : c’est le passage de la mort à une vie éternelle donnée et voulue par Dieu.

Croire en la Résurrection, celle de Jésus ou la nôtre, voilà qui n’est pas facile, c’est le moins que l’on puisse dire. La Résurrection est folie et scandale, dit saint Paul, mais en même temps, y croire est la plus haute des raisons. Voilà pourquoi la Résurrection est au coeur du christianisme, c’est la Bonne nouvelle par excellence.
Si le Christ est ressuscité, c’est que la mort n’est pas la fin de tout ; s’il nous entraîne dans sa Résurrection, c’est qu’une espérance est toujours possible même au moment des épreuves les plus insurmontables. Les chrétiens cherchent à témoigner que ni la mort ni la nuit n’ont le dernier mot ; ils confessent que nous sommes appelés à vivre, et à vivre debout, dans l’attitude du Ressuscité.

Les chrétiens témoignent de l’amour de Dieu pour tout homme, un amour sans condition qui les appelle à la vie. C’est cet amour, et lui seul, qui sauve le monde.
Il ne s’impose pas par la force du droit ou par des jeux politiques. Il est accueilli dans le coeur des croyants comme un feu qui embrase tout leur être et qui illumine leur conscience, leurs décisions, leurs projets. L’Evangile se répand de cette manière ; sans bruit, sans violence, sans stratégie.

La force incroyable de l’Evangile est de nous aider à penser l’homme peut-être avant tout dans sa faiblesse et sa précarité. La dépendance et la fragilité ne sont pas des défaites pour la personne humaine. Parce que sa dignité vient de plus haut ; elle vient de Dieu. Elle vient de ce qu’elle est aimée inconditionnellement. Et de ce qu’elle est capable d’aimer inconditionnellement.

Le Christ ressuscité « nous donne son regard de tendresse et de compassion envers les affamés et les assoiffés, les étrangers et les prisonniers, les marginaux et les exclus, les victimes des abus et de la violence ». (Pape François, Pâques 2016).

En ce temps de campagne électorale, veillons à garder les plus faibles et les plus pauvres, notamment les étrangers, ceux qui sont ici, les migrants, les exilés, comme ceux qui sont loin, à l’image des partenaires du CCFD-Terre Solidaire, au coeur de toute orientation politique. Toute personne mérite notre solidarité.

« Face aux gouffres spirituels et moraux de l’humanité, face aux vides qui s’ouvrent dans les coeurs et qui provoquent la haine et la mort, seule une miséricorde infinie peut nous donner le salut. Seul Dieu peut remplir de son amour ces vides, ces abîmes, et nous permettre de ne pas nous écrouler, mais de continuer à marcher ensemble vers la Terre de la liberté et de la vie », nous dit le Pape François (à Pâques 2016).

Nous sommes faits pour la vie ! A tous ceux qui, dans nos sociétés, ont perdu toute espérance et le goût de vivre, qui pensent ne pas avoir d’avenir, voici le message de Pâques : « Voici que je fais toutes choses nouvelles… A celui qui a soif, moi, je donnerai l’eau de la source de vie, gratuitement » (Ap 21, 5-6).
Belle fête de Pâques à toutes et tous !

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