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A Haïti, entre cyclones et sècheresses, assurer l’accès à l’eau

Publié le 21.03.2018| Mis à jour le 08.12.2021

Dans le cadre de la Journée mondiale de l’eau, zoom sur Haïti. Dans un pays touché par des sècheresses de plus en plus longues et intenses, garantir l’accès à l’eau, c’est préserver les populations contre la faim.


Indispensable à la vie, l’eau est une ressource inégalement accessible sur la planète. Alors qu’un Européen consomme en moyenne 135 litres d’eau par jour, 880 millions d’êtres humains dans le monde n’ont pas accès à l’eau potable.

Haïti fait partie des pays où l’accès à l’eau est le plus précaire. Les points d’eau sont souvent situés à plus de 30 minutes de marche des villages, jusqu’à 2 heures dans certaines régions. [[Si bien que l’on commence à parler « d’esclaves de l’eau » pour désigner les personnes, souvent des femmes et des enfants, qui prennent quotidiennement en charge les tâches d’acheminement de l’eau.]] De nombreuses communes ne sont pas équipées d’infrastructures pour puiser de l’eau potable dans des conditions sanitaires satisfaisantes. Beaucoup d’Haïtiens continuent de puiser leur eau dans des sources laissées à l’air libre, à la merci des maladies.

Rencontre avec Jean-Marie Joinville et Jean-Zenny Bazile Coffy, représentants de Concert’Action, une association haïtienne qui se consacre à l’amélioration de l’accès à l’eau pour les communautés locales.

L’eau, un enjeu vital

Il n’est pas rare que des épidémies de maladies liées à l’eau touchent les habitants par dizaines, en particulier à la suite des périodes cycloniques et des catastrophes naturelles. Le séisme de 2010 a ainsi été suivi d’une épidémie de choléra qui a fait près de 10 000 morts.

L’eau est également un enjeu crucial pour la sécurité alimentaire des populations. L’irrigation des cultures devient compliquée, avec le réchauffement climatique qui intensifie les périodes de sècheresse. Or, elle est d’autant plus capitale que les populations ont besoin de récoltes satisfaisantes en période sèche pour constituer des réserves de nourriture conséquentes, afin de faire face à la destruction des cultures lors des périodes cycloniques.

Récupérer les eaux de pluie et aménager les sources

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Concert’Action s’emploie à développer, avec les communautés locales, des solutions pour assurer :

  • l’accès à l’eau potable
  • l’irrigation des cultures.

Cela passe par la construction d’ouvrages de récupération des eaux de pluie en période cyclonique pour l’irrigation, et par l’aménagement des sources pour la consommation humaine.

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La construction des ouvrages est cependant compliquée par les conditions climatiques extrêmes du pays. L’ouragan Matthew, qui a dévasté Haïti en 2016, a fortement endommagé les ouvrages réalisés par Concert’Action. L’association s’emploie depuis à leur réhabilitation. Elle reçoit pour cela l’appui du CCFD-Terre Solidaire, qui a permis de lancer les travaux dans deux de ses neuf réseaux communautaires. Cette action est aussi financée par l’Agence de l’Eau Loire Bretagne et le Conseil Régional Centre Val de Loire dans le cadre de leur appui à des actions de Solidarité Internationale.

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« Le problème, c’est que la construction d’ouvrages assez robustes pour résister aux cyclones coûte cher. Pour l’instant, on ne peut pas la mettre en œuvre sur tous nos territoires d’intervention, mais nous observons de très bons résultats là où nous avons déjà pu le faire »

Il est important pour l’association d’inclure les familles dans ces processus de construction et d’entretien des ouvrages.

« L’objectif de Concert’Action est de travailler progressivement à l’autonomisation des communautés, afin qu’elles puissent être actrices de leur propre résilience »

Sensibiliser les populations

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La sensibilisation aux enjeux liés à l’eau fait partie intégrante du travail de l’association. Dans le cadre d’un programme de santé communautaire, elle œuvre à inciter les populations à traiter l’eau, ou encore à se laver les mains avant les repas. Il s’agit aussi de les convaincre de renoncer à la gratuité de l’eau sale et de cotiser au réseau de gestion de l’eau, afin que les aménagements puissent être faits.

La tâche est parfois ardue. Les croyances et pratiques ancestrales de certaines communautés les poussent en effet à refuser d’aménager leurs sources ou de modifier leur gestion des déchets, encore trop souvent rejetés dans les points d’eau.

« C’est difficile de sensibiliser les gens quand on va à l’encontre de leurs croyances et coutumes. Mais c’est un travail essentiel si on veut améliorer l’accès à l’eau potable à Haïti »

Reconstituer les nappes phréatiques et prévenir les inondations

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Haïti subit de plein fouet les conséquences du réchauffement climatique et d’une gestion environnementale catastrophique. Avec une perte de 98 % de ses forêts en moins de trois siècles, les sols du pays ont perdu une grande partie de leur capacité d’infiltration des eaux de pluie.

Les risques d’inondation sont désormais accrus. Les pluies torrentielles ne peuvent plus être absorbées par les sols. Elles ruissellent et s’accumulent en véritables torrents, détruisant tout sur leur passage.

D’autre part, les nappes phréatiques ne bénéficient plus suffisamment de l’infiltration des eaux de pluie pour se maintenir à des niveaux satisfaisants. Les programmes de reboisement permettent de redonner aux sols leur capacité d’infiltration des eaux. Les arbres sont par ailleurs des remparts efficaces pour atténuer la force des vents.

Enfin, Concert’Action travaille activement à l’adaptation de l’agriculture pour faire face aux sècheresses. Parmi les solutions mises en oeuvre, l’agroécologie propose des techniques respectueuses de l’environnement qui, en plus de préserver et enrichir les sols, permettent d’optimiser l’utilisation de l’eau.

Le mot de Jules Girardet, chargé de mission pour Haïti au CCFD-Terre Solidaire :

En Haïti, agroécologie et gestion de l’eau sont étroitement liées. Les pratiques agroforestières permettent une meilleure captation des ressources hydriques destinées à la consommation et à l’irrigation des parcelles. C’est une réponse à la fois à la déforestation, à l’accentuation des phénomènes climatiques extrêmes et à la sécurité alimentaire de ces zones reculées.

Solène Attab

A suivre prochainement sur le site du CCFD-Terre Solidaire : A Haiti, six stratégies pour adapter l’agriculture au changement climatique

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