A Mindanao, le défi d’instaurer la paix entre les communautés

Publié le 30.04.2021| Mis à jour le 20.12.2021

Au sud des Philippines, notre partenaire lutte pour faire reconnaître les droits des différentes communautés qui composent l’île de Mindanao et créer du dialogue. Sylvain Ropital, chargé de mission Asie au CCFD-Terre Solidaire nous en dit plus sur la gouvernance du pays et de l’île.


La crise sanitaire a exacerbé les inégalités et les répressions dans de nombreux pays. C’est le cas aux Philippines, où le président, Rodrigo Dutertre, exerce son pouvoir de manière tyrannique depuis 2016. Le Gouvernement a profité de la pandémie pour réduire davantage la portée des mouvements sociaux, pour poursuivre les assassinats extrajudiciaires et justifier les violations des droits humains commises par la police nationale.

Sous couvert de la lutte contre la drogue, on compte à présent plus de 27 000 morts sous les balles de la police depuis l’arrivée au pouvoir de Duterte.
Une loi « antiterrorisme » passée en urgence au cours de l’année 2020 a entraîné une hausse de la répression à l’égard de ses opposants politiques et des médias.

C’est au cœur de l’île de Mindanao, au sud des Philippines, que notre partenaire le MPPM (Mindanao People Peace Movement) agit pour la paix. Cette île est partagée entre trois communautés : musulmane (les Moros), chrétienne, et indigène (les Lumads).

Un accord de paix a été signé en 2014 entre l’un des mouvements indépendantistes musulmans et le gouvernement national à Manille pour mettre fin à une guerre qui les opposait depuis quarante ans. Ainsi, une nouvelle région autonome Bangsamoro, qui signifie « terre des Moros », a vu le jour en janvier 2019 par voie de référendum.

Mais cet accord néglige la troisième communauté, les populations indigènes : au delà d’un manque de reconnaissance de leur culture et de leur identité, leurs droits sur les domaines ancestraux sont ignorés, livrant les terres communes aux convoitises des compagnies minières et de l’agro-business.

Lire aussi : A Mindanao, les populations indigènes grandes perdantes de l’accord de paix.

Le MPPM regroupe 170 associations ou organisations alliées autour de la question des droits de l’homme et de la construction d’une paix durable à Mindanao. MPPM a toujours eu le souci d’inclure les trois communautés principales de l’île et leur permet des échanges et des prises de position collectives.

L’organisation a joué un rôle important au moment du référendum afin que les habitants puissent voter de manière informée. MPPM poursuit aujourd’hui son combat pour obtenir la reconnaissance des droits des populations indigènes.

Pour en savoir plus : Sur l’île de Mindanao déchirée, il fait dialoguer musulmans, chrétiens et indigènes.

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