Afrique du Sud
Les migrants victimes des mécanismes d’exclusion
Les migrants sont victimes d’une forte discrimination dans une société encore très marquée par l’inégalité sociale.
John Jabasteer Kennedy Eager
John Jabasteer Kennedy Eager est professeur d’anglais à l’association ARESTA, partenaire du CCFD depuis 2001. L’Aresta donne aux migrants des atouts pour s’insérer dans la société sud-africaine.
Paris, le 29 février 2008
Perçue comme un îlot de stabilité économique et politique, « l’Eldorado » sud-africain attire principalement les migrants d’Afrique mus par l’espoir de trouver du travail ou par l’urgence de fuir leurs pays ravagés par les conflits. Or, la société sud-africaine reste profondément inégalitaire et le virage néo-libéral de 1996 n’a fait qu’accentuer les inégalités sociales.
La politique musclée de « gestion des flux » a été corrigée en 1994-95 par la mise en place d’une procédure d’asile. Considérés comme clandestins tant qu’ils n’ont pas déposé une demande, les réfugiés se retrouvent isolés, victimes du racisme et de la corruption. Et dans ce parcours du combattant pour s’intégrer et faire respecter leurs droits, la maîtrise de l’anglais reste incontournable.
L’héritage de l’apartheid
C’est un fait que la société sud-africaine reste raciste. Etant moi-même un migrant économique, je remarque que seuls les « coloured », les Indiens comme moi, ont des relations avec les Blancs. Tout se joue sur la connaissance et la maîtrise des codes sociaux et bien logiquement, s’exprimer en anglais est plus qu’un atout, c’est une compétence indispensable.
Or, pour les migrants francophones qui viennent principalement de la République démocratique du Congo c’est plus dur. En fait, les Noirs restent entre eux. Mais sortir de la spirale de l’exclusion reste difficile. Car à la barrière de la langue s’ajoute celle de la résidence. La majorité des réfugiés vit dans les townships et est loin d’avoir les moyens financiers d’habiter une banlieue sûre. S’ils trouvent aisément du travail en tant que gardiens ou laveurs de voiture, ils subissent quand même cette exclusion urbaine et la criminalité qui y est associée.
Sensibiliser la société et les autorités
L’exclusion la plus flagrante s’opère avant tout sur les femmes qui doivent s’occuper de leur famille. C’est elles encore qui doivent faire face à l’administration tatillonne qui leur refuse l’accès aux soins ou les services juridiques auxquels les demandeurs d’asile ont légitimement le droit
C’est l’une des raisons qui pousse ARESTA à créer une crèche afin qu’elles aient le temps d’acquérir des compétences qui les aideront à s’intégrer.
Du côté de l’aide directe aux migrants, les associations sont très actives et efficaces. Par contre, la sensibilisation de la société et des autorités aux droits des migrants demeure complexe. Nous apparaissons tous encore trop souvent comme des clandestins.
Propos recueillis par Guylaine Saffrais.
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