Afrique : La lutte contre la faim ou le profit des multinationales
En Afrique subsaharienne, la Nouvelle alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition (NASAN) lancée en 2012 au G8 profite surtout aux grandes entreprises multinationales au détriment du développement du tissu économique local.
La Nouvelle alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition (NASAN) est une initiative internationale lancée à la réunion du G8 de Camp David en mai 2012. Elle regroupe actuellement les Etats du G8, l’Union africaine, le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), son Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine (PDDAA), les gouvernements de dix pays africains et 227 entreprises nationales et internationales. L’objectif affiché de cette initiative est de lutter contre l’insécurité alimentaire et aider quelques 50 millions de personnes en Afrique sub-saharienne à sortir de la pauvreté d’ici 2022. Mais, les moyens promus consistent à « libérer le pouvoir du secteur privé », et pousser les Etats africains à mettre en œuvre des mesures de dérégulation et d’ultra-libéralisation de leur secteur agricole. Officiellement, on annonce une répartition équilibrée des investissements privés entre entreprises locales et internationales, mais dans les faits, cet équilibre est loin d’être atteint. Les entreprises soutenues par cette initiative sont majoritairement des entreprises multinationales ou de capitaux étrangers. Au Burkina Faso, par exemple, aucune entreprise nationale n’est parvenue à engager les investissements annoncés en raison de difficultés d’accès au crédit, alors même que plusieurs multinationales en bénéficient et qu’il s’agit de l’un des objectifs de la NASAN dans ce pays. On retrouve aussi la participation, dans au moins quatre pays des quatre mêmes multinationales : United Phosphorous Limited, ETG, Cargill et Yara. Le choix de ces sociétés, leaders dans les secteurs Semences et fertilisants, Cultures de rente, Négoce des matières premières agricoles (Cargill, Dreyfus) questionne. Ces grands traders de matières premières agricoles dominent largement le marché, notamment celui des céréales. En quoi ces acteurs économiques répondent-ils à l’insécurité alimentaire des populations africaines, aux défis des petits paysans, à l’enjeu de la préservation de l’environnement ? En favorisant la mise en place d’un modèle agricole basé sur l’agrobusiness, la privatisation des semences, l’utilisation massive d’intrants chimiques et des OGM, et le développement des cultures d’exportation et des cultures de rente, la NASAN profite prioritairement aux grandes entreprises multinationales au détriment du développement du tissu économique local.Considérant que la France, pays des droits de l’Homme, met désormais sa diplomatie au service exclusif des entreprises multinationales. EcouterEn savoir plus : G8 : Nouvelle Alliance pour la Sécurité Alimentaire et la Nutrition, vitrine ou miroir aux alouettes? (communiqué, juin 2014) La faim un business comme un autre (rapport, septembre 2014)
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