ATG PALESTINE – Une démarche politique

Publié le 15.06.2009

« Tout le secteur du tourisme en Cisjordanie est monopolisé par les Israéliens. Nous voulons changer la donne, et que les retombées du tourisme profitent aussi aux Palestiniens en termes de développement économique, explique Rami le directeur d’ATG (groupe de tourisme alternatif) qui fait partie du réseau Aremdts[[Le réseau Aremdts* (Agir responsables en Méditerranée par le développement du tourisme solidaire) rassemble une vingtaine d’organisations unies par la promotion d’un tourisme responsable et solidaire au service du développement local.]]. En créant l’association en 1995 à Beit Sahour dans la banlieue de Bethléem, nous voulions montrer la réalité de ce que vivent les Palestiniens, les conséquences de l’occupation. Changer aussi le regard des touristes qui viennent à Bethléem juste pour visiter l’église de la nativité et ne restent en Cisjordanie que quelques heures, par peur de la situation politique, alors qu’il y a tant à voir et comprendre. »

Séjours chez l’habitant, rencontres avec des dirigeants associatifs, des religieux, des universitaires, découverte du patrimoine culturel palestinien, toutes les visites sont organisées à la carte par des guides professionnels en fonction des demandes des groupes, venus le plus souvent par le biais d’associations, comme le CCFD. Une exigence de professionnalisme, qui s’est traduite par la création d’un code de conduite de tourisme responsable, qui se veut aussi un outil de promotion à l’étranger.

Pourtant en cette matinée de février, c’est le calme plat dans les locaux de l’agence. « Depuis l’offensive contre Gaza, m’explique Ayman, l’un des guides, quatre groupes ont déjà annulé leur voyage. » Profitant de ce temps libre inopiné, il m’entraîne de l’autre côté du décor à la découverte d’un vécu palestinien souvent ignoré. Première étape : le camp de réfugiés de Dheisheh, où s’entassent sur 360 hectares, près de 10 000 réfugiés originaires d’une trentaine de villages pour la plupart détruits en 1948. Shaidi y dirige le centre culturel Ibdaa [créativité : en arabe ] , un lieu essentiel dans un camp où le taux de chômage dépasse les 70 % . Activités artistiques pour les enfants, cours de danse, mais aussi ateliers de broderies qui permettent à une centaine de familles.de vivre : « l’art, dit-il, pour nous réfugiés, c’est aussi une forme de résistance ». En plus du restaurant et des chambres d’hôtes qui permettent à Ibdaa de s’autofinancer en partie, un centre d’informations a aussi été ouvert. « Nous réalisons de petits films, des interviews, des expositions. Nous devons préserver la mémoire de Nakba[[La Nakba : la catastrophe durant laquelle en quelques jours en 1948, des milliers des Palestiniens ont été chassés de leurs villages.]] de génération en génération, pour garder notre rêve vivant, celui du droit au retour. C’est le cœur du problème palestinien. »

Aux abords de la ville, les colonies qui comme dans toute la Cisjordanie ne cessent de s’étendre ont peu à peu encerclé la ville. « Aujourd’hui il y en a 22, perchées en haut des collines. Entre les terres confisquées pour construire le Mur, celles réquisitionnées comme terrain militaires autour des colonies, les Palestiniens ne possèdent plus que 12 % des terres autour de Bethléem, m’explique Ayman »

C’est aussi cette réalité là, qu’ATG fait découvrir chaque année à près de 2000 touristes.

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