Au Laos, des bouddhistes éveillent à l’engagement sociétal

Publié le 30.10.2013| Mis à jour le 03.01.2022

Chaque année, plus de 10 000 moines, laïcs, jeunes et écoliers issus de différentes régions du Laos participent aux formations à la médiation sociale et à l’éthique de vie conduites par des « bouddhistes engagés »


Le mouvement SEM (Spirit in Education), créé en Thaïlande en 1996 et partenaire du CCFD-Terre Solidaire, pratique un « bouddhisme engagé », qui éduque au développement durable et promeut l’engagement dans la société, à la différence d’autres traditions bouddhistes. Le mouvement a mis au point des programmes de formation (GLT Grassroot Leadership Training – Formation des leaders de base) à destination de tous ceux qui ont déjà des responsabilités ou sont appelés à en avoir. Elles s’adressent autant à des moines, qu’à des responsables d’associations ou des représentants d’autorités locales. Ces formations permettent la création de nombreuses initiatives et structures locales qui renforcent en profondeur le tissu associatif pour lutter contre la pauvreté. L’action de SEM vise aussi à développer le dialogue inter-religieux et inter-ethnique au sein des communautés de base.

Le clergé bouddhiste, un maillon pour toucher la société en profondeur

SEM a d’abord développé son expérience en Thaïlande et en Birmanie avant de commencer l’aventure au Laos en 2004. La société civile laotienne a longtemps été strictement contrôlée et parfois sévèrement réprimée. La culture bouddhiste, jusque-là très prégnante, a été marginalisée par le système politique et le parti unique en place. Pourtant la population fait toujours confiance aux moines et aux nonnes, et leur témoignent d’un grand respect. Ceux-ci ont accès facilement aux écoles, aux prisons, aux hôpitaux, aux villages de campagne. Ils vont là où personne ne va, jusque dans les centres de désintoxication ou les prisons. Le clergé bénéficie d’une bonne écoute, alors que les ONG, peu nombreuses, sont souvent mal perçues par la population. Au Laos, les moines et nonnes représentent des maillons importants pour toucher la population en profondeur.


Mobiliser des bénévoles, les former et les accompagner dans leurs projets

Les formations s’adressent au clergé ainsi qu’à des laïcs qui ont des responsabilités, quel que soit leur confession. L’objet de ces formations vise à envisager pour chacun la meilleure manière d’aider les populations en difficulté. A leur tour, les personnes formées organisent des formations auprès des jeunes ou de populations défavorisées. Les formations sont organisées par une association bouddhiste locale, partenaire du CCFD-Terre Solidaire : LBDP (Lao Bouddhism for Development Project) fondé par le Vénérable Sali Kantasilo décédé le 11 septembre 2013. Un salarié thaïlandais de SEM, six salariés de LBDP, et toute une équipe de moines et de laïcs laotiens font vivre le projet d’éducation. Lorsque les formations permettent de faire émerger des initiatives, l’association propose aussi un accompagnement des projets.

Des interventions dans les écoles

Dans les classes, les élèves sont souvent très nombreux et restent en position d’apprenants passifs. Dans les 70 écoles dans lesquels ils interviennent, les formateurs aident d’abord les enfants à prendre davantage conscience d’eux-mêmes, à exprimer leurs sentiments. Cette étape apprend aux enfants à mieux se situer dans leur environnement et dans la société. Elle permet de favoriser ensuite l’engagement de chacun dans la vie collective. Les formateurs proposent également de mettre en place des activités extrascolaires. « Les activités de LBDP sont généralement bien accueillies par les autorités, qui voient les résultats dans le comportement des élèves. » Explique Lucie Bouton-Blaise, chargée de mission pour le Laos au CCFD-Terre Solidaire.

Les formations, tant à destination des « leaders » que des enfants ou des villageois, ouvrent de nouvelles perspectives. Elles sont l’occasion de discuter des valeurs et des problèmes de société, comme les violences familiales par exemple. Pour Lucie Bouton-Blaise, la richesse de ces formations est de provoquer une prise de conscience de l’individu, « non pas comme individualiste, mais comme une personne qui a sa part à assumer, dans un contexte où le communisme a eu tendance à gommer la responsabilité de l’individu. »

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