Centrafrique : le plaidoyer du CCFD-Terre Solidaire pour l’après-guerre

Publié le 07.03.2014| Mis à jour le 08.12.2021

Le CCFD-Terre Solidaire poursuit un plaidoyer axé sur une approche globale, pour la reconstruction de la Centrafrique. La paix durable passe aussi par la sécurisation des sites miniers, pour empêcher les minerais “du sang” de financer les groupes armés.


Quatre membres de la société civile de Centrafrique, soutenus par le CCFD-Terre Solidaire, sont venus fin septembre alerter à Paris et New York des risques de violences inter-religieuses dans leur pays. La communauté internationale, après des mois d’attentisme, a finalement réagi. Le 5 décembre, la France est intervenue sous mandat onusien. Michel Djotodia, le président issu de la rébellion Séléka venue du nord et soutenue par une minorité musulmane (15% de la population), a démissionné le 10 janvier. Un gouvernement de transition a été mis en place par la nouvelle présidente, Catherine Samba-Panza, mais les exactions se sont amplifiées. Dans la seule ville de Bangui, la capitale, les agences onusiennes dénombraient 450 000 personnes déplacées fin janvier. Alors que les populations musulmanes fuient vers le Tchad, un bilan global des violences, difficile à dresser, porterait sur 8 000 morts depuis janvier 2013.

« Les Centrafricains doivent être au cœur du processus de retour à la paix », affirme Bruno Angsthelm, chargé de mission Afrique au CCFD-Terre Solidaire. L’un des objectifs du programme relancé en 2012 en RCA par le CCFD-Terre Solidaire, avant que les troubles n’éclatent, consistait à renforcer la société civile et répondre aux trois causes profondes du conflit dans ce pays : la compétition sur les ressources naturelles, les tensions identitaires et la mauvaise gouvernance politique… Plus que jamais, les responsables de l’administration locale, des églises et des associations sont incités à faire front uni, pour pacifier et reconstruire le pays.

Une approche opératoire globale

La gravité de la crise en Centrafrique a conduit le CCFD-Terre Solidaire à suivre une ligne à la fois « politique et opératoire ». Sur le plan politique, il s’agit d’éviter que le pays et ses immenses besoins ne retombent dans l’oubli, après un processus électoral qui devrait marquer la sortie de crise. « Les élections ne vont pas tout résoudre», estime Bruno Angsthelm. « Les politiques ont échoué et sont responsables de la crise. Il faut construire des outils plus larges, des mécanismes de représentation qui donnent de la légitimité à d’autres acteurs, susceptibles de jouer le rôle de contre-pouvoirs ».
Le volet opératoire du plaidoyer découle de ce constat : la réhabilitation des infrastructures et le dialogue entre communautés doit s’engager le plus tôt possible. « Il ne faut pas tout miser sur les ONG internationales. Les acteurs locaux ont été pillés, mais ce sont eux qui doivent être prioritaires car ils sont proches des populations et seront toujours là demain, quand les ONG internationales seront parties », explique le chargé de mission Afrique. L’une des pistes sur lesquelles travaille le CCFD-Terre Solidaire consiste à tester un dispositif à Bossangoa, une région du nord où les violences entre chrétiens et musulmans ont déchiré les communautés. Un comité de pilotage sera dirigé par le préfet, avec tous les acteurs du territoire, appuyé par ACORD, une ONG panafricaine partenaire du CCFD-Terre Solidaire, pour faire un diagnostic précis des besoins de la reconstruction, village par village. Ensuite, ils pourront financer tout un ensemble de projets pour répondre de manière globale à la crise. « Il faut une approche inclusive par territoire, pour aborder aussi les questions inter-religieuses et mettre en place des dispositifs de démobilisation des milices anti-balakas ». Un modèle qui va dans le sens du développement durable, de la gouvernance locale et de la traçabilité des fonds, nécessaire à la mobilisation des fonds nécessaires à la réhabilitation.

Sécuriser les sites miniers

La sécurité reste la condition première du retour à la paix. Le CCFD-Terre Solidaire soutient donc l’envoi de Casques bleus, pour faciliter le désarmement et la démobilisation des combattants. « La protection des sites miniers doit faire partie du mandat onusien en Centrafrique, comme c’est le cas pour la Mission de soutien des Nations unies en République démocratique du Congo (Monusco) », insiste Zobel Behalal, chargé du plaidoyer au CCFD-Terre Solidaire. L’objectif : empêcher les groupes armés de continuer à se financer via l’exploitation illicite de minerais. Déjà, en 2010, un rapport de l’International Crisis Group (ICG) mettait en cause le financement de la rébellion par les diamants. De même, les quatre personnalités de la société civile soutenues dans leur voyage à Paris et New York par le CCFD-Terre Solidaire, fin septembre, dénonçaient le trafic des diamants par les rebelles de la Séléka. D’où la nécessité d’aller plus loin que la simple suspension de la Centrafrique du processus de Kimberley, pour donner un mandat aux forces militaires d’interposition leur permettant de sécuriser les sites miniers où les rebelles sont présents.

Sabine Cessou

avec le CCFD - TERRE SOLIDAIRE

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