Construire une nation unifiée

Publié le 23.04.2009| Mis à jour le 08.12.2021

Au nom de la lutte contre le terrorisme, le gouvernement sri-lankais a décidé en 2007 d’en finir avec le LTTE (Tigres de Libération de l’Eelam Tamoul, mouvement qui cherche à obtenir par les armes la constitution d’un Etat tamoul indépendant) par la force armée.


L’élimination du LTTE par les armes, qui a entraîné la mort de plus de 2800 civils depuis le 20 janvier 2009 (Déclaration officielle du Haut-commissaire aux Droits de l’Homme des Nations Unies, Navi Pillai en date du 13 mars 2009) et la prise en otage de 170 000 d’entre eux, ne réglera en rien les tensions ethnico-religieuses qui ont préludé hier à la création du mouvement indépendantiste et qui pousseront demain des minorités opprimées à prendre les armes et certains à s’auto-sacrifier en bombe humaine.

Rappelons que l’indépendance de l’île en 1948 a vu l’arrivée au pouvoir des représentants de la majorité singhalaise bouddhiste, lesquels n’ont cessé depuis de marginaliser, humilier et révolter les minorités tamoules hindoue et chrétienne. L’apprentissage obligatoire du singhalais, un accès difficile aux universités et à la Fonction publique, assortis d’une rhétorique raciste déployée à l’égard des communautés tamoules ont largement favorisé la montée des tensions communautaires et l’émergence du LTTE.

Au début des années 70, une minorité de tamouls radicalisés forme le mouvement indépendantiste armé, LTTE, qui  trahit  l’esprit pacifique des revendications portées par la population tamoule. Intransigeant, divisé, incohérent dans ses orientations et soutenu par une puissante diaspora, la rébellion est considérée comme l’une des plus violentes et imprévisibles au monde.

La riposte militaire ultra violente déployée par le gouvernement pour mettre fin à l’existence du LTTE n’en est pas moins un  choix injustifiable. Nous appelons les deux parties à cesser les affrontements, en particulier dans la région de Vanni, afin de faciliter l’évacuation des civils vers des zones sécurisées où les standards internationaux de protection et de traitement des déplacés devront être strictement appliqués. Il est crucial que lors du cessez-le-feu, les agences spécialisées des Nations-unies, le CICR et d’autres organisations internationales puissent pénétrer pour encadrer les opérations humanitaires et délivrer l’aide d’urgence.

Par ailleurs, il est essentiel pour l’instauration d’une paix durable que les dirigeants politiques du pays, et en premier lieu le Président Rajapaksa, entament un dialogue avec les représentants légitimes des minorités marginalisées. Ce dialogue doit déboucher sur une solution politique qui envisage une certaine forme d’autonomie territoriale permettant aux minorités de vivre dans la dignité, le respect et l’égalité des droits  Contrairement aux déclarations des nationalistes radicaux, reconnaître aux minorités leurs droits fondamentaux ne pourra que contribuer au sentiment d’appartenance citoyenne de ces dernières et favorisera ainsi la construction de l’unité nationale.

Parallèlement, le gouvernement doit permettre à une commission internationale indépendante d’enquêter sur les violations perpétrées depuis 2006 à l’encontre de nombreux journalistes, parlementaires, représentants religieux, travailleurs sociaux et défenseurs des droits humains. Il doit aussi être garant de la sécurité des médias et prévenir les assassinats de journalistes en série commis dans le nord et l’est du pays, un processus d’élimination des voix critiques du pays qui se traduit par la mort du journalisme indépendant dans ces régions. Seul un examen de conscience, exigé avec force par la communauté internationale sous l’égide des Nations Unies, permettra de réduire les atteintes aux droits fondamentaux dans le pays et d’envisager la construction d’une nation unifiée.

Antoine Malafosse, délégué général, CCFD-Terre solidaire
Laurence Kwark, secrétaire générale, MIIC Pax Romana
Souhayr Belhassen, présidente, FIDH

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