COP 21 – Dernière session de négociations à Bonn : tout reste à trancher !

Publié le 23.10.2015| Mis à jour le 08.12.2021

A cinq semaines de la COP 21, le bras de fer se poursuit entre Etats et beaucoup reste à faire pour obtenir en décembre un accord ambitieux. En effet, le projet de texte diffusé cet après-midi et long de 55 pages n’est pas assez abouti et comporte encore trop d’options contradictoires. Difficile alors de prévoir si l’accord de Paris sera à la hauteur des enjeux. Par exemple, la référence au respect, à la protection et à la promotion des droits humains pourrait être complétement supprimée de l’accord final car elle reste sous la forme d’une option. Tandis que les démarches volontaires, notamment promues via l’agenda des solutions (Paris Lima Action Agenda), sont mises en avant dans le texte, alors qu’elles comportent un très grand nombre d’initiatives promues par certaines multinationales qui ne servent que leur intérêt ou qui relèvent du greenwashing.


Le CCFD-Terre Solidaire dénonce à nouveau l’exclusion de la société civile lors de ces dernières négociations, malgré le soutien des 134 Etats du G77. Ce signal très négatif envoyé pour la suite d’un processus qui devrait pourtant être inclusif et transparent, compromet les chances de parvenir à un accord ambitieux, mettant les droits des populations au cœur des enjeux. « Il est scandaleux que la société civile ait été exclue des espaces de négociations. Et malgré ce que certains pouvaient laisser entendre, cela n’a même pas permis aux pays d’avancer plus vite ! La participation de tous les acteurs est pourtant indispensable si l’on souhaite répondre aux impacts causés par les dérèglements climatiques et subis par les populations, en particulier les plus vulnérables. Il faut espérer que la COP21 à Paris se passera autrement si on souhaite parvenir à un accord ambitieux et inclusif », souligne Anne-Laure Sablé, chargée de plaidoyer souveraineté alimentaire et climat au CCFD-Terre Solidaire.

Le CCFD-Terre Solidaire rappelle également que la lutte contre les dérèglements climatiques doit avoir pour pilier la justice climatique. Pour cela, toute action doit s’inscrire dans le respect, la protection et la promotion des droits humains, et notamment le droit à l’alimentation. Ces notions sont admises de longue date par les Etats membres des Nations unies et pourtant leur inscription dans l’accord est loin d’être obtenue. Plus grave encore, alors que 600 millions de personnes supplémentaires souffriront de la faim d’ici à 2080 à cause des impacts des dérèglements climatiques, certains Etats ont clairement fait savoir qu’ils ne souhaitaient pas de référence aux droits humains ou à la sécurité alimentaire. Aujourd’hui, ces notions sont citées uniquement dans le préambule de l’accord et leur inclusion dans les parties contraignantes de celui-ci, notamment l’article 2, reste incertaine.

A l’inverse, ce sont les initiatives volontaires, notamment portées par des multinationales, qui sont mises en avant via par exemple la plateforme NAZCA[[Pour « Non-State Actor Zone for Climate Action » : cette plateforme regroupe des engagements individuels et collectifs de la part des entreprises, des acteurs financiers, des villes et des collectivités territoriales. http://climateaction.unfccc.int/]] et « l’agenda des solutions » (ou Lima Paris Action Agenda – LPAA)[[Le LPAA a été lancé il y a un an, conjointement par le Pérou, la France, le Secrétariat Général des Nations unies et la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques. Les initiatives promues par le LPAA émanent de la plateforme NAZCA. http://newsroom.unfccc.int/lpaa/]]. L’Agenda ne comporte aujourd’hui aucun critère de sélection et d’analyse des initiatives qui seront promues pour lutter contre les dérèglements climatiques. Et pourtant, le nouveau texte de l’Accord est en passe d’institutionnaliser ce type d’initiative volontaire. « Alors que les Etats peinent à se mettre d’accord sur un texte à la hauteur des enjeux, il ne faudrait pas que la communication de la COP21 et celle de la présidence française se concentre sur ces démarches volontaires et « l’agenda des solutions ». Ce dernier comporte nombre d’initiatives promues par des multinationales reposant sur le greenwashing de pratiques qui portent déjà atteintes à l’environnement et aux populations. Il ne peut en aucun cas servir de « plan B » face à un accord vide de sens et d’action. La société civile saura dénoncer avec force cet agenda des fausses solutions s’il continue de mettre à l’honneur des multinationales comme Monsanto, Syngenta et Yara », indique Maureen Jorand, chargée de plaidoyer souveraineté alimentaire au CCFD-Terre Solidaire.

Maureen Jorand et Anne-Laure Sablé, chargées de plaidoyer au CCFD Terre Solidaire, étaient présentes à Bonn toute la semaine.

– Contact presse : Karine Appy, 06 66 12 33 02

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