COP 26 : tout ce qu’il faut savoir sur le rendez-vous climat
Alors que le dernier rapport du GIEC sonne l’alerte rouge, la COP 26, prévue à Glasgow du 31 octobre au 12 novembre 2022, est attendue au tournant pour répondre à l’urgence climatique. Mais qu’est-ce qu’une COP et à quoi sert-elle ? On fait le point.
La COP 26 est la conférence annuelle internationale des Nations unies sur le changement climatique.
Quand et où aura lieu la COP 26?
La COP 26 se déroulera du 31 octobre au 12 novembre 2021 à Glasgow, en Écosse. Elle est organisée cette année par le Royaume-Uni, en partenariat avec l’Italie.
Comme son nom l’indique, la COP se réunit pour la 26ème fois.
Initialement prévue en 2020, l’organisation de la COP 26 a été repoussée à 2021 en raison du COVID-19.
Après une année calamiteuse marquée récemment par les méga feux en Amazonie, en Californie, en Turquie, en Grèce, en Algérie ou au Maroc, les sociétés civiles du monde entier attendent un engagement beaucoup plus fort de la part de l’ensemble des Etats pour lutter contre le réchauffement climatique.
Qu’est-ce qu’une « COP » ?
L’acronyme COP (Conference of Parties) signifie la conférence de toutes les parties (ou états) signataires de la Convention-Cadre de l’ONU sur les changements climatiques.
Cette convention (CCNUCC), adoptée en 1992, reconnaît l’existence de dérèglements climatiques et vise à stabiliser le taux d’émission de gaz à effet de serre (GES) en proposant des solutions dans le cadre d’une coopération internationale.
Quelle est l’histoire de la COP ?
Nous sommes en 1992, lors du second Sommet de la Terre à Rio de Janeiro. Les Etats réunis, de plus en plus soucieux des enjeux climatiques, adoptent la Convention-Cadre des Nations Unies sur le Climat.
C’est cette Convention des Nations-Unies qui donne naissance à la COP.
Ainsi, depuis 1995, les états signataires se retrouvent une fois par an, dans une ville différente, pour deux semaines de discussions et de négociations autour du climat.
L’enjeu : trouver des solutions pour ralentir le réchauffement climatique et assurer un suivi des accords mis en place.
À quoi servent les COP ?
Les COP ont pour objectif de lutter contre l’émission des gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique.
Les gaz à effet de serre (GES) sont des gaz qui absorbent les rayons solaires et qui les retransmettent dans l’atmosphère sous forme de radiations : c’est l’effet de serre.
Parmi ces gaz, on retrouve le dioxyde de carbone (CO2), mais pas seulement : le méthane et le dioxyde d’azote ont aussi un impact très important.
L’activité humaine accroît leurs émissions dans l’atmosphère, ce qui contribue au phénomène du réchauffement climatique.
Il existe des COP sur de nombreux sujets, mais seules celles qui portent sur le climat font l’objet d’un sommet régulier.
Qui sont les participants de la COP 26 ?
Les participants sont les chefs d’Etat et de Gouvernement de l’ensemble des États signataires de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, des représentants régionaux ou locaux.
La conférence accueille aussi des acteurs non-étatiques qui ont un statut d’observateurs, comme ceux du secteur privé : des représentants de la finance, des entreprises, et des investisseurs. Des membres de la société civile et des ONG peuvent également assister aux débats comme observateurs.
Seuls les Etats participent aux négociations.
Lire aussi : face au risque d’exclusion des participants des pays du Sud, le Réseau Action Climat demande un report de la COP 26
Quel est le programme de la COP 26 ?
La COP 26 va démarrer les 1er et 2 novembre 2021, par un sommet des dirigeants mondiaux.
Au fur et à mesure, les parties prenantes vont aborder les sujets suivants : financement des actions climats; transition énergétique ; nature et utilisation des terres ; adaptation et pertes et dommages ; science et innovation ; transports ; villes, régions et environnement bâti. Tout le programme est visible sur le site de la COP 26
Un certain nombre d’événements, d’expositions et de conférences sont également organisés en parallèle de la conférence principale.
Quels sont les enjeux de la COP 26 ?
L’objectif affiché est de renforcer l’action collective pour atteindre les objectifs fixés dans l’Accord de Paris adoptés au terme de la COP 21 en 2015, à savoir : limiter le réchauffement climatique à un niveau inférieur à 2°C, de préférence à 1,5°C, par rapport au niveau pré-industriel.
Si les Etats se sont mis d’accord sur l’objectif à atteindre lors de la COP 21, il faut que la COP 26 parvienne enfin à définir les règles du jeu pour l’atteindre réellement.
Depuis 5 ans, les négociations internationales sur le climat sont âpres, marquées par un fossé croissant entre l’urgence climatique et le manque d’engagements concrets des Etats.
Or, le dernier rapport du GIEC est sans appel : si nous n’engageons pas immédiatement des actions pour réduire nos émissions de GES, la barre des 1,5°C sera dépassée d’ici seulement dix ans.
Quels sont les principaux points de négociations lors de la COP 26 ?
Parmi les principaux points d’achoppement, on retrouve le manuel d’application qui doit encadrer la mise en œuvre effective de l’Accord de Paris de la COP 21.
Les négociations restent bloquées sur deux enjeux essentiels :
– L’article 5, avec la mise en place d’un mécanisme identifiant les soutiens techniques et financiers nécessaires aux pays et populations victimes des dérèglements climatiques. C’est une revendication importante dans la mesure ou les premières victimes des dérèglements climatiques sont aussi souvent les moins émettrices de gaz à effets de serre.
– L’article 6, relatif aux mécanismes de marché carbone.
Cet article prévoit la mise en place d’un système d’échange de droits d’émissions de gaz à effets de serre (GES) entre les pays qui en émettraient trop et ceux qui en émettent moins. En d’autres termes, les mauvais élèves pourraient acheter des crédits carbone à ceux qui polluent moins.
Pourquoi la compensation carbone est un enjeu de la COP 26 ?
La compensation des émissions de CO2 pour contrer le dérèglement climatique est un concept qui connaît un fort engouement à l’approche de la COP26 de Glasgow.
La compensation carbone est un mécanisme qui vise à contrebalancer ses propres émissions de CO2 : en finançant, par exemple des projets de séquestration carbone ou de réductions d’autres émissions.
Mais ce mécanisme pose question à plusieurs niveaux. Parce que l’efficacité de ces projets reste à démontrer; parce que la promotion des mécanismes de compensation, dont se sont entichées notamment la finance et l’agroindustrie, détourne les décideurs politiques de la nécessité de réduire nos émissions. Et parce ces mécanismes font peser de nouveaux risques sur les droits humains.
En effet, derrière ces mécanismes de compensation se cachent de nombreuses menaces aux conséquences irrémédiables : accaparement des terres, expropriation des populations locales, souveraineté alimentaire mise à mal, accentuation des dérèglements climatiques …
Lire aussi : Six mythes autour de la compensation carbone
En l’état des négociations et à la veille de la COP26, l’Article 6 de l’Accord 6 de Paris, qui encadre la question de la compensation carbone, sera au cœur des négociations à venir.
Jusqu’à la COP 26 en novembre, le CCFD-Terre Solidaire se mobilise contre la généralisation de ce mécanisme : car compenser ne permet pas de réduire nos émissions de gaz à effets de serre ni d’agir à la source.
Pour aller plus loin, lire notre rapport :La séquestration du carbone dans les terres agricoles, miracle ou alibi ?
Retour sur 25 COP : l’historique de la bataille pour des mesures contraignantes en faveur du climat
– Dès le début des COP, des objectifs chiffrés ont été établis pour limiter les émissions de GES sont définis.
Mais la mise en place d’un mécanisme juridique pour contraindre les états à respecter leurs engagements n’a pas vu le jour tout de suite.
– COP 3 : une première avancée avec le protocole de Kyoto
Il faut attendre 1997 pour qu’un tel mécanisme voie le jour, grâce au protocole de Kyoto, qui contraint les états à réduire de 5,2 % leurs émissions de GES d’ici 2020.
C’est une première étape, mais celle-ci reste insuffisante : seulement 37 pays industrialisés ont ratifié le traité.
Et surtout : les sanctions relatives au non-respect du protocole n’ont pas été définies.
– COP 15 : l’échec de Copenhague avec un « accord de façade »
En 2009, la COP 15 qui s’est tenu au Danemark, se solde par un échec historique. Une grande partie de la scène internationale et de la société civile, dont le CCFD-Terre Solidaire, attendaient un prolongement du protocole de Kyoto avec un accord plus ambitieux.
Le texte adopté affirme certes la nécessité de limiter le réchauffement climatique à 2°C par rapport à l’ère préindustrielle, mais il ne reste qu’un accord de « façade » non-contraignant.
– COP 21 : un traité historique avec l’Accord de Paris
En 2015, est signé le fameux « Accord de Paris ».
Pour la première fois depuis 1997, les états réunis s’entendent sur un objectif commun : ils s’engagent à contenir le réchauffement climatique en dessous des 2°C, voir de 1,5°C, d’ici 2100.
Autre bonne nouvelle : les deux plus grandes puissances pollueuses, la Chine et les États-Unis, ont ratifié l’accord.
Mais un an après sa signature, les émissions sont déjà trop élevées pour atteindre l’objectif fixé.
Et cinq ans plus tard, aucun pays n’est en voie de l’atteindre : les prévisions estiment que la température risque d’augmenter de 3°C à 5°C d’ici la fin du siècle.
Lire aussi : Cop 21, un accord historique mais qui ne répond pas à tous les défis
-COP 25 : un manque d’ambition face à l’urgence climatique
En 2019, à Madrid, la COP la plus longue de l’histoire a laissé un goût amer au sein de la communauté internationale et de la société civile.
L’accord minimal, qui a été péniblement conclu, illustre le manque d’ambition et les profondes divisions entre les états qui n’ont pas réussi à s’entendre sur les principaux points à la table des négociations : mettant ainsi à mal le multilatéralisme dans la lutte contre le dérèglement climatique.
Pour aller plus loin :
COP 26 : l’impact des systèmes agricoles sur le climat et l’humanité
Cinq ans après l’accord de Paris, l’Amérique centrale frappée par les dérèglements climatiques
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