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Covid-19 : la faim augmente au Guatemala

Publié le 18.11.2020| Mis à jour le 08.12.2021

Le 16 octobre, journée mondiale de l’alimentation, les membres du Collectif social pour le droit à l’alimentation au Guatemala, dont les partenaires du CCFD-Terre Solidaire Fundacion Tierra Nuestra et Pastorale de la Terre de San Marcos, ont appelé le gouvernement à prendre des mesures pour lutter contre la faim et l’insécurité alimentaire, en augmentation depuis la pandémie de Covid-19.


La pandémie de Covid-19 a aggravé des situations de vulnérabilité sociale au Guatemala, en particulier au sein des communautés paysannes et indigènes, et des travailleurs précaires de l’économie informelle. En effet, malgré les mesures prises par le gouvernement pour contenir la propagation du virus, 1,2 millions de personnes sont tombées dans la pauvreté, dont 900 000 dans l’extrême pauvreté, s’ajoutant aux 8,5 millions de personnes pauvres que comptent déjà le pays.

En parallèle, le salaire minimum a stagné et l’inflation ont augmenté, conséquences des mesures d’austérité du gouvernement de Jimmy Morales et maintenues par le gouvernement d’Alejandro Giammattei. L’augmentation des prix a renforcé l’insécurité alimentaire des communautés, qui n’ont pas accès au revenu minimum. La malnutrition des moins de 5 ans s’est aggravée, notamment en milieu rural. Au 22 août, 20 924 cas de malnutrition sévère ont été reportés, contre 11 662 en 2019.

Pour faire face à cette crise, le gouvernement a proposé une « grande croisade nationale pour la nutrition ». Malgré son nom ambitieux, ce plan ne se base que sur la distribution de vivres issues de donations de grandes entreprises. Il maintient les personnes en situation de précarité.

D’autres facteurs impactent également le système alimentaire comme le règlement entré en vigueur en octobre 2019 autorisant l’usage des OGM, sans consultation des communautés autochtones comme le prévoit la Convention 169 de l’Organisation Internationale du Travail. La fermeture du Secrétariat des affaires agraires met aussi en péril la continuité des programmes d’accès à la terre pour les familles paysannes. Enfin, la loi sur l’eau pour lutter contre les déchargements de produits toxiques dans les fleuves et les lacs par les grandes entreprises agricoles et extractivistes, est toujours en attente d’approbation, et les propositions des peuples indigènes, premiers touchés par ces dégâts, restent ignorées.

Un contexte dans lequel les défenseurs des droits humains continuent d’être la cible d’agressions : 677 en 2020 contre 494 en 2019 ont été dénombrées selon l’ONG Unidad de Protección a defensoras y defensores de Derechos Humanos de Guatemala.

Nous demandons :

1. La tenue des registres des familles vulnérables à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle et à la malnutrition aigüe soient les plus transparents possibles, que les Commissions de sécurité alimentaire communautaires et municipales y soient associés.

2. La mise en place d’un mécanisme pour que les aides alimentaires se fassent à partir de la production locale. Avec la création de mécanismes pour l’achat et la distribution d’aliments, ainsi que la définition de « marchés soutenables » qui garantissent la disponibilité des aliments à bas coûts.

3. L’établissement de mécanismes pour favoriser l’emploi des milliers de familles qui ont perdu leurs sources de revenus. Dans les régions rurales, en appuyant la petite agriculture sur des terres appartenant à l’Etat ; dans les zones urbaines, avec la création d’emplois dans le secteur des services essentiels, débilités avec la pandémie.

4. L’approbation des lois de développement rural intégral (4084), et de l’agriculture familiale ainsi que la mise en place d’institutions consacrées au développement rural et à la thématique agraire, dotés de mécanismes et les ressources nécessaires. Ainsi que le refus des initiatives qui affaiblissent le système alimentaire national, telles celles favorables à l’usage des OGM.

5. L’approbation d’une loi sur l’eau qui garantit le droit de tous à l’eau potable et à l’assainissement, en tenant compte de la participation des divers secteurs impliqués, et en respectant l’autorité des peuples indigènes.

Par le Collectif social pour le droit à l’alimentation au Guatemala

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