Des réseaux de solidarité se mobilisent

Publié le 03.05.2010| Mis à jour le 08.12.2021

Les migrants qui voyagent sur les routes vers le Maghreb viennent de toute l’Afrique. Nombreux sont les Camerounais, les Congolais mais aussi les ressortissants des pays de l’Afrique côtière (Ivoiriens, Nigérians) et du Sahel (Maliens, Sénégalais, Nigériens, Burkinabés). Pour la majorité, ce sont des hommes, excepté pour les Nigérians où l’on compte de très nombreuses jeunes femmes.

Depuis Tamanrasset, 2006…


Beaucoup d’enfants naissent pendant le parcours

Lorsque, découragés de leur expérience de migration ou expulsés pour une énième fois, ils choisissent de retourner au pays, ils ont la possibilité de s’adresser à la chaîne de relais de sécurisation que constituent les réseaux d’Église et les associations.

À ce jour, la plupart des migrants souhaitant bénéficier d’un appui pour un retour volontaire partent d’Alger, certains de Ghardaïa. Ils sont convoyés jusqu’à Tamanrasset, avant d’être orientés soit vers le Mali, soit vers le Niger. Au Mali, c’est la Caritas Gao et la Maison du Migrant qui les prennent en charge avant de les acheminer vers Bamako. Au Niger, ils sont accueillis par la Mission catholique d’Arlit pour un acheminement jusqu’à Niamey. Une fois dans les capitales, des billets de bus peuvent leur être payés pour rentrer dans leur pays. Cependant, dans les deux capitales et plus particulièrement à Bamako, l’organisation de l’accueil des refoulés reste encore insuffisamment structurée. Hormis la mobilisation courageuse de l’ARACEM et de la communauté des Pères Blancs, il y a peu d’engagement d’autres associations et de réseaux locaux de solidarité. Ce qui occasionne, en bout de chaîne, des difficultés pour de nombreux refoulés poursuivant le trajet vers leurs pays d’origine.

La rencontre de Gao a permis d’aborder collectivement un certain nombre de difficultés et de dysfonctionnements, comme celle évoquée ci-dessus. En outre, dans certaines paroisses, les moyens logistiques, humains et financiers manquent cruellement pour pouvoir prendre à bras-le-corps cette question. D’autres quant à elles, demeurent réservées sur la question de l’accueil des migrants et n’ont manifestement pas encore la volonté de s’impliquer. Enfin, la communication est parfois difficile entre les différents relais.

Après Gao 2009

La réunion d’octobre 2009 a permis de consolider et de renforcer le dispositif des relais actuels. D’autre part, davantage de relais sont désormais insérés dans la chaîne de sécurisation. Plusieurs pays sont fortement engagés : l’Algérie, le Niger, le Mali, et le Sénégal.

Élargissement et renforcement logistique
En Algérie, les Missions catholiques d’Adrar, de Ghardaïa et de Tamanrasset continueront d’accueillir les migrants pris en charge par Rencontre et Développement depuis Alger et d’autres venus par leurs propres moyens.
Au Niger, les Missions catholiques de Tahoua, Tchirozérine, Zinder et Birni n’Konni ont affirmé leur volonté de s’associer à la chaîne de relais et à la Mission d’Arlit, déjà fortement impliquée.
Au Mali, les Missions de Bamako et Nioro du Sahel souhaitent apporter leur appui au travail déjà effectué par la Caritas Gao.
Au Sénégal, la Caritas Dakar et l’association SIDEB s’engagent à accueillir les migrants sénégalais revenant de leur parcours du désert.
Grâce à des contacts établis par le réseau des Pères Blancs, des possibilités d’acheminement existent désormais pour les migrants jusqu’à l’Afrique côtière (Bénin, Togo, Nigeria, Côte d’Ivoire) et jusqu’au Cameroun. Pour faciliter l’acheminent vers le pays de destination finale, les Missions catholiques situées au Niger et au Mali, pourront également prendre la décision d’aider des retours. À condition que ceux-ci demeurent volontaires et que le refoulé expose clairement son projet. Elles pourront, en accord avec Rencontre et Développement, dupliquer le même formulaire d’accompagnement dont un exemplaire sera alors laissé au porteur pour garantir sa libre circulation auprès des autorités et de la police.

Lorsqu’un relais n’a pas des moyens financiers suffisants pour s’engager, les frais occasionnés par l’acheminement de refoulés, pourront être provisionnés d’avance par le réseau via Rencontre et Développement et le CCFD-Terre Solidaire. À charge pour chaque relais de le justifier en communiquant en temps réel une liste des personnes aidées.

Meilleure circulation de l’information
Il a été, en outre, fortement souhaité que les réseaux impliqués dans un travail d’accueil de proximité des migrants puissent partager davantage les informations recueillies sur le terrain, (contextes locaux, refoulements massifs, mouvements de populations…) avec les structures du réseau situées à d’autres échelles d’intervention telles que l’information, les actions de plaidoyer, d’interpellation et de mobilisation de l’opinion publique.

Ces échanges à l’interne, peuvent s’accompagner d’échanges multilatéraux, plus larges, notamment lors de rencontres thématiques d’acteurs de société civile au plan national, régional et international comme les forums sociaux dont le prochain se tiendra à Dakar début 2011.

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