Edito de notre magazine Faim et Développement : Etre jeune, un atout ?
Je ne fais pas de publicité pour les cures de rajeunissement proposées en Suisse aux touristes chinois. Je ne tombe pas dans les travers du « jeunisme ».
Je n’oublie pas les chemins de galère imposés à des jeunes humiliés. Pas question non plus de vanter les choix de l’abstention citoyenne ni de la violence.
Dans le reportage sur l’action des jeunes au Chili, la question est posée : est-ce un atout d’être jeune ? Qu’est-ce que l’esprit de jeunesse au cœur des défis de la transformation de nos sociétés ? Cela dépasse les problèmes d’âge, de rhumatismes ou de perte de mémoire.
C’est un atout de savoir refuser les situations inacceptables et de proposer des transformations sociales. L’esprit de jeunesse invite à rejeter le silence et les compromissions face aux injustices.
C’est un atout, avec les 60 000 participants que je viens de rencontrer au Forum social mondial de Tunis, de pouvoir se tourner vers l’avenir plutôt que de répéter « C’était mieux avant ! ».
C’est un atout de voir les jeunes Tunisiens, blessés par l’attentat récent et déçus par « l’endormissement post-printemps », poursuivre la marche, nous y associer et repartir vers une société à inventer.
C’est un atout d’oser donner à la politique son sens véritable : construire la cité. Après quatre ans de manifestations, nos partenaires chiliens viennent d’obtenir le lancement d’une démarche vers la gratuité de l’éducation et la révision de la Constitution héritée de Pinochet.
C’est un atout d’intervenir là où vivent les plus pauvres, en laissant parfois de côté les services institutionnels oublieux de leur mission. La société civile invente avec (et non pas pour) la population et, pour cela, n’hésite pas à utiliser la culture. L’esprit de jeunesse suggère d’utiliser toutes les ressources physique, intellectuelle, culturelle et spirituelle, pour inviter une personne à se mobiliser.
Le pape François n’hésite pas à affirmer aux mouvements populaires qui agissent les mains dans le cambouis : « Avec votre travail communautaire, vous êtes en train de réussir… En plus du travail, c’est de la poésie ! » C’est un atout de choisir la solidarité vivifiée par l’amour, amour encore possible quoiqu’en disent les esprits vieillis avant l’âge. Plus que jamais, l’action citoyenne exige de poser la question du sens. Le philosophe Paul Ricoeur à qui l’un de ses jeunes élèves en difficulté demandait ce qu’il devait faire, répondait à quatre-vingt-douze ans : « Mais, aimez, jeune homme ! »
C’est un atout d’ouvrir les frontières géographiques, politiques et idéologiques pour trouver les solutions aux défi s que rencontre un pays ou un continent. L’esprit de jeunesse interdit de répéter des solutions anciennes ou d’utiliser les seules certitudes locales. La solidarité n’est pas un luxe, mais bien la seule solution réaliste aux problèmes rencontrés : le chômage, le terrorisme, la dictature de l’argent-roi.
C’est un atout de croire que la vie peut l’emporter sur la mort. Ce qui est parfois pris pour de la naïveté ou de l’utopie (péchés de jeunesse !) constitue le seul ressort de l’action. Le message de Pâques proclame : « Voici que Je fais toutes choses nouvelles ! » Oui, c’est un atout de choisir ce qui naît, pousse, grandit et ressuscite. C’est un atout d’espérer, d’espérer encore ! L’esprit de jeunesse comme un bourgeon qui éclot ?
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