Entendre les Israéliens

Publié le 23.01.2013| Mis à jour le 08.12.2021

Les Israéliens marqués par la peur et l’insécurité

Le peuple juif a été menacé dans son existence dans toute l’Europe et victime d’un génocide qui fit six millions de morts, sans qu’aucune nation ou institution internationale ne le protège. Marqués par ce passé, de nombreux juifs et Israéliens vivent avec un profond sentiment d’insécurité et d’angoisse.

Après la Shoah, la déclaration d’indépendance de l’État d’Israël en 1948 a représenté un immense espoir pour beaucoup de juifs, qui espéraient que cet État les mettrait à l’abri des persécutions vécues en Europe et leur permettrait de construire leur propre système politique. Ce traumatisme mêlé d’espoir a certainement conduit les Israéliens, mais aussi nombre d’Européens et d’Américains, à ignorer le prix payé par la population palestinienne qui fut, pour plus de la moitié d’entre elle, dépossédée et jetée sur les routes de l’exil dès 1948.
Ensuite, les guerres israélo-arabes, puis les attentats terroristes et les tirs de roquettes frappant la société civile sont venus réactiver les angoisses israéliennes. L’idée que les Arabes n’accepteraient jamais leur existence s’est imposée. Malgré la supériorité militaire écrasante des Israéliens, la peur reste omniprésente dans la société.

Cependant, des Israéliens critiquent la manière dont certains hommes politiques israéliens exploitent cette peur pour se maintenir au pouvoir et légitimer l’usage systématique de la force envers les Palestiniens « au lieu d’avertir des dangers qu’il y a à poursuivre le conflit » [[Akiva Heldar, chef de la rédaction politique et éditorialiste au quotidien Ha’aretz « En finir avec la politique de la peur », article publié dans Ha’aretz et traduit en français dans Courrier International, le 28 décembre 2010.]]. Ils s’inquiètent de la menace que finit par représenter l’extension des colonies pour la démocratie israélienne.

Avraham Burg, député travailliste et ancien président de la Knesset, l’Assemblée parlementaire israélienne, ne cesse d’alerter ses concitoyens sur cette question, en critiquant l’aveuglement des gouvernements israéliens qui encouragent la colonisation : « Quiconque souhaite effacer la frontière antérieure à 1967 demande la suppression pure et simple des valeurs fondatrices de l’État d’Israël : démocratie, égalité, État de droit, laïcité et modernité. La colonisation du territoire palestinien […] va à l’encontre de ces valeurs. Elle génère des énergies fanatiques, nationalistes, fondamentalistes et antidémocratiques qui menacent les fondements de la société israélienne. » [[« Oui à un “made in Israel” n’incluant pas les colonies », tribune parue dans Le Monde le 5 juin 2012.]] Refusant de tomber dans un pessimisme silencieux, Avraham Burg appelle à mettre un terme à l’occupation : « Je me sens le devoir de créer une sorte d’alternative à la politique du désespoir et de la violence. (…) La paix est le meilleur moyen qui existe d’assurer notre sécurité. [[Entretien réalisé par Ari Shavit, Ha’aretz, 14 novembre 2003, traduit en français sur le site de La Paix maintenant. lapaixmaintenant.org]] »

Des voix s’élèvent

Des voix israéliennes s’élèvent aussi pour dénoncer les conséquences de l’occupation et les violations massives de droits de l’homme à l’égard des Palestiniens. Ils s’inquiètent de l’avenir des valeurs d’Israël dans ce contexte de guerre permanente. Elik Elhanan, de l’association Combattants pour la Paix et ancien parachutiste de l’armée israélienne, garde un souvenir cuisant de son service militaire dans les territoires occupés : « Sur les barrages militaires, tu n’es plus ni de droite, ni de gauche. Tu es comme Dieu et tu en veux à ces gens qui t’ont mis dans cette situation, alors tu les traites comme des animaux. »

Un certain nombre s’interrogent sur l’identité d’Israël, à l’instar d’Eitan Bronstein, de l’association Zochrot : « Si nous voulons rester démocratique, nous ne pouvons pas en rester à l’idéologie de l’exclusivité juive. On peut être sioniste sans revendiquer l’exclusivité des droits sur cette terre. » Ils espèrent qu’un jour les deux peuples pourront vivre en paix, à égalité de droits. Convaincues que la sécurité est un bien commun à construire entre les différents peuples de la région et que ces voix sont les forces de paix de demain, nos organisations ont choisi de soutenir certaines de ces associations afin de les aider à se faire entendre dans une société où elles restent très minoritaires.

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Sur quels critères ces officiers prennent-ils la décision de refuser de prendre part à certaines attaques ?

Est-ce facile d’écouter sa conscience et d’aller à contre-courant de ce que la société ou sa famille semble attendre de soi ?

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Que nous apprennent ces soldats ?

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