Externalisation, les migrants sous-traités

Publié le 01.05.2006| Mis à jour le 08.12.2021

Depuis une dizaine d’années, l’Union européenne a fait le choix de sécuriser au maximum ses frontières et de transférer vers les pays d’origine ou de transit des migrants la responsabilité du contrôle des migrations. Une sous-traitance désignée, dans le langage européen aseptisé, par le terme d’externalisation. Mais quelles sont les conséquences de cette stratégie ?

• L’absence de garanties pour les migrants
Le but officiel de l’externalisation est de renforcer les capacités des pays tiers à accueillir les migrants. En réalité, le dispositif maintient les étrangers indésirables à l’écart des frontières de l’UE, en créant des « zones tampon » dont la gestion est assurée par des pays offrant parfois peu de garanties (et de compétences) quant au respect des procédures et des droits fondamentaux des migrants.

L’Ukraine est ainsi devenue un nouveau garde-frontière du territoire européen. Des milliers de demandeurs d’asile désireux de rejoindre l’UE y sont détenus au milieu de prisonniers de droit commun et font face au risque de « détention indéfinie » tant qu’ils ne sont pas expulsés vers leurs pays d’origine ou de transit. Le réseau Migreurop dénonce ainsi le déficit démocratique général et l’absence de tradition politico-administrative de traitement de la demande d’asile en Ukraine.

• Eloigner le problème, se déresponsabiliser
En confiant aux pays d’origine ou de transit le rôle de gérer les flux de migrants, l’Union européenne éloigne le problème de son territoire, le rend moins visible et en préserve sa propre opinion publique. D’une part, celle-ci est peu informée de ce qui peut se passer en Ukraine ou en Libye. D’autre part, en tenant les migrants à distance, l’UE et ses citoyens se dégagent de toute responsabilité à leur égard.

• Les migrants au cœur d’un chantage
Les pays-tiers sont prêts à tout pour jouer les bons élèves de la lutte contre l’immigration clandestine en échange de la bienveillance de l’UE.

Exemple éloquent: la Libye. Pays de transit pour les migrants subsahariens autrefois diabolisé par l’Ue, la Libye est désormais un partenaire de choix dans la lutte contre l’immigration illégale. Tripoli n’a pourtant pas signé la Convention de Genève sur les réfugiés… Le Parlement européen se dit « préoccupé par les conditions de vie déplorables des personnes détenues dans des camps […] et les rapatriements massifs dans des conditions qui n’assurent ni la dignité, ni la survie »*. Pour le compte de l’UE, et en échange de la levée de l’embargo sur les armes, la Libye gère pourtant les flux migratoires à sa manière.

* Résolution du Parlement européen sur Lampedusa, avril 2005.

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