Faim, libre-échange et mondialisation : un cocktail explosif (Communiqué)
Pour la quatrième année consécutive, le nombre de personne souffrant de la faim dans le monde est en hausse. C’est le constat sans appel du nouveau rapport sur l’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde (SOFI), produit chaque année par cinq agences des Nations unies et publié ce lundi 15 juillet. En 2018, plus de 821 millions de personnes ont été en situation de sous-alimentation et plus de 2 milliards ont souffert d’insécurité alimentaire.
Le constat de l’ONU est clair : la faim est présente partout sur la planète et elle continue d’augmenter.
Le rapport Sofi publié ce jour introduit un nouvel indicateur, celui de « l’Echelle de l’expérience de l’insécurité alimentaire », qui quantifie le nombre de personnes ayant souffert d’insécurité alimentaire aigue ou modérée sur une période donnée.
Pour Valentin Brochard, chargé de plaidoyer Souveraineté alimentaire au CCFD-Terre Solidaire, « cet indicateur donne à voir une réalité trop souvent ignorée. Deux milliards de personnes ont souffert d’insécurité alimentaire en 2018, soit plus d’une plus d’une personne sur quatre au niveau mondial. Une situation qui concerne également 9% de la population européenne. Ces chiffres doivent servir d’électrochoc pour un sursaut politique et citoyen ! »
La faim augmente majoritairement sur le continent africain et en Amérique latine, avec la particularité que la hausse observée depuis quatre ans touche principalement les pays « émergents » et non pas uniquement ceux considérés comme les « moins avancés ». Ainsi, 57% des pays ayant connu une hausse de la faim sont des pays à revenus modérés.
Cette situation est le résultat de l’essoufflement de la croissance économique de ces pays, principalement liée à leur dépendance aux marchés agricoles internationaux.
Paradoxalement, la mondialisation de nos systèmes alimentaires et la libéralisation du commerce agricole international sont en effet des facteurs clés qui expliquent la hausse de la faim dans le monde.
Ce constat, dénoncé et documenté régulièrement par le CCFD-Terre Solidaire, ses partenaires et ses alliés, démontre l’urgence économique de repenser nos systèmes alimentaires et agricoles.
Cette nouvelle étude n’est pas la première à tirer la sonnette d’alarme. Elle vient conclure une trilogie de rapports de l’ONU documentant les causes structurelles de la faim. Chaque publication pointe du doigt l’incapacité du modèle alimentaire agroindustriel à nourrir durablement une population mondiale en pleine croissance. A l’urgence sociale des conflits (rapport de 2017) et à l’urgence climatique (rapport de 2018), s’ajoute donc désormais l’urgence économique de repenser notre approche.
Les conclusions de l’ONU seront-elles entendues ? L’actualité estivale, ponctuée d’accords de libre-échange, peut nous en faire douter. Face à l’incohérence de son approche sur le sujet, la France doit faire des choix.
Il y a d’un côté une politique française de développement qui vise à promouvoir l’agroécologie et l’agriculture familiale et de l’autre une réalité constituée de pratiques commerciales qui favorisent les exportations alimentaires et déstabilisent les marchés du Sud.
La France se caractérise également par son soutien sans faille aux investissements à l’étranger de ses multinationales agricoles, dont les impacts négatifs, tant environnementaux que sociaux, sont aujourd’hui largement documentés.
Le CCFD-Terre Solidaire milite aujourd’hui pour que la future « loi française sur le développement et la solidarité internationale » (LOPDSI), en cours d’élaboration, garantisse la cohérence entre les politiques et les pratiques françaises ayant un impact sur la sécurité alimentaire des populations du Sud.
« Les voix citoyennes s’élèvent, au Nord comme au Sud, pour appeler à un changement en profondeur de nos systèmes agricoles et alimentaires. Quelle logique y a-t-il à continuer à promouvoir un modèle agricole et alimentaire à bout de souffle et dont les impacts sociaux, économiques et environnementaux contribuent directement à la hausse de la faim? », conclut Valentin Brochard.
Consultez notre infographie pour mieux comprendre la faim dans le monde :
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Sophie Rebours : 01 44 82 80 64 ; 07 61 37 38 65 – s.rebours@ccfd-terresolidaire.org
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