Soutenu par le CDC, l'atelier des forgerons situé dans la banlieue de Baucau, où l’on fabrique des égrainoirs à maïs.

Soutenu par le CDC, l'atelier des forgerons situé dans la banlieue de Baucau, où l’on fabrique des égrainoirs à maïs.

Formation à l’auto-entreprenariat

Publié le 23.06.2010| Mis à jour le 08.12.2021

Huit ans après l’indépendance du Timor-Leste, les conditions de vie de cette ancienne colonie portugaise n’ont guère évolué. Les emplois sont concentrés dans l’agriculture et l’industrie mais restent faiblement développées. C’est l’un des pays les plus pauvres d’Asie où le salaire moyen est de 0,50 $ par jour. Le CCFD-Terre Solidaire appuie le CDC dans son travail pour l’insertion professionnelle des timorais.


Entretien avec Joao Pinto et Simao da Costa, respectivement directeur et chargé de projets au Centro de desenvolvimento comunitario (CDC), le Centre de développement communautaire, Ong situé à Baucau sur la côte Nord du Timor-Leste. Le CCFD-Terre Solidaire soutient le CDC depuis 1999. « Transformer les plus DÉFAVORISÉS en entrepreneurs »

Quel est aujourd’hui le contexte socio-économique dans lequel intervient le Centre de développement communautaire ?

Simao da Costa :
Huit ans après l’indépendance, les conditions de vie de ceux qui vivent en zones rurales, qui représentent quand même 86 % de la population, selon les chiffres du gouvernement, n’ont guère évolué. D’après ce que nous voyons sur le terrain, la grande majorité d’entre eux n’arrivent même pas à gagner 0,50 $ par jour. 

Joao Pinto :
Au niveau de notre district [Ndlr : équivalent de nos départements], il n’y a pour l’instant aucune sorte d’industrie et très peu de créations d’emplois. Les seules perspectives de travail possibles sont dans les administrations ou dans des ONG. La plupart des gens restent donc chez eux.

Quel est le but du CDC ?

Joao Pinto :
L’idée du CDC est d’aider l’insertion des Timorais dans le tissu économique naissant et de participer au développement socio-économique du pays. Souvent sans formation, ni moyens financiers, ces populations défavorisées mais très motivées peuvent ainsi créer leur entreprise .

Comment vous y prenez-vous ?

Joao Pinto :
Nous identifions d’abord clairement un groupe (intéressé par des activités de production) et, ensuite, nous lui apportons les compétences techniques en matière de production, de marketing, de calculs des coûts, de comptabilité, d’organisation, de formation de cadres et de communication… Lorsque nous travaillons avec des agriculteurs, nous les formons aussi à la production de compost, à la gestion des terres, à l’arboriculture et à la prévention des maladies des arbres ou des fruits. Le CDC et le groupe élaborent enfin une stratégie afin de permettre une meilleur distribution des produits au niveau régional et national.

Combien de personnes bénéficient aujourd’hui de ces différentes activités ?

Simao da Costa :
Officiellement, 150. Mais il ne faut pas oublier qu’une famille timoraise « traditionnelle » comprend entre 7 et 10 personnes. D’autres part, chaque groupe d’auto entrepreneur du CDC crée aussi indirectement plusieurs emplois et contribue ainsi à sa manière à faire baisser le chômage. Par exemple, un groupe d’agriculteurs s’est constitué pour cultiver des ananas qui seront transformés en confiture par les femmes du village. Autre exemple, quelques voisins d’un atelier de forgerons se sont mis à la production de charbon de bois et d’autres se chargent de la récupération de ferraille abandonnée (matière première).

Quel est l’impact de ces entreprises sur la vie locale ?

Joao Pinto :
Ces activités ont un impact évident sur la communauté. Car tout cela se transforme en revenus réguliers pour les familles, pour les villages, voire le district. Cet argent servira à améliorer la qualité des repas, à se soigner, à mieux s’habiller, à payer la scolarité des enfants… Les femmes quant à elles, restaient souvent à la maison, avaient peur d’aller en ville et estimaient ne rien savoir faire. Aujourd’hui, elles sont intégrées. Et même si certains villageois regardent parfois d’un mauvais œil ces changements, l’idée d’égalité des sexes fait ainsi petit à petit son chemin.

Propos recueillis par Patrick Chesnet

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