Gracita Osias Saint Louis, la nouvelle chargée des programmes de l’Institut de Technologie et d’Animation (ITECA)
Le tremblement de terre, Gracita en vit les conséquences au quotidien. Depuis ce fameux 12 janvier 2010, elle réside cinq jours par semaine, sur son lieu de travail à Gressier, à quelques heures d’embouteillages de Port-au-Prince. Cet exil hebdomadaire forcé est dû à la destruction du siège d’ITECA dans le centre ville de Port au Prince. Cela fait 5 ans qu’elle travaille pour cette association :
« Avant, je pouvais rentrer chez moi tous les soirs. Maintenant, c’est trop loin. Je dois avouer que ça commence à être un peu fatigant ». Heureusement sa famille n’a pas été touchée, « même si nous avons vécu à 20 personnes au lieu de 5 pendant plusieurs mois ».
Quand elle raconte son histoire, on comprend mieux d’où vient cette envie de revaloriser les belles terres d’Haïti. Les racines de son engagement citoyen se trouvent à Jeanrabel, une petite commune rurale du Nord-Ouest du pays. Jeune institutrice, elle passe ses étés à apprendre à lire et à écrire aux femmes analphabètes de la région. « Je suis formée à travailler avec les paysans, je m’y sens à ma place, et j’aime ce métier. Quand on travaille avec ces femmes, on se rend compte qu’elles manquent de confiance en elles. Notre rôle est de les aider à prendre la parole et à vaincre leur timidité au sein de la communauté ».
C’est cette expertise qui attirera l’attention d’ITECA et lui fera rejoindre l’équipe en 2006, pour travailler avec les femmes paysannes. Le CCFD-Terre Solidaire soutient le travail de cette association depuis de longues années. Fin 2088, il a renforcé les moyens pour permettre le développement des cultures maraichères. « C’est un travail long et difficile, car il nous faut faire évoluer les mentalités ». Pas évident, en effet, de convaincre les agriculteurs de cultiver des semences fournies à des tarifs très avantageux, lorsqu’on peut les revendre trois fois le prix en ville. De la même manière, il a fallu de longues heures de négociations pour pousser les paysans du Gros-Morne à intégrer la Coopérative de Producteurs de la filière Mangue, un autre projet appuyé par le CCFD-Terre Solidaire. Le défi : leur faire accepter les principes de production nécessaires pour investir un marché juteux mais exigeant : celui des Etats-Unis. « Mais aujourd’hui je me réjouis de voir que ce projet avance bien » glisse-t-elle fièrement d’une voix douce et rassurante.
Pour faire évoluer les mentalités, l’éducation, est au cœur du combat de Gracita, elle s’emporte sur la politique d’éducation de l’Etat haïtien. « On apprend à lire et écrire avec des livres importés de France, du Canada et des Etats-Unis. Résultat, les enfants ne savent même plus identifier l’arbre qui se trouve au bord de la route ». Elle-même le reconnaît, « si on m’avait appris enfant à améliorer les techniques agricoles utilisées par mes parents, j’aurai peut-être réussi à monter un petit business de poules, de cabris ou de chevaux et je n’aurai pas eu besoin d’aller chercher du travail ailleurs. Mais de nos jours, on apprend aux enfants à mépriser le monde paysan ». Les jeunes ruraux rejoignent donc la capitale haïtienne dans l’espoir d’y trouver du travail, sur un marché saturé. « Il faut absolument décentraliser le pays, et faire revivre notre campagne », c’est l’une des priorité d’ITECA pour les années à venir.
Gracita l’avoue, elle « s’est un peu assagie avec le temps » et « ne s’énerve plus comme avant ». « Je dois garder mon sang froid, faire ce que je peux et attendre que la situation s’améliore ». Avant de reprendre : « mais il est temps que les Haïtiens s’y mettent tous ensemble, pour sortir le pays de ce chaos ».
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