Grande Médaille de Vermeil de la Ville de Paris

Publié le 21.03.2011

Paris, le 21 mars 2011

Etaient présents : François Chérèque (CFDT), Patrick Peugeot (CIMADE), Annick Coupé (Union syndicale Solidaires), Agnès Naton (CGT) François Soulages  (Secours Catholique), Jean-Marie Fardeau (Human Right Watch), Philippe Bancon (Scouts et Guides de France), Bernd Nilles (CIDSE), Mehdi Driss (FAO), Miguel Angel Estrella (Pianiste, Ambassadeur d’Argentine à l’UNESCO), Patrick Viveret (Philosophe), Nathalie Père-Marzano (Crid), Daniel Verger (Coordination Sud), Jean-Louis Vielajus (CFSI), Elena Lasida (Justice et Paix France), Gildas KERHUEL (Conférence des Evêques de France), Emma Mongbo (SINDO)…

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Discours de Guy Aurenche, Président du CCFD-Terre Solidaire à l’occasion de la remise de la Grande Médaille de Vermeil de la Ville de Paris :

«  Le CCFD-Terre Solidaire est très ému de l’honneur que lui fait la Ville de Paris en lui remettant la Grande Médaille de Vermeil.

Vous devinez, Monsieur le Maire, Mesdames, Messieurs, que la course aux médailles ne fait pas partie des objectifs du CCFD-Terre Solidaire… à une exception près : la médaille de la  Solidarité pour construire un monde plus humain.

Oui, nous sommes émus, et nous vous sommes très reconnaissants, Monsieur le Maire, d’avoir associé la Ville de Paris à la commémoration des 50 ans de la naissance du CCFD-Terre Solidaire, d’une manière aussi visible et j’ose le dire aussi cordiale.

La solidarité est d’abord affaire de cœur et d’intelligence. Aussi ce soir nous faut-il saluer le cœur et l’intelligence des populations du bassin méditerranéen, tout spécialement de la jeunesse qui nous dit la force de la révolte contre l’humiliation. Oui, résistants et combattants de Lybie , vous que le monde puissant et craintif semble abandonner, nous saluons votre courage.

Saluer le cœur et l’intelligence, tout spécialement des femmes qui, sur tous les continents disent la force de la vie et réveillent nos torpeurs installées.

Saluer le cœur et l’intelligence de tous les emprisonnés pour leurs idées, des otages et des victimes des répressions, qui réaffirment le primat de la conscience.

Saluer le cœur et l’intelligence du peuple japonais frappé si fortement.

Alors sachez qu’à travers moi s’expriment des milliers de partenaires du Sud – plusieurs sont ici présents ce soir. Ils viennent de tous les continents. Chacun nous dit l’espérance, avec son propre accent.
S’expriment aussi des milliers de membres actifs dans le réseau CCFD-Terre solidaire en France, des militants des Mouvements et Services bien vivants dans l’Église catholique de France, et des dizaines de mouvements et organismes alliés qui, ici en France, sont nos compagnons de réflexion et d’action.

Certains ont pu se joindre à nous ce soir et je les en remercie vivement. Ils viennent du monde associatif, du monde de l’action sociale, de l’action syndicale, de l’action politique, du monde de la finance aussi, du monde de l’éducation et tout spécialement de l’éducation populaire, du monde de la presse et des médias, du monde des religions… Il est précieux pour le CCFD-Terre Solidaire de travailler en communion de pensée avec des courants très divers dans la société française.

La solidarité internationale qui est notre mission, nous l’exerçons dans un contexte de mondialisation violente et destructrice .Début 2011 le philosophe Edgar Morin écrivait : « La mondialisation, loin de revigorer un humanisme planétaire, favorise au contraire le cosmopolitisme abstrait du business et les retours aux particularismes clos dans le sens où ils s’abstraient du destin collectif de l’humanité. »
Avec 50 ans d’actions modestes mais tenaces, le CCFD-Terre solidaire a décidé de réagir contre une telle menace.

C’est pourquoi la solidarité est aussi pour nous une affaire politique.

Oui, Monsieur le Maire, le CCFD-Terre Solidaire agit en politique… et c’est pourquoi il est très heureux d’être ici, ce soir, dans la Maison commune, où des hommes et des femmes de courants et de partis différents ont décidé de relever le défi politique, c’est-à-dire de construire la cité.

Le CCFD-Terre Solidaire agit en politique lorsqu’il affirme qu’un monde qui plonge plus d’un milliard d’êtres humains dans la faim n’est pas acceptable. C’est pourquoi nous accompagnons des groupes de paysans à travers des dizaines de projets. N’oublions pas que ce sont les populations paysannes qui souffrent le plus de la faim !

Il agit en politique lorsqu’il décide  au-delà des différences de culture, d’idéologie ou de religion, de faire alliance avec des milliers de partenaires, qui sont nos maîtres dans le domaine du courage, de l’inventivité et de l’espérance. C’est pourquoi nous accompagnons des groupes de femmes en Afrique, Asie, Amérique du sud, et des groupes syndicaux ou associatifs qui forment des citoyens, citoyennes conscients et critiques.

De même, agissons-nous en politique lorsqu’avec de nombreux collectifs, nous pensons devoir influencer les décideurs politiques, économiques, financiers et culturels. C’est pourquoi , avec la SIDI, nous travaillons pour permettre aux plus défavorisés d’avoir accès aux circuits financiers.

Parce que les populations du Sud nous le demandent, …

Nous ne renonçons pas à dire que l’agriculture est d’abord faite pour nourrir les populations avant de produire des superprofits.

Nous ne renonçons pas à affirmer que d’autres modes de gouvernance mondiale doivent donner leur place à ceux que les puissants ne veulent pas trop entendre.

Nous ne renonçons pas à dire que le scandale des Biens Mal Acquis doit être dénoncé car il appauvrit les plus pauvres. Que les Paradis fiscaux, ou autres officines doivent s’ouvrir à l’exigence de la transparence.

Nous ne renonçons pas à penser qu’ici en France et à travers le monde, la Société civile à toute sa place dans le processus politique. Sa place originale… il ne s’agit pas de prendre la place des élus ni des responsables politiques. Il convient d’agir en complémentarité.
Oui, le CCFD-Terre Solidaire est heureux d’être là, ici ce soir, et d’agir en politique.

Le CCFD-Terre Solidaire est aussi heureux que la Mairie de Paris ait souhaité associer la vie de Philippe Farine, à cette rencontre. Vous avez souligné le poids, le prix, le souffle que Philippe Farine  transmettait, par ses passions, souvent dérangeantes, par son intelligence constructive et pragmatique , par sa fidélité à la justice sociale et à ce que l’enseignement social de l’Église catholique tire, depuis des siècles, de la Bonne Nouvelle chrétienne.

Nous voulons dire, et redire, le prix de l’action de chacun, chacune.

Au cœur des processus complexes qui dominent l’économie mondiale, nous risquons, et la peur gagne souvent nos sociétés riches, nous risquons de penser que l’engagement individuel ne peut rien faire. Philippe Farine et bien d’autres femmes et hommes qui furent depuis 50 ans des semeurs d’espérance au CCFD-Terre Solidaire, nous redisent l’importance, parfois le rôle déterminant qu’un homme, une femme, pas toujours celui ni celle que l’on attendait, peut jouer. Oui il est des personnes qui, dans leur famille, dans leur parti, dans leur ville ou village ont su orienter le cours de la vie sociale vers la justice.

Puis-je, pour terminer, souligner la place des convictions, dans tout processus de développement.

Il est un psaume (n° 8) dans la Bible qui interroge : « Qu’est-ce que l’homme, que tu en prennes souci… ? »
Aucun décideur, aucun militant ne peut éluder la question sans prendre le risque de devenir un rouage technocratique dans des processus non maîtrisés. Qui est cet homme que tu en prennes souci ? C’est le temps des convictions ! Non pas des dogmes qui conduisent aux bûchers. Non pas des diktats idéologiques qui mènent au poteau d’exécution ou à la déshumanisation. Non pas des réponses simplistes et paresseuses qui font le lit de tous les intégrismes et de tous les extrémismes.

Qu’est-ce que la dignité de la personne proclamée par la Dynamique des droits humains ? D’où vient à l’Homme son goût de l’autre et son besoin, parfois douloureux, de vivre en relations ? Pourquoi l’amour et la quête de justice n’ont-ils pas, quoiqu’en disent les cyniques, déserté le cœur des humains ni des sociétés, même au XXIème siècle ?

Ne craignez rien, Monsieur le Maire, Cher(e)s Ami(e)s, je ne tenterai pas de répondre, ni même d’ouvrir le débat ici, ce soir.

La diversité des personnes ici présentes autour de nous, est déjà à elle seule une réponse.

Sans doute est-ce l’expérience qu’Albert Camus faisait de cette diversité qui lui permettait d’écrire en 1944 : «  Et moi, refusant d’admettre ce désespoir et ce monde torturé, je voulais seulement que les hommes retrouvent leur solidarité pour entrer en lutte contre leur destin révoltant ».

Sans doute est-ce la profondeur du partage des convictions différentes qui permet au texte biblique de parler de l’homme comme d’« une pure merveille … dont le nom est inscrit dans la paume de la main de Dieu lui-même ».

Le débat des convictions est une richesse dont le CCFD-Terre Solidaire vit depuis 50 ans.

Merci à vous, Monsieur le Maire, Mesdames, Messieurs, Chers Amis, de nous avoir permis de manifester ce soir la richesse des convictions et des espoirs partagés. Nous recevons cette médaille comme un cadeau, une invitation, une exigence pour les 50 années à venir.  »

Guy Aurenche, le 17 mars 2011
Président du CCFD-Terre Solidaire

Discours de Guy Aurenche (vidéo)

Discours de Bertrand Delanoë (vidéo)

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