Haïti
Données sur l’agriculture et la crise alimentaire

Publié le 25.04.2008| Mis à jour le 08.12.2021

Les Programmes d’Ajustement Structurels

En 1986 et 1996, Haïti s’est engagé dans des Programmes d’Ajustement Structurel avec le FMI et la BM.

Quatre grands volets composaient le programme de 1986 : la réforme du système fiscal, un programme de privatisation, une politique monétaire restrictive, et une politique de libéralisation commerciale. Seul ce dernier volet a été pleinement appliqué.

Haïti devait alors réduire ses tarifs douaniers sur les produits importés. Et en effet, en 1987, le gouvernement a procédé à ces réductions sur un ensemble de produit dont le riz et le lait.
Les quantités de riz importé ont ainsi fortement augmenté : elles ont été multipliées par 28 entre 1984 et 1994. (de 5000 Mt à 140 000 Mt) et par plus de 50 entre 1984 et 2004 (de 5000 Mt à 276 010 Mt).

Le gouvernement rétabli en 1994 a décidé de poursuivre dans la dynamique de libéralisation, sans évaluer le précédent PAS. Le PAS de 1996 a donc renforcé cette libéralisation commerciale, procédant à nouveau à une nette diminution des tarifs douaniers par rapport au niveau de 1986-1987.  

Suite à la suppression des barrières douanières, le marché haïtien a vu déferler de nombreux produits importés, concurrençant alors fortement la production locale et entraînant une baisse considérable des exportations agricoles.
Le cas du riz montre bien cette chute de la production agricole locale. En 1990, Haïti était presque autosuffisant pour son approvisionnement en riz. Mais la production locale s’est aujourd’hui effondrée (divisée par 2) face aux importations de riz américain à bas prix. Le pays est alors devenu dépendant des importations alimentaires.
Entre 92 et 2000, les importations de produits alimentaires ont ainsi doublé et les programmes d’aide alimentaire ont fortement augmenté leur distribution (le programme USAID est passé de 350 000 à 1.3 millions de personnes bénéficiaires).

Les politiques agricoles

A partir de 1986, plusieurs commissions ont été mises en place afin de mettre au point une réforme agraire. Un rapport a finalement été remis en 1992 ; cependant, aucune mesure concrète n’a suivi.
Il n’y a pas aujourd’hui en Haïti de réelle politique agricole destinée à améliorer les conditions de vie de la population locale. L’ouverture commerciale entamée depuis le début des années 1980 a entraîné une forte déstabilisation de la production agricole nationale et un appauvrissement des masses rurales.
De plus est à souligner la tendance de l’Etat haïtien à financer des cultures de rente plutôt que les exploitations familiales orientées vers la production vivrière.

Autres éléments

A cette libéralisation poussée à partir des années 1980 et le manque de politique agricole engagée par le gouvernement haïtien s’ajoutent d’autres problèmes pour le milieu rural.
Ainsi, la sécurité de la terre n’est pas assurée, les paysans ne veulent alors pas investir sur des terres pouvant leur être disputées. De plus, les paysans vivent en situation de sevrage, les obligeant à restituer la majeure partie de leur récolte au propriétaire. Le secteur agricole haïtien est également caractérisé par un important sous-équipement des paysans (pas de mécanisation de l’agriculture) et un manque d’irrigation.
Enfin, il faut souligner la complète absence de l’Etat haïtien en milieu rural (aucun service publique, pas de police, une éducation à 85% privée).


Statistiques :

Population totale : 8.5 millions habitants (2004).
Dont  population rurale : 62% (76% en 1979-1981)

80% de la population rurale haïtienne vit en dessous du seuil de pauvreté.

  • Part du secteur agricole dans le PIB  :        
    • 1995 : 45.6%     (PIB 1995 : 3 000 millions $)
    • 2002 : 29.25%    (PIB 2002 : 3 500 millions $)
    • 2006 : 27%        (PIB 2006 : 4 244 millions $)

    Paradoxe : alors que ce secteur ne représente que 27% du PIB, il emploie pourtant 60% de la population active…

Exportations totales / Exportations agricoles  :

  • 1979/1981 : 176,4 millions de $ /     70.9 millions de $
  • 2004 : 391 millions de $ /    19.9 millions de $

– Importations totales / Importations agricoles  :

  • 1979/1981 : 356.1 millions $ /    113.2 millions $
  • 2004 :1306 millions de $ /    469.5 millions $

Les importations, qui représentent plus de 60% des flux commerciaux, ont ainsi été quadruplées en vingt ans.

– Balance du commerce agricole (en millions de $) :

  • 1979-1981 :- 42.3
  • 2004 : – 449.6

  • Indice de production net par capita
    Exemple céréales : L’indice de production net par capita est passé de 124.7 (kg par an) en 1997 à 87.9 en 2004.
  • Haïti importe aujourd’hui près de 55% de ses besoins alimentaires .
    L’aide alimentaire représente à elle seule 28.3% de l’ensemble des importations.


Actions des partenaires du CCFD sur le terrain :

– KNPF (Conseil National de Financement Populaire) :
atelier de financement du monde rural, création d’un institut mobile de formation, atelier sur le financement décentralisé, plaidoyer pour la mise en place de lois agricoles.

– Concert’Action :
Programmes hydrauliques et agricoles, maraïchage, élevage, structuration du milieu paysan, inginerie sociale.

  • FONHSUD :
    Appui technique et financier à des groupements de paysans, initiatives pour une économie solidaire (mutuelle de solidarité).

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