Hommage à Fred Martinache, Secrétaire général du CCFD de1964 à 1974

Publié le 11.01.2013

Très jeune, Fred était un animateur en sa région natale, les corons situés autour de Lens dans le Pas-de-Calais. Dès son entrée en JOC, il s’est intéressé à l’enfance populaire. C’étaient des gosses d’un quartier qui se retrouvaient naturellement guidé par l’un d’entre eux. Fred les suivait pour parler de la préparation à la vie, au travail, à l’amour bref à la vie qui les attendait.


L’éducation populaire, celle qui est capable de forger le raisonnement, de critiquer, de pratiquer la citoyenneté dans les fonctions sociales, d’acquérir les valeurs morales était ancrée en lui et il la rayonnait. Représentant la JOCI à l’UNESCO, il a acquis rapidement une influence importante auprès de cette institution des Nations Unies dédiée à la science et à la culture. Cette responsabilité lui a fait comprendre l’importance de la culture dans le processus du développement.

La création du Centre de Formation et d’Echanges Internationaux (CFEI) a été possible grâce à l’ouverture de la JOC de l’époque et à la clairvoyance de Fred, y compris pour trouver sur la durée les financements.

Au CCFD, il est arrivé en 1964, après avoir été de ce petit groupe de Mouvements d’Eglise qui réfléchissait depuis 1960 pour la création d’un organisme tourné vers le Tiers-monde. Comme tous les dirigeants de l’époque, il était porteur d’une forte expérience par l’engagement dans la société et dans l’église. Il a formé un tandem formidable avec Philippe Farine, le premier président laïc du CCFD qui venait des secrétariats sociaux et de l’engagement politique. Philippe Farine était le plus jeune député de la Constituante en 1945, convaincu et flamboyant comme un méridional. Philippe a trouvé en Fred l’homme du Nord, convaincu, organisé, persévérant, sachant que sans secrétariat fort, la collégialité naissante des mouvements d’action catholique et services d’églises, auraient du mal à travailler ensemble. Pari réussi avec l’aide du Père Giraud, aumônier, et de Monseigneur Ménager qui a convaincu les évêques de soutenir la croissance de cette collégialité de laïcs, au-delà d’une campagne d’année non renouvelable, prévue au départ. Fred a également été le premier président laïc de la CIDSE. En 1999, cette organisation internationale regroupant des ONG catholiques de développement a fêté ses 30 années d’existence et il avait rappelé à cette occasion que « la rigueur nécessaire pour construire des institutions ne saurait supprimer le cœur, l’amitié, la dimension humaine et spirituelle ».

Plaidant pour qu’on écrive l’histoire de la CIDSE, qui comprend aussi en grande partie celle du CCFD, Fred disait « les laïcs qui dès le point de départ se sont engagés dans les organismes nationaux, n’étaient ni des fonctionnaires d’église, ni des technocrates. Ils venaient d’engagements dans les réalités de leurs pays : mouvement de jeunesse, d’éducation, syndicat, partis politique…. ».

C’est Monsieur Sen d’Inde, premier directeur général de la FAO venant du Tiers-monde, qui a perçu ce bouillonnement associatif, cette capacité créative, et qui a lancé le premier appel contre la faim. Jean XXIII a prolongé et élargi cet appel auprès des catholiques. Cette période enthousiasmante a permis de lier l’action à la base, l’action nationale et internationale avec la décolonisation, la grande vitalité des mouvements d’action catholique et services d’église et l’esprit du concile Vatican II. C’est aussi en ces moments particuliers que se révèlent certains hommes et femmes, Fred était de ceux là.

On peut également garder de lui ce que vient d’écrire Michel Wagner. « Tant de liens nous ont unis pendant ces années entre le CCFD et la Cimade. Je ne suis pas prêt d’oublier l’équipe que nous formions avec Philippe Farine, Fred, Jacky Fabre et toi, dans ce printemps conciliaire ».
Fred a ensuite été responsable du Centre des OIC à Genève où il a aidé le CCFD à entrer pleinement en lien avec les organisations des Nations Unies, plus particulièrement la CNUCED qui respirait encore l’air insufflé par des hommes comme Che Guevara et le Père Lebret. Gabriel Arnaud a décrit ces beaux moments. Des personnalités, comme Stéphane Hessel et Eric Sottas, ont aidé le CCFD et la CIDSE, à prendre toute leur place dans la vie internationale, sans oublier d’où nous venions et qui nous étions.

C’est au Centre Lebret que Fred a terminé sa vie professionnelle. On sentait, qu’en lien avec ses trois enfants, il restait ce gars, né parmi les mineurs, et devenu citoyen du monde et frère en Jésus Christ.
Merci Fred et Adieu.

Ménotti Bottazzi,
Secrétaire général du CCFD de 1975 à 1983

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