Iddirs, organisations communautaires génératrices de revenus

Publié le 06.02.2012

Améliorer les moyens de subsistance des plus vulnérables en pariant sur les iddirs, ces associations qui couvrent les frais de funérailles, comme vecteurs de développement était loin d’être évident il y a quinze ans, lorsqu’ACORD, partenaire du CCFD-Terre Solidaire démarrait ses projets en zone urbaine. Rencontre avec certains de leurs membres dont la vie a changé grâce au micro-crédit.


Addis Abeba, janvier 2012

Historiquement et traditionnellement formées pour couvrir les frais des funérailles et accompagner les familles dans leur deuil, les iddirs restent des associations incontournables du paysage social éthiopien. Organisations communautaires de base par excellence – créées dit-on, par les artisans Guragué amenés par l’empereur Ménélik à la cour d’Addis Abeba au début du XXème siècle – ACORD travaille en étroite collaboration avec les idirrs en soutenant leur développement organisationnel tout en donnant le coup de pouce financier nécessaire au démarrage d’activités génératrices de revenus.

« Les iddirs ont bien plus à donner et servir leurs membres avant leur mort plutôt qu’après » résume Abdi Adem qui coordonne l’un des trois projets de réduction de la pauvreté à Addis Abeba. Entre autres réalisations d’Addis Fana qui regroupe 17 iddirs (soit 628 membres dont 530 femmes) du quartier « Fransaï legassion », la construction d’une meulerie. « Grâce à la collaboration des autorités locales qui ont donné le terrain et les matériaux et avec qui nous avons pavé le chemin » explique Laka, militaire à la retraite, trésorier d’Addis Fana et membre du comité d’achat des céréales, « nous achetons en coopérative les céréales, les moulons dans de bonnes conditions. » Il ajoute que « désormais, beaucoup de nos membres fabriquent leur injera (galette de teff, une céréale endémique qui constitue l’aliment de base des Ethiopiens) et les vendent ».

A l’instar du lieutenant Laka, Zinash Wolde, trésorière d’une autre iddir, a suivi une formation de comptabilité et elle, s’est mise à son compte. « J’ai emprunté 5000 birrs » explique-t-elle et « j’ai ouvert avec mon mari un petit magasin de maroquinerie qui rapporte en moyenne 3000 birrs par mois[[A titre de comparaison, une secrétaire de mairie touche 900 birrs par mois Guylaine Saffrais]] ». D’autres élèvent des bovins et vendent leur production laitière ou encore, ont pu construire une maison dont ils louent les différentes pièces. Tous cotisent un minimum de 5 birrs par mois et aujourd’hui, la plupart des iddirs ont triplé leur capital initial couramment réinvesti dans l’achat d’actions de nouvelles banques et entreprises éthiopiennes.

Acteurs de la démocratie locale

Après avoir réussi à intégrer un agenda économique à la mission sociale des iddirs, ACORD peut se réjouir aujourd’hui d’être parvenu à créer un pont entre ces associations populaires, l’Etat et les différents acteurs du développement qui désormais,  écoutent les iddirs, les consultent et les intègrent dans la mise en place de leurs politiques de développement et de gouvernance locale. Plus qu’un canal pour réaliser des projets, les iddirs sont devenus des partenaires du changement.

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