Implications du conflit séparatiste d’Aceh pour les opérations de secours en Indonésie

Publié le 10.01.2005| Mis à jour le 08.12.2021

En Indonésie, le séisme et le raz-de-marée du 26 décembre 2004 a touché Aceh au nord de Sumatra, une zone déchirée par l’affrontement entre les rebelles indépendantistes du Gerakan Aceh Merdeka (GAM, Mouvement de libération d’Aceh) et l’armée indonésienne.


Face à l’ampleur de la catastrophe (plus de 100 000 morts dans la zone), les deux parties au conflit ont semblé cesser leurs activités temporairement pour venir en aide aux victimes du tsunami. Le 27 décembre, le GAM a ainsi prononcé un cessez-le-feu unilatéral, alors que l’armée indonésienne s’est lancée dans des actions de secours d’urgence. Le secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, et le secrétaire d’Etat américain, Colin Powell, ont alors appelé à ce que la trêve et la collaboration dans les secours conduise les belligérants à poursuivre cet effort dans un processus de paix.

Toutefois, les déclarations des ONG indonésiennes de défense des droits de l’homme laissent au contraire entrevoir que la situation actuelle pourrait mener à une montée des tensions dans la région. Tout d’abord, l’état d’urgence, prolongé pour 6 mois en novembre dernier par le président Susilo Bambang Yudhoyono, n’a pas été levé, ce qui prouve que le gouvernement considère toujours la rébellion indépendantiste comme une menace. De plus, l’armée indonésienne a mis en garde les organisations humanitaires que des membres du GAM étaient en train d’essayer de s’infiltrer dans les camps de secours pour s’y approvisionner en nourriture.

On craint également que le renforcement de la présence de l’armée à Aceh (on attend 15 000 soldats supplémentaires pour prêter main forte aux 40 000 déjà sur place) ne profite pas qu’aux opérations de secours, mais également à la lutte contre les indépendantistes. Le lieutenant colonel DJ Nachrowi a ainsi rappelé à la presse le 6 janvier que l’armée n’abandonnerait pas son rôle de maintien de la sécurité et poursuivrait les raids contre le GAM, à moins que le président ne lève par décret l’état d’urgence. De leur côté, les rebelles du GAM semblent rester actifs, puisque la maison du responsable régional de la police a été attaquée à Banda Aceh le 9 janvier. Enfin, la présence croissante de troupes américaines et australiennes sur le sol indonésien pourrait augmenter la virulence des rebelles armés.

Comme le tsunami pourrait finalement conduire à une détérioration de la situation politique à Aceh, le conflit déjà existant entre les militaires indonésiens et le GAM nuit à l’efficacité des secours. En effet, l’état d’urgence dans la région empêche les secours de circuler librement dans les zones sinistrées, et le gouvernement a tardé à ouvrir Aceh aux organisations étrangères. C’est actuellement la zone la moins avancée dans les opérations de secours en Asie. Ceci complique donc la tâche des secours, qui ne sont pas complètement libres de leurs mouvements.

L’East Timor Action Network (ETAN, Réseau d’Action du Timor Oriental), basé à New York, a par ailleurs appelé les organisations et agences internationales d’aide à collaborer activement avec les ONG locales, qui ont été exclues des opérations par le gouvernement et l’armée. Selon ETAN, les organisations locales ont dû fuir Aceh après l’imposition de la loi martiale en mai 2003 (remplacée par un décret d’état d’urgence en 2004), et craignent de revenir dans une zone contrôlée par les militaires. La plupart des gens reconnaissent que c’est l’armée indonésienne qui est la plus à même de mener les opérations locales de secours, notamment grâce à ses capacités logistiques ; toutefois une partie de celles-ci sont utilisées pour rechercher les rebelles du GAM et les combattre. Face aux doubles activités des militaires, de nombreux experts internationaux craignent que la neutralité de l’aide humanitaire soit remise en cause, et que la colère des gens contre le gouvernement face à la lenteur des secours ne renforce les tensions à Aceh.

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